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Réfugiés centrafricains au Burkina : Quand on veut le beurre, l’argent du beurre et la fermière…

 

Dans notre édition du vendredi 2 août dernier, j’ai parcouru avec une vive émotion cette odyssée de réfugiés centrafricains dans notre pays, qui dormaient à la belle étoile à l’entrée de la représentation nationale du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) sise dans le quartier Gounghin, pour manifester leur ras-le-bol devant ce qu’ils considèrent comme un lâchage sans parachute par cette instance onusienne dont la principale des missions est d’assister les réfugiés.

 

 

Et l’image de ces bambins emmitouflés sous des couvertures avec leurs paters veillant sur eux, tels des accompagnateurs de malades, en cette période d’hivernage, est à même de me fendre le cœur. Vous conviendrez avec moi que le statut de réfugié, même si prise en charge intégrale il y avait, n’est pas une situation enviable. Loin de là. Quoi qu’on dise, et malgré les commodités, le mal du pays reste prégnant et on n’est jamais mieux que chez soi. Nous autres, Burkinabè, qui avons entre les bras pas moins de deux cent mille déplacés internes - encore qu’eux demeurent dans leur patrie - en prenons de plus en plus conscience.

 

Le tableau à la devanture du HCR était donc peu reluisant, même si un fait m’a laissé quelque peu songeur : parmi les réfugiés qui ont fui la guerre civile au pays de Boganda, cet éphémère président connu pour ses desseins panafricains, il s’en trouve qui ont plus de vingt ans au compteur de leur vie sur les rives du Kadiogo. Leur porte-parole ne vit-il pas au Burkina depuis 27 ans ? Mieux, certains s’y sont même mariés, y ont trouvé du travail et se sont naturalisés Burkinabè. Passe encore  pour l’insertion professionnelle… Or y a-t-il en effet meilleur moyen d’intégration que le mariage ? Je ne suis pas un empêcheur de jouir et de se réjouir en rond, mais il faut en tirer les conséquences : en bons Africains, nous ne devrions plus demander l’argent des condiments à une tierce personne pour faire bouillir la marmite. On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et la fermière en sus.

 

 Alors, je me pose cette question : ces derniers tiennent-ils à être et à demeurer d’éternels assistés du HCR ou de la Commission nationale pour les réfugiés? Que proposent-ils de pertinent ? Primo, les pays qui voudraient bien les accueillir ne sont pas légion. Secundo, nos réfugiés centrafricains ne veulent plus être rapatriés dans leurs pays d’origine parce que, admettons-le avec eux, les armes ne s’y sont pas totalement tues. Tertio, selon les normes onusiennes, lorsque le séjour d’un réfugié dans un pays s’inscrit dans la durée, son dossier est refilé aux structures nationales, notamment la Commission nationale des réfugiés (CONASUR). Alors, c’est quoi le programme ? Les envoyer tous frais payés, avec tous les honneurs dus à leurs statuts et sans autre forme de procès dans une contrée née de leurs rêves (l’Europe, le Canada ou les Etats-Unis comme le revendiquent beaucoup d’entre eux) ? Pendant qu’on y est, qu’ils demandent un visa au président Trump. Moi qui vous parle, je voudrais bien y aller aussi et si l’un des heureux élus pouvait me mettre dans ses bagages… A condition que l’eldorado fantasmé daigne nous ouvrir ses portes.

 

A bien y réfléchir, c’est moins le statut de réfugié qui les dérange.  Tant qu’à l’être, doivent-ils se dire in petto, plutôt au pied de la Statue de Liberté que dans un pays de merde comme celui qui, en attendant, leur offre sa solidarité légendaire. Faut quitter dans ça, et fissa !

 

 

Issa K. Barry

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