Menu

Xénophobie en Afrique du Sud : Cette tache qui enlaidit l’Arc-en-ciel

Et la chasse aux étrangers est encore ouverte en Afrique du Sud. En effet, depuis dimanche dernier à Johannesburg, on assiste à des scènes d’un autre âge avec incendies  et pillages de boutiques et de magasins appartenant à des étrangers. Dans un quartier populaire au sud de la ville, plus de 500 habitants s’en sont pris à des établissements appartenant à des émigrés, notamment des Pakistanais, des Somaliens ou des Nigérians.

 

Comme il fallait s’y attendre, aucun magasin appartenant à un Sud-Africain n’a été touché. L’étincelle qui a mis le feu aux poudres, c’est l’appel de certains chauffeurs routiers qui estiment que leur chasse gardée est « infestée » d’étrangers payés moins cher et qui menaceraient  leur survie. La battue a commencé dans la capitale politique Pretoria, où ce sont les mêmes chauffeurs de taxis de la ville de Johannesburg qui sont allés brûler des dizaines de magasins appartenant à des étrangers.

Et deux jours après, la tension n’est pas près de redescendre, et il faut craindre que, dans ce pays où le chômage  atteint près de 30%, le phénomène se propage et atteigne d'autres villes. Le bilan est lourd dans la capitale politique : trois morts sur le carreau, une cinquantaine de magasins détruits, mais seulement sept personnes arrêtées. Face à ces actes de xénophobie par excellence, le président Sud-Africain a condamné, sur Tweeter s’il-vous-plaît, la situation en ces termes : « Je condamne dans les termes les plus forts les violences qui s’étendent dans quatre provinces… Les attaques visant des commerçants étrangers sont totalement inacceptables, quelque chose qu’on ne peut pas autoriser en Afrique du Sud ».

Et c’est tout. Le choix de ce canal de communication en dit d’ailleurs long sur la mollesse de l’ancien syndicaliste qui préside aux destinées du pays face au taureau furieux. En tous les cas, ce n’est pas à coup de tweets et autres posts dans les réseaux sociaux que le gouvernement parviendra à briser le cycle infernal de la violence et de la haine contre les étrangers. Du côté des autorités en effet, on tend à faire la politique de l’autruche, et la police n’est pas pressée de faire dans le zèle. Son premier responsable n’a-t-il pas dit qu’il s’agit de simple criminalité et qu’il n’y a pour le moment rien qui fasse dire qu’il y a un conflit entre Sud-Africains et étrangers ?

C’est vrai que, dans plusieurs pays africains et même occidentaux, en période de crise, l’étranger est toujours pointé du doigt comme le bouc émissaire qui vient accaparer les emplois nationaux et, même les femmes, mais cela ne saurait excuser la récurrence de ce poison dans cette Afrique du Sud  surnommée la Nation arc-en-ciel, où cohabitent Noirs, Blancs, Métis et Asiatiques, même s’ils n’ont pas toujours filé le parfait amour, comme ce fut le cas sous le régime de l’Apartheid. N’empêche, c’est tout de même paradoxal dans la patrie du héros Nelson Mandela, qui a fait du pardon son premier credo à sa sortie de prison et durant tout son règne.

Souvent, on est prompt en Afrique à critiquer les extrémistes en Europe et ailleurs qui appellent à barricader les frontières contre l’immigration, oubliant parfois de reconnaître que les émigrés africains vivent mieux hors du continent qu’en Afrique. Et que dire du silence de la première instance africaine, l’UA, qui devrait sortir de sa torpeur, donner de la voix et condamner cette furie, surtout que ce n’est pas la première fois que ça arrive ? En attendant, c’est pathétique que des natifs d’un pays qui ont subi l’Apartheid et un confinement dans des ghettos en viennent à se comporter de la sorte. 

Issa K. Barry

 

Dernière modification lemercredi, 04 septembre 2019 21:39

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut