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DJ Arafat : Vivre et mourir à 100 à l’heure

 

Il sera donc mort comme il a vécu : à 100 à l’heure. Dj Arafat, de son vrai nom Ange Didier Houon, est en effet décédé le lundi 12 août 2019 des suites d’un accident de la circulation. Le dimanche nuit, sa moto, lancée à tombeau ouvert comme toujours, s’était fracassée contre la voiture d’une journaliste.

 

 

Etait-il  écrit quelque part que c’est de cette façon que l’artiste mourrait ? Ses courses effrénées dans les rues d’Abidjan étaient connues de tous. Et c’est à peine si à chaque vrombissement de son bolide, il ne fleurtait pas avec la mort.  Ce « bad boy » adulé n’avait-il pas évoqué lui-même cette fin tragique à moto dans une vidéo prémonitoire devenue virale sur les réseaux sociaux  de la même manière qu’il avait "écrit" le scénario de ses obsèques si le pire devait arriver dans un autre enregistrement qui a refait surface ? « Le Président de la Chine » y affirmait vouloir d’une cérémonie au stade Félix Houphouët-Boigny, le plus grand de Côte d’Ivoire, devant une foule « jamais vue ».

 

C’est exactement ce qui se dessine du côté d’Abidjan où tout le pays s’apprête à rendre  un vibrant hommage au « Pape du Coupé-décalé » fauché à un âge christique (33 ans) si on peut dire, même si on ne sait pas d’abord où se dérouleront ses funérailles nationales. Des dizaines de milliers de « Chinois » ainsi qu’on appelle les fans du « Daishikan » ont en tout cas appelé  dans une pétition qui a déjà  recueilli plus de 40 mille  signatures à ce que les dernières volontés du « Zeus d’Afrique » soient respectées.

 

Comme pour rendre à « Ave Cesar », un autre de ses multiples surnoms, ce qui est à « Ave Cesar », ses obsèques devraient êtres grandioses, à la dimension de cette étoile filante qui avait illuminé la scène musicale ivoirienne depuis le « cultissime » titre « Hommage à Jonathan », sorti en 2003. Le « Yorobo » laisse assurément des millions d’orphelins et d’orphelines inconsolables aussi bien dans sa patrie que dans de nombreux pays africains où ses concepts avaient conquis les pistes de danse : « Kpangor », « Zoropoto », « Kpankaka », « Frapper Naboula », « Ketebo », « Chébélé » « Gbobolor », « Maplorly »  « Tapis vélo », « Moto-moto », pour ne citer que ces « sons » sortis de son imagination sans limite.

 

Il est vrai qu’à l’image de Douk Saga, cette autre icône du coupé-décalé, mort tout aussi prématurément le 12 octobre 2006 à 32 ans, celui que tout un peuple pleure aujourd’hui a connu une carrière fulgurante, et comme son illustre devancier, il a aidé ses compatriotes à traverser de façon joyeuse la décennie noire de la crise qui s’est terminée en 2011 dans le fracas des armes.

 

C’est peut-être aussi pour cela que le « 12 500 volts d’animation », qui avait été fait l’année dernière Officier de l’ordre du mérite culturel, a droit à la reconnaissance de la Nation.

 

On peut le dire, celui qui vient de… décaler pour toujours restera à jamais dans la mémoire des foules qu’il n’a cessé « d’enjailler » tout au long de sa brève mais riche vie d’artiste, faite de tubes et de frasques.

 

 

 

 Hugues Richard Sama

 

Dernière modification lejeudi, 15 août 2019 20:32

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