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Lutte contre le terrorisme au Sahel : Un G5 anti-impérialiste en gestation

On connaît le G5 Sahel, force militaire commune au Burkina, au Mali, à la Mauritanie, au Niger et au Tchad qui ont décidé de mutualiser leurs moyens humain, logistique et financier contre l’hydre tentaculaire qui les tue à petit feu depuis 2012.

 

 

Certes, pour le moment cette force conjointe est comme enlisée dans le désert du Sahara, incapable de justifier la pertinence de sa création. En effet, la situation sécuritaire se détériore au  Sahélistan, notamment au Burkina, au Mali et au Niger sans que cette armée transfrontalière ne parvienne à donner à l’ennemi terroriste la réplique vigoureuse qu’on est en droit  d’attendre d’elle.

 

Si le G5 des pays de la ligne de front peine à faire la preuve de son efficacité sur le terrain des combats, c’est tout le contraire des groupes terroristes, qui, inspirés par cette initiative de force conjointe, ont eux aussi créer une synergie d’actions dans la poursuite de leurs funestes objectifs : c’est connu, Al-Qaeda pour le Maghreb islamique, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, l’Etat islamique au grand Sahara, Ansarul islam et le Front de libération du Macina ont créé un G5 qui ne dit pas son nom pour coordonner leur lutte au Sahel.

 

Ils ont même administré une preuve sanglante de l’efficacité de leurs forces coalisées dans les attaques de Boulikessi et de Mondoro  au Mali qui ont fait au moins 25 morts, le 30 septembre dernier, tout comme dans  l’attaque meurtrière de Koutougou au Burkina  le 19 août 2019. Pour sûr, on n’a pas fini d’entendre parler de ce G5 des forces du Mal et voilà qu’un autre G5 semble se dessiner encore au Sahel, celui des anti-impérialistes.

 

De fait, des OSC du Burkina, du Mali et du Niger, d’obédiences diverses, s’organisent pour dénoncer la présence de troupes étrangères, notamment françaises, dans ces pays. On l’a vu samedi dernier à la Bourse de travail de Ouagadougou où un meeting de rejet de cette « présence impérialiste » a mobilisé du monde. Idem à Bamako où les anti-impérialistes ont terminé leur manifestation par un pillage de containers de la MINUSMA.

 

On peut être d’accord avec ces mouvements de protestation sur un point : aucun Etat ne peut s’en remettre à des forces étrangères pour la protection de sa population et de ses biens. Mais dans la situation de délitement progressif que connaissent les pays du Sahel, peuvent-ils tabler sur l’idéalisme, pour ne pas dire les rêves de nationalistes à l’esprit étroit, pour refuser toute alliance au motif que les alliés sont juste mus par leurs intérêts économiques et géostratégiques ? Même si ce n’est pas par charité chrétienne que la France et les autres puissances occidentales volent au secours du Sahel, doit-on occulter le fait que, si elles n’avaient pas été là, la situation sécuritaire  eût été plus catastrophique dans la région ? Pour sûr, en fin 2012, alors que les hordres de sauvages et d’illuminés fonçaient sur Bamako, si François Hollande n’avait pas été prompt à lancer l’opération Serval, précurseur de la Force Barkhane, la face du Mali et celle de la sous-région aurait été gravement chamboulée, peut-être au point que ceux qui ont aujourd’hui la liberté de manifester n’auraient pu le faire.

 

Dès lors, tout en travaillant à une véritable indépendance sécuritaire de nos pays, il faut accepter d’implémenter les solutions concrètes et immédiates qui  sont à la portée de nos Etats sans les œillères de considérations idéologiques surannées.

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification lelundi, 14 octobre 2019 22:38

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