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Congo-Brazzaville : L’or noir va-t-il enfin briller pour tous ?

Pour le Congo de Sassou-Nguesso, l’année 2019 est celle des bonnes nouvelles.

 

Primo : depuis la fin du mois de janvier, le cours du pétrole est dans une tendance à la hausse.

Secundo : le 9 mai, le FMI a annoncé un accord permettant l’éventuel lancement d’un plan de soutien économique consistant en des facilités de crédits.

Tertio : La Société africaine de recherche pétrolière et de distribution (SARPD- Oil) et la Petrolium exploration & production Africa (PEPA) ont annoncé ce 10 août la découverte  d’un nouveau gisement de pétrole au nord du pays dans la région de la Cuvette.

Après les gisements offshore dans l’océan Atlantique, voici celui onshore qui donne un large sourire aux autorités congolaises pour au moins deux raisons : d’un, son exploitation pourrait quadrupler la production actuelle de l’or noir du pays, la faisant passer de 350 000 barils par jour à presque 1 million 340 000 barils ; de deux, la SARPD-Oil et l’entreprise PEPA sont toutes deux dirigées par un homme d’affaires congolais, qui plus est, un proche de Denis Sassou-Nguesso. Voilà pour les bonnes nouvelles, car, dans l’absolu, l’exploitation de ce nouveau gisement devrait renforcer l’indépendance énergétique du Congo tout en augmentant ses recettes dont on sait qu’elles dépendent à 90% des revenus pétroliers.

Concernant  les mauvaises nouvelles, il faut d’abord tendre l’oreille du côté de l’ONG britannique de lutte contre la corruption, Global Witness. Elle a récemment accusé le fils cadet du président Sassou-Nguesso, Denis Christel Sassou-Nguesso, et, au-delà de sa personne, le clan au pouvoir, d’avoir détourné plus de 50 millions de dollars du Trésor public congolais ; ensuite, il faut regarder du côté de Paris où des enquêtes par des juges français sont en cours sur les biens mal acquis du clan Sassou-Nguesso; De quoi troubler, sinon le sommeil en tout cas l’image de la famille Sassou-Nguesso ; enfin à Pékin, les autorités chinoises ne cachent plus leur agacement devant l’énormité de la dette publique du Congo à l’égard de leur pays. Selon certaines estimations, cette dette s’élèverait à 3,15 milliards de dollars, soit 35% de l’endettement total du pays, estimé à 9 milliards de dollars. Et les mauvaises nouvelles sur la dette, abyssale, du Congo vont au-delà de la Chine, car elle était estimée en août 2017 à 120% du PIB. De quoi donner le tournis aux experts du FMI qui conditionnaient en avril 2018 son soutien au pays à la mise en œuvre de « réformes audacieuses et immédiates dans le domaine de la gouvernance ».

Comme on les comprend, les experts des institutions de Breton Wood ! La mauvaise gouvernance est une plaie qui gangrène le Congo où Sassou-Nguesso règne en maître depuis 35 ans. Pendant que 50% des 5 millions de Congolais vivent en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins d’un dollar par jour, la patrimonialisation de l’Etat jure avec la décence. En effet, les plus grands prédateurs des biens publics sont du clan Sassou-Nguesso dans lequel, pour reprendre les termes d’un confrère de l’Hexagone, « il est devenu normal de mener grand train, tels des multimillionnaires brillants de luxe et doués du génie corruptif. » Tout est dit qui range le Congo-Brazza parmi les pays africains qui souffrent comme d’une malédiction de l’or noir. Quand les recettes de cette ressource minière ne sont pas l’objet de captation mafieuse par les apparatchiks, ne laissant presque rien aux populations, ces pays sont en proie à des crises sociopolitiques fréquentes qui entravent de beaucoup le développement qu’on était en droit d’attendre d’eux.

On ne serait pas alors étonné si cette nouvelle sur la région de la Cuvette gorgée de pétrole au Congo-Brazza laisse indifférent le petit peuple des bas quartiers et des villages du pays. Qui a dit  que l’or ne brille pas pour tout le monde ?

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification lemardi, 13 août 2019 20:40

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