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Bashir Umar : Ce soldat nigérian paragon d’honnêteté

 

Des nombreuses villes africaines que je n’ai pas visitées, Lagos me fascine, tant l’on m’a raconté de surprenantes histoires à son sujet. Quelqu’un qui y a séjourné à plusieurs reprises m’a même assuré qu’un visiteur qui sort indemne de la capitale économique du Nigeria, sans avoir été spolié et arnaqué, se sentira comme poisson dans l’eau dans toutes les autres villes du monde.  Lagos la bouillonnante, Lagos la femme volage a en effet cocufié plus d’un. Dans cette agglomération de plus de 27 millions d’âmes, à l’heure de la prière, les mosquées sont remplies, mais une fois Allah honoré, tous les coups sont permis : violence, arnaques en tous genres peuplent son quotidien. On raconte même qu’à Lagos, tu peux passer la nuit dans ton véhicule couleur bleu nuit acheté la veille et la retrouver toute blanche au petit matin avec de nouveaux documents en sus. Dans les aéroports, il arriverait aussi qu’on retrouve son avion avec une roue en moins.

 

 

Et pourtant, c’est dans cette mégalopole où tous les coups sont permis qu’un fait digne d’être évoqué vient d’avoir lieu. C’est la chaîne BBC qui l’a relaté lors de ses éditions du 22 juillet dernier. La scène a pour théâtre l’aéroport international de cette ville où un soldat, Bashir Umar qu’il s’appelle, qui faisait la patrouille, est tombé sur un colis oublié. Il s’est rendu compte qu’il renfermait un véritable pactole. Il y en avait pour - excusez du peu - 37 000 euros, soit l’équivalent de 14,5 millions de nairas ou encore de 24,2 millions de francs CFA. Les contacts du propriétaire étant heureusement mentionnés au dos, le découvreur de fortune a pris soin de l’appeler pour lui remettre son dû.

 

Avec cette admirable attitude du soldat nigérian, nous revient en mémoire cette mémorable cavale de l’Ivoirien Sia Popo Prosper qui s’est terminée à l’aéroport international de Ouagadougou. Vigile de son état à la BCEAO d’Abidjan, ses malheurs commencèrent quand il eut l’idée, avec des complices, d’organiser le braquage de cette banque le 27 août 2002. Ils disparaissent dans la nature avec plus de 2 milliards. Arrivé à Ouagadougou, via le Ghana et malgré son déguisement, il est confondu par les agents de la police de l’immigration, avec à leur tête le commissaire Ablo (Abdoulaye Traoré), qui restèrent de marbre malgré l’énorme somme d’argent à eux proposée. Il fut remis aux autorités ivoiriennes pieds et poings liés.

 

Revenons à notre héros du jour. Aux dernières nouvelles, l’armée nigériane réfléchirait à la récompense qu’elle doit offrir  à son élément pour son attitude d’honnêteté et de désintéressement. Mais attendons de voir. Dans un pays où la hiérarchie militaire est souvent citée dans des affaires de corruption et où des financements et équipements destinés à lutter contre la secte islamiste disparaissent comme par enchantement, il n’est pas évident que, dans les rangs, il ne s’en trouve pas qui lui en voudraient, arguant qu’il a laissé passer la seule occasion de sa vie d’être riche. Entre nous, à sa place qu’auriez-vous fait ? L’histoire ne dit d’ailleurs pas si l’heureux  proprio du magot lui a aux moins refilé un  pourboire royal.

Issa K. Barry

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