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Procès putsch manqué : «Acquittez-les tous !» (Me Orokia Ouattara)

 

Au procès du putsch manqué de septembre 2015, les avocats de la défense tentent toujours de sauver les accusés contre qui pèsent parfois de lourdes réquisitions. Hier 1er juillet 2019, Mes Silvère Kiemtarboumbou et Orokia Ouattara ont plaidé l’acquittement de leurs clients ou, à défaut, un  verdict clément.

 

 

 

 

A l’entame de l’audience, Me Silvère Kiemtarboumbou a poursuivi sa plaidoirie en faveur du caporal Timboué Touandaba, l’un des conducteurs de l’escorte du chef du CND, le général Gilbert Diendéré. Si le parquet souhaite voir condamner le chauffeur de Golf à 25 ans de prison ferme, notamment pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et coups et blessures volontaires, son conseil, lui, plaide sa relaxe pour « infraction non constituée ».

 

L’avocat a également espoir de voir ses autres clients, Minata Guelwaré et le soldat de 1re classe Adama Kaboré, avoir le même sort pour la même raison ou au « bénéfice du doute ». Le second est accusé de s’être rendu au domicile de feu Salifou Diallo et, en ce lieu, d’avoir battu le policier en poste, Yacouba Manli. Un fait, a rappelé son avocat, qu’il n’a jamais reconnu. A l’entendre, Adama Kaboré, que l’accusation souhaite qu’on envoie derrière les barreaux pendant 7 ans, s’est retrouvé au domicile de l’ancien président de l’Assemblée nationale fortuitement. Sur place, il a même menacé les civils qui voulaient s’en prendre au domicile et aux agents. Il est donc illogique, selon le maître de la parole, que ce soit ce dernier qui passe un agent de police à la cordelette.

 

Le parquet militaire reproche à Minata Guelwaré de s’être rendue dans une radio de la place le 16 septembre pour inviter la population à ne pas sortir dans la rue pour faire échec au putsch qui se dessinait. Elle aurait également effectué une mission d’observation au profit de l’ex-RSP et participé à l’incendie de la radio Laafi de Zorgho. Le ministère public a requis contre la militante du CDP, poursuivie pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaire et dégradation volontaire aggravée de biens, 5 ans de prison ferme. Oui,  sa cliente s’est rendue à la radio, a reconnu Me Kiemtarboumbou, mais ce n’était pas pour « démoraliser la population », contrairement à ce que soutient l’accusation, mais parce qu’elle voulait éviter qu’il y ait un carnage comme lors de l’épisode sanglant de l’insurrection d’octobre 2014. « Quel soutien au putsch avec un élément intentionnel peut-on reprocher à Guelwaré ? Qu’est-ce qu’elle a fait de répréhensible ? Le Mouvement pour la rectification de la démocratie dont elle était membre n’était pas un mouvement de soutien au coup d’Etat. Ou bien la politique ne se fait plus quand il y a des troubles ? » a asséné l’avocat qui maintient que l’accusée est poursuivie du seul fait de son activisme politique. Il assure que Dame Guelwaré ne s’est jamais rendue à Zorgho avec des éléments de l’ex-RSP pour réduire au silence la radio Laafi, la preuve de sa présence n’ayant jamais été apportée par le procureur militaire. Au sujet de sa mission d’observation des troupes faisant route vers Ouagadougou, l’avocat soutient qu’elle s’est arrêtée à quelques kilomètres de la capitale. Pour  ce qui est de l’infraction de meurtre il demande également l’acquittement : « Qui a dit que Guelwaré a tué ? Personne, à part le parquet ». Et d’afficher son optimisme au regard de la faiblesse de l’accusation : « Très franchement je n’ai pas peur. Je suis convaincu que vous (Ndlr : le tribunal)  n’allez pas donner raison au parquet militaire ». Pour son dernier mot, Minata Guelwaré a imploré la clémence des juges.

 

 

 

Infraction instantanée

 

 

 

Me Orokia Ouattara défend les intérêts de trois accusés : le  lieutenant Aliou Ghislain Honoré Gorgo,   le 1re classe Lawapan Placide Sow  et  le sergent Yahaya Guiré. « Vous devez les acquitter tous », a-t-elle lancé au tribunal. La raison de cela, selon l’avocate, c’est que l’infraction d’attentat à la sûreté de l’Etat, l’infraction principale pour laquelle ils sont tous poursuivis, est une « infraction instantanée » dont l’élément matériel s’exerce à un instant, même si ses effets peuvent se poursuivre. En clair, ses clients doivent être libérés des liens de l’accusation, car au moment où ils commettaient  les faits pour lesquels ils sont poursuivis, le coup d’Etat était déjà consommé, et l’attentat à la sûreté de l’Etat déjà commis. Ils ne peuvent donc pas être complices, selon son argumentaire, de quelque chose qui est déjà réalisé. Pour en revenir au fait, elle rappelle qu’il est reproché au lieutenant Gorgo, qui était au moment des faits le commandant de la première unité du Groupement des unités d’intervention(GUI), et à l’adjoint du commandant de l’unité, d’avoir uniquement répercuté des ordres de son chef, le commandant Korogo. C’est lui qui a instruit ainsi le lieutenant Boureima Zagré d’occuper la place de la Nation et ensuite de se rendre à la poudrière de Yimdi qui venait d’être attaquée. A en croire l’avocate, son client, contre qui l’accusation a requis  15 mois de prison avec sursis, était opposé au coup d’Etat et l’a même fait savoir au commandant Abdoul Aziz Korogo. Le sergent Yahaya Guiré, que le parquet a demandé de condamner à la même peine, a, lui, effectué une mission de dépannage à la place de la Nation. Au retour, le soldat Abdou Compaoré qu’il remorquait aurait ouvert le feu sur des manifestants. Lawapan Placide Sow a, lui, été suspecté d’avoir été le chauffeur de l’expédition de Zorgho, mais selon son conseil, il n’en était pas et n’a jamais effectué de patrouille au moment des faits.

 

L’audience se poursuit ce matin avec la suite des plaidoiries.

 

 

 

San Evariste Barro

 

Hugues Richard Sama

 

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