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Sommet CEDEAO sur le terrorisme : Elargir le G5 Sahel pour mieux étouffer la bête

 

Comment endiguer les incursions terroristes et éviter que l’insécurité devenue endémique au Sahel, embrase toute la région ouest-africaine ? Comment mutualiser les forces des pays africains confrontés à ce problème ? Quelle peut être la contribution de la communauté internationale à ce combat de pacification du Sahel ?

 

 

 

 

Ce sont les principales questions auxquelles doivent répondre les chefs d’Etat de la CEDEAO à leur rencontre extraordinaire d’aujourd’hui à Ouagadougou. Leurs réponses urgent, car chaque jour la situation sécuritaire tombe de Charybde en Scylla dans certains pays du Sahélistan.

 

Ce disant, on pense à trois d’entre eux, le Mali, le Niger et le Burkina qui sont dans l’œil du cyclone des attaques terroristes. Le  Burkina est particulièrement affecté, car pas un jour ne passe sans que des bandes de criminels y frappent ici ou là, notamment dans les régions du Sahel et du Centre-Nord. Ainsi, en moins d’un mois, entre le 20 août et le 10 septembre 2019, ces attaques ont fait une soixantaine de morts tandis que les personnes déplacées internes depuis 2015 se comptent par centaines de milliers.

 

Devant cette dégradation palpable de la situation sécuritaire dans la région du Sahel, les armées nationales peinent à jouer leur rôle, et l’initiative de mutualiser ces forces en une armée du G5 Sahel montre ses limites : non seulement le G5 Sahel n’a pas le nerf de la guerre mais il lui manque aussi une cohérence en matière de stratégie militaire et surtout l’onction de l’ONU qui refuse de placer ses troupes sous le chapitre 7 de sa charte. Dès lors, la France se trouve bien seule, avec ses 4500 soldats de l’opération Barkhane, à assumer difficilement le rôle de gendarme  dans cette vaste zone sahélienne.

 

Dur dur alors de rapiécer une paix déchirée par les combattants de Daesh et d’Al-Qaïda qui trouvent en une Libye disloquée une confortable base arrière et un terrain propice à l’entraînement et aux trafics en tout genre. Voilà qui justifie le pessimisme de stratèges militaires français qui ne voient pas la pacification du Sahel avant 15 à 20 ans. Des prédictions inquiétantes qui ne sont pas étrangères à la nouvelle initiative de l’Hexagone : « Le partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel ». Nul doute qu’Emmanuel Macron, qui a dévoilé ce projet en marge du dernier sommet du G7 à Biarritz, aura été instruit par les incohérences du G5 Sahel. La CEDEAO aussi, d’où l’idée d’un élargissement de la mutualisation des moyens  pour éviter que ce cancer de l’insécurité au Sahel se métastase pour atteindre les pays côtiers. Au demeurant, le danger frappe déjà à la porte de certains d’entre eux comme le Bénin qui a perdu  cette année un guide touristique dans le parc de la Pendjari où deux touristes français avaient été enlevés en mai dernier. On se rappelle aussi l’attaque meurtrière de Grand-Bassam en mars 2016 en Côte d’Ivoire où un projet d’attaque du Novotel d’Abidjan a également été déjoué en 2017.

 

La CEDEAO, en se penchant sur la question de la sécurité au Sahel, balise visiblement le terrain de l’élargissement du G5 Sahel en un G10 voire un G12, car au Burkina, au Mali, à la Mauritanie, au Niger et au Tchad, qui formaient les pays de la ligne de front, pourraient s’adjoindre le Bénin, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria, le Sénégal et le Togo. Bref, ce sommet extraordinaire de Ouagadougou pourrait être un pas vers un G5 élargi afin de mieux faire face à une guerre de longue haleine pour la pacification du Sahel.

 

Pourvu que les résolutions qui en seront issues n’aillent pas dormir au fond des tiroirs !

 

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification ledimanche, 15 septembre 2019 17:58

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