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Demande de départ des forces étrangères : « C’est de la distraction, on ne doit pas se tromper d’ennemis » (Simon Compaoré, président par intérim du MPP)

C’est dans le tout nouveau siège du parti, sis au quartier Petit Paris, à Ouaga, que des responsables du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) ont convié les hommes et les femmes de médias à un « petit déjeuner de presse ». Ce fut l’occasion pour le président par intérim, Simon Compaoré,  de même que Clément P. Sawadogo, Lassané Sawadogo et Bindi Ouoba d’échanger à bâtons rompus avec les journalistes sur les questions d’actualité. Fronde sociale, journées anti-impérialisme, terrorisme, déplacés internes, 32e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara ont, entre autres, été passés à la loupe du parti majoritaire.  La demande du départ des bases et des forces étrangères de notre pays fait sourire Simon Compaoré, qui invite plutôt  les intéressés à ne pas se tromper d’ennemis.

 

 

Un bâtiment flambant neuf à un niveau, inauguré il y a six mois, une cour assez spacieuse qui tranche avec l’ancien siège à Ouidi et un décor aux couleurs du MPP. C’est dans ce cadre que Simon Compaoré, le président par intérim du parti au pouvoir, a invité l’assistance à une minute de silence à la mémoire des FDS et des civils tués, avant d’indiquer qu’il ne s’agissait pas d’une conférence de presse, donc qu’il n’y aurait pas de déclaration liminaire. Mais comme on était le 15 octobre, date anniversaire (Ndlr : le 32e) de l’assassinat du père de la Révolution burkinabè, Thomas Sankara, il a signifié que le vœu le plus sincère de leur formation politique est que le dossier soit enfin jugé. « Qu’on en vienne au jugement car à entendre les avocats, on a réuni le maximum d’éléments pour faire la lumière sur cet événement. Il serait souhaitable, plaise à Dieu, qu’on dise l’année prochaine que le jugement a enfin commencé ». Il en a profité pour plaider l’accélération des autres procédures judiciaires afin de donner la chance au pays d’avancer sereinement dans son cheminement vers le développement et le bien-être social.

« Comment appréciez-vous la gouvernance du président Roch Marc Christian Kaboré ?» a demandé l’un des premiers intervenants. « Je ne sais pas à quoi vous vous attendez en posant cette question mais Roch est dans nous et nous, nous sommes dans Roch. Il a hérité d’une situation qu’il gère avec beaucoup de courage et de dextérité. Nous serons toujours à ses côtés jour et nuit », indiquera-t-il sous le regard amusé de certains membres de l’auditoire. Il saisit la balle au bond pour décrier les obstacles dressés devant eux et dont l’objectif serait de les empêcher de poursuivre la mise en œuvre du programme présidentiel. Allusion est faite à la fronde sociale minée par les grèves perlées avec leurs conséquences (décès enregistrés dans le secteur de la santé par exemple) et au terrorisme.

Sur le refus de la municipalité d’autoriser la marche à l’occasion des 4es  Journées anti-impérialistes, celui qui fut dans une autre vie maire de Ouagadougou croit qu’il faut bien sûr tenir compte du contexte. Et de se lancer dans un long développement : «Vous ne pouvez pas me dire par exemple ce qui s’est passé la nuit dernière et ce qui se passe en ce moment. Mais il y a des services dont la mission est de faire en sorte qu’on puisse le savoir au temps T. Ils détiennent donc des informations que tout le monde n’a pas et ont une capacité de faire une analyse de la situation, de conclure que telle activité est dangereuse, qu’elle peut aboutir à ceci ou cela. Dans un pays voisin (Ndlr : à Sévaré au Mali), il y a eu des marches. Ils n’ont pas dit qu’ils allaient casser ou piller mais vous avez vu ce qui s’est passé. C’est la realpolitik qui fait agir de cette façon. On ne peut pas laisser une situation se produire et dire qu’on savait qu’il pouvait y avoir des risques. Personne ou aucune structure sociale n’est morte ou n’a disparu parce que la marche n’a pas eu lieu ». Une réplique qui ouvre la voie à une autre préoccupation liée à ces journées. « Que répondez-vous à ceux qui estiment justement que la solution à la lutte contre le terrorisme, c’est le départ des bases et des forces étrangères, notamment de la France ? », a demandé un autre confrère. Pour l’ancien ministre de la Sécurité, ce sont de « gros mots » qui y ont été lâchés. « Il faut qu’on nous dise d’abord combien de bases militaires il y a au Burkina. Qu’est-ce qu’elles font qui montre que notre avenir sécuritaire et nos richesses sont en péril. Cela me fait sourire, ça me rappelle une période où nous aussi étions de la danse d’où on a mené des luttes anti-impérialistes dans des cadres bien précis. Mais concernant notre situation présente, il y a un amalgame et une volonté d’amener le peuple sur un chemin qui n’est pas le sien », a-t-il déclaré. Dans cette guerre, a-t-il ajouté, il n’y a pas de honte à dire qu’il y a des insuffisances qui peuvent être comblées avec l’appui d’un partenaire. Simon Compaoré aurait compris que ces journées posent des questions au peuple burkinabè dans toutes ses composantes (politiques, syndicats …), notamment sur comment il peut s’organiser pour prendre en main son propre destin face à ce phénomène, au lieu de l’exorter à un combat qui n’est pas le sien. Il y voit de la distraction et pense qu’on ne doit pas se tromper d’ennemis.

Aboubacar Dermé

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