Obsèques de Jacques Chirac : On vit mieux dans la mémoire des hommes mort que vivant !
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Décédé jeudi dernier, l’ancien président français Jacques Chirac sera conduit à sa dernière demeure au cimetière du Montparnasse ce lundi 30 septembre. Ses obsèques auront été marquées par un après-midi d’hommage populaire des Français hier dimanche, un service funèbre solennel avec les honneurs militaires, suivi de l’absoute ce lundi matin avant la levée du corps pour un enterrement dans l’intimité familiale.
Une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont fait le déplacement à Paris pour rendre un dernier hommage à l’homme, un animal politique de son vivant, qui avait su par son pragmatisme se construire une carrière politique exceptionnelle et des amitiés solides à travers le monde. Ainsi, de l’Europe à l’Afrique en passant par le Proche-Orient, le gratin du monde politique salue la mémoire de celui qui passe désormais, au cœur de ses compatriotes, pour le meilleur président de la Ve République française aux côtés de Charles de Gaulle, son modèle. Pourtant, quand il quittait l’Elysée en 2007, Jacques Chirac était au plus bas des sondages dans l’opinion publique française quant à son action au sommet de l’Etat.
La faute aux affaires peu orthodoxes nées de sa gestion de la mairie de Paris, notamment celle des emplois fictifs. Maintenant qu’il n’est plus, la majorité des Français l’ont absout de ses fautes de gouvernance pour le placer avec 63% d’opinions favorables sur le piédestal d’un grand homme d’Etat à la dimension du célébrissime général de Gaulle. Et honni soit qui mal y pense, notamment ceux qui crient haro sur la Françafrique et n’ont vu dans la diplomatie française sous Jacques Chirac que le sceau des amitiés personnelles avec des chefs d’Etat loin d’être des parangons de vertu.
Certes, parmi les grands de ce monde venus à Paris pleurer, qui un ami, qui un allié ou un parrain, figurent en bonne place des chefs d’Etat africains dont Denis Sassou Nguesso et Faure Gnassingbé, mais aussi l’ancien président sénégalais Abdou Diouf. Une présence qui témoigne, si besoin en était encore, de la force des relations de l’Hexagone avec l’Afrique, notamment subsaharienne, où Jacques Chirac avaient tissé des liens privilégiés avec la plupart des chefs d’Etat du pré carré français. Des relations qui n’ont pas toujours servi la bonne cause de l’enracinement de la démocratie sur le continent. De fait, ce n’est pas un fait du hasard si en matière d’alternance démocratique, voire de bonne gouvernance, les canards boiteux se recensent parmi les pays francophones.
La tentation de tripatouiller les Constitutions est permanente afin que des hommes forts y renouvellent ad vitam aeternam leur bail au sommet de l’Etat. On pense au Cameroun, au Congo Brazza, au Togo, au Tchad, à la Guinée Conakry, et la liste n’est pas exhaustive. Pourtant, Jacques Chirac n’était plus aux affaires depuis 12 bonnes années mais les atermoiements de ses successeurs devant les cas flagrants de déni de démocratie dans le pré carré français tendent à accréditer la thèse d’un abandon par Paris de l’option mitterrandienne de conditionner l’aide au développement au progrès de la démocratie dans nos pays.
Se peut-il alors que Jacques Chirac ait eu tort d’avoir eu raison trop tôt de dire que l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie ? Quoi qu’il en soit, sa popularité post mortem prouve bien que Drieu la Rochelle avait raison de dire qu’ « on vit mieux, mort que vivant, dans la mémoire des hommes. »
La Rédaction
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