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Rentrée scolaire 2019-2020 : Sur la piste de déplacés internes

Alors que la journée du 1er octobre a consacré le retour de centaines de milliers d’enfants dans les classes,  ils sont nombreux qui, pour des raisons multiples, ont manqué et/ou manqueront encore à l’appel. C’est le cas des déplacés qui ont fui le terrorisme sévissant dans certaines parties du pays. A Ouagadougou, nous nous sommes rendus au quartier périphérique Kamboinsin, où plusieurs centaines d’entre eux avaient élu domicile dans des écoles. Contraints  de libérer ces lieux, ils doivent faire face à d’autres difficultés, et l’une des plus pressantes est bien celle de pouvoir se faire une place dans un établissement. Pressentiment d’un parent, la moitié n’aura pas d’autre choix que de rester à la maison.

 

 

Jour de rentrée des classes. Les rues de la capitale ont renoué avec les longues files d’engins. La présence des élèves dans la circulation n’est pas la moins remarquable. De nouvelles tenues, des sacs fraîchement sortis de la boutique, des motos ou vélos pimpants, bref, pour la majorité des apprenants, rentrée rime avec nouveauté. Et sur les visages, on peut aisément lire cette joie de reprendre le chemin de l’école après trois mois de vacances. Mais à l’autre bout de la ville, dans le 11e arrondissement, la rentrée présente un autre visage pour une catégorie de personnes : les déplacés qui ont fui les zones frappées par le terrorisme.

 

Nous avons fait ce constat sur les sites des écoles primaires Kougnonlé et Menefredcia à Pazani. Les classes ne sont ouvertes que pour les élèves. Pourtant, depuis le mois de juin, ces deux écoles, à l’instar de trois autres, servaient de sites d’accueil à une partie des 800 personnes venues du Nord et du Sahel selon les chiffres de la mairie. Ne devant pas perturber la reprise des cours dans ces établissements, ils ont simplement été contraints de libérer les lieux. A ses frais, chaque famille a dû se trouver un logis de fortune à proximité, nous explique Saïdou Sawadogo ; instituteur et déplacé venu de Sirgadji, ce dernier, en attendant son redéploiement dans les Hauts-Bassins, assiste les siens pour l’obtention de places dans les écoles. Car si, grâce à de petits métiers, le logement est un souci de moins, pour les mal lotis, trouver une place pour son rejeton reste un parcours du combattant.

 

« Les enfants resteront à la maison si… »

 

La chance a tout de même souri à certains : Mahamado et Abdoul Nourou sont de ceux-là. Respectivement des classes du CP1 et du CE2, leurs parents ont pu les inscrire dans les effectifs de Kougnonlé, cette école qui leur a servi de cour d’habitation quelques jours plus tôt. Même s’ils sont dans des haillons, cela semble leur suffire pour nous accueillir par un sourire. Comme eux, bien d’autres enfants issus de familles de  déplacés sont rassurés, en ce premier jour des classes, de pouvoir poursuivre la quête du savoir cette année. Mais c’est encore le peu d’élèves et d’écoliers que comptent les différents sites, nous avise Saïdou Sawadogo. Assiatou Sawadogo est de cette dernière catégorie. Elle doit faire la classe du CP2 cette année. Mais faute de quoi payer l’écolage, elle n’a pas la certitude de retrouver ses camarades.

 

A en croire notre interlocuteur, sur trois sites pour un demi-millier de d'infortunés (les sites des écoles de Kougnonlé, Menefredcia et Les Anges de l’espoir) un peu plus de 130 sont des enfants devant aller à l’école. A son avis, la moitié de cet effectif risque une année blanche en raison de la vulnérabilité financière de leurs parents qui comptent sur le soutien de bonnes volontés. « La mairie nous a demandé de constituer une liste d’élèves pour un établissement qui est prêt à accueillir 40 de nos enfants. Spécifiquement pour ces élèves, l’établissement a d’ailleurs baissé la scolarité de 25 000 à 20 000 F CFA pour ceux de classes comme le CP1 et le CP2. Mais malgré ce rabais, des parents ne pourront pas honorer ces frais. » Si rien n’est fait pour venir en aide aux enfants de déplacés, selon monsieur Sawadogo, une bonne moitié sera contrainte de passer l’année  scolaire loin des classes, d’autant  plus qu’à mesure que passent les jours, le flux de réfugiés ne fait que croître, a expliqué ce parent d’élève.

 

Bernard Kaboré

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