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La prorogation de l’état d’urgence votée : La cohésion est de rigueur, même si…

 

Le projet de loi portant prorogation de l’Etat d’urgence proposé par le gouvernement a été voté à l’unanimité par  la 3e session spéciale, qui a clos ses portes hier jeudi 11 juillet 2019 à l’Assemblée nationale. Si la mobilisation pour la reconduction de l’Etat d’urgence a été, une fois de plus, au rendez-vous, il n’empêche que de nombreuses voix se sont interrogées sur les résultats engrangés depuis que la mesure a été instaurée dans les régions en proie à l’insécurité.

 

 

 

 

A partir du 13 juillet 2019 à zéro heure et ce, pendant six mois, l’etat d’urgence sera de nouveau en vigueur dans les 14 provinces réparties dans 6 régions du Burkina Faso. Il s’agit en fait d’une prolongation puisque la même mesure avait été reconduite et devait cesser de produire ses effets le 12 juillet à vingt-quatre heures. En rappel, un article de la loi, qui date de 1959, précise que « l’état d’urgence peut-être déclaré soit en cas de péril imminent résultant d’atteinte grave à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant par leur nature et leur gravité le caractère de calamité publique». Cela fait en effet la 3e fois que cette mesure est votée dans un pays en proie aux attaques terroristes depuis 2015.

 

Durant les débats et avant que le projet ne soit soumis au vote, des députés, notamment ceux de l’opposition, ont regretté l’absence du ministre de la Défense, et de celui de la Sécurité pour répondre aux questions des parlementaires, le gouvernement ayant seulement mandaté le ministre de la Justice, Réné Bagoro,  pour être face aux parlementaires. A écouter la ligne de défense suivante du représentant gouvernemental, il n’y aurait pas de quoi fouetter un chat : « En ma qualité de membre du Conseil supérieur de la Défense nationale, je suis aussi informé ; et il n’est pas sûr que si le ministre de la Défense était présent, il donnerait plus d’informations que celles que je vous ai données… Nous ne pouvons pas étaler sur la place publique et dans tous les détails des informations aussi sensibles. Si on était interpellé par l’Assemblée nationale dans un cadre plus restreint, nous pouvions mieux démontrer qu’il y a eu des résultats ».

 

Des différentes interventions, la plus poignante a été celle d’un député du Sahel, par ailleurs maire de Dori, Aziz Diallo.  Il est revenu sur la situation sécuritaire, très précaire dans sa région, en prenant surtout l’exemple des communes de Gorgadji et d’Arbinda qui sont devenues des contrées totalement abandonnées par l’Etat et les Forces de défense et de sécurité. « A l’Est, on installe des détachements partout et nous, nous sommes abandonnés à notre propre sort. Pourquoi cette disparité ? », s’est-il demandé. Avouons qu’après son intervention, l’atmosphère était pesante. Mieux, le député Yaya Zoungrana, pour sa part, a qualifié  les résultats militaires engrangés pendant l’état d’urgence de vagues et de très légers, et a surtout interpellé le gouvernement sur la situation au Centre-Nord, avec les centaines de milliers de déplacés. Le parlementaire Zilma ira plus loin, avant d’être recadré, quand il fera cette sortie : «On s’en fout des patrouilles…Ce sont les résultats qui comptent».

 

Issa K. Barry

 

Encadré :

 

Les résultats obtenus pendant l’état d’urgence en cours

 

1593 patrouilles effectuées ; 1117 personnes identifiées ; 567 axes routiers et secteurs de résidence visités ; 2160 engins contrôlés ; 297 personnes interpellées ; 04 grandes opérations de ratissage menées ; 05 bases terroristes détruites ; 22 écoles réouvertes ; baisse considérable des attaques contre les positions des FDS et des structures publiques ; des couloirs d’accès possibles au niveau des bandes frontalières identifiées ; de nombreux terroristes neutralisés ; 110 personnes déferrées au parquet du tribunal militaire.

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