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Décès SG du PS sénégalais : Tanor Dieng laisse un champ de ruines derrière lui

Les hommages posthumes aussi dithyrambiques les uns que les autres ne cessent de pleuvoir depuis hier. «Le Sénégal vient de perdre un homme d’Etat d’une dimension exceptionnelle, un exemple d’abnégation, un modèle d’engagement politique », a tout de suite réagi le président Macky Sall.

 

« C’est un homme véridique qui plaçait les intérêts du Sénégal au-dessus de tout », lance de son côté Serigne Mbaye Thiam. «Ce qui revient à mon attention, c’est d’abord son intelligence politique dans la gestion des situations de crise », renchérit pour sa part Idrissa Seck, président du parti Rewmi.Simples envolées lyriques de circonstance dans cette Afrique où il n’est pas bon de polémiquer autour d’un cercueil, ou sentiments sincères ?

Celui qui vient de décéder à 72 ans à Bordeaux fut en tout cas incontestablement l’une des figures marquantes de la scène politique sénégalaise ces 40 dernières années. Diplômé en Droit et en Relation internationale, puis de l’Ecole supérieure des travaux publics, Ousmane Tanor Dieng a d’abord évolué à l’ombre des présidents Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, dont il fut le conseiller diplomatique entre 1978 et 1988, puis ministre avant d’hériter, après le départ de Diouf en 2000, du Parti socialiste, dont il fut membre du Bureau politique national (BPN) dès 1998.

Mais l’alternance démocratique portée par Abdoulaye Wade en 2000 signera le début de la descente aux enfers du PS, dont l’assise électorale se réduira comme peau de chagrin au fil des scrutins. Le natif de Nguéniene, qui prônait « La République des valeurs », avait mordu ainsi la poussière à la présidentielle de 2007, où il est arrivé troisième avec 13,5 % des suffrages exprimés et avait contesté, en vain, la réélection d’Abdoulaye Wade dès le premier tour.

Bis repetita cinq ans plus tard où le Secrétaire général du PS a régressé, se classant quatrième derrière Abdoulaye Wade, Macky Sall et Moustapha Niasse. Il appelle alors ses partisans à voter pour Macky Sall avant de déménager avec armes et bagages dans la nouvelle majorité présidentielle au prix d’une fracture du parti, divisé entre les pro et les anti ralliement.

En intégrant la Coalition Benno Bokk Yaakaar, Tanor voulait sans doute empêcher le PS de sombrer définitivement, mais c’était aussi une façon pour lui, à titre personnel, d’éviter une mort politique certaine. Or c’est un véritable champ de ruines que le président du  Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT) laisse derrière lui, faute d’avoir pu régénérer le vieux parti de Senghor et de passer la main à une nouvelle génération.

Avec seulement 20 députés sur les 150 que compte l’Assemblée nationale et deux maroquins, nombreux d’ailleurs sont ceux qui pensent qu’il a plutôt bradé le PS dans  ce mariage de raison. Et pour la première fois depuis 1960, le parti historique n’a pas été en mesure de présenter un candidat à la présidentielle de février 2019. C’est dire l’étendue du désastre.

 

Aboubacar Dermé 

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