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Meeting du PDCI à Yamoussoukro : Branle-bas de combat pour un vieil éléphant

Remarquable, impressionnant, gigantesque : les qualificatifs, aussi élogieux les uns que les autres, ne manquent pas pour décrire le meeting du PDCI tenu à Yamoussoukro samedi dernier.

 

Combien étaient-ils, ces militants et sympathisants du plus vieux parti de la Côte d’Ivoire, à avoir accouru dans la cité d’Houphouët Boigny le 19 octobre ? 20 mille, 30 mille, 50 mille, peut-être un peu plus. En tout cas, les organisateurs qui en attendaient 100 mille affichaient leur grande satisfaction devant ces foules des grands jours.

Houphouët Boigny, le père de l’indépendance, co-fondateur du Rassemblement démocratique africain (RDA), président-fondateur de sa section ivoirienne, le PDCI, peut dormir tranquille, ses héritiers sont à l’œuvre pour porter encore plus haut ses idéaux politiques. Du reste, c’est sous le prétexte de célébrer le 104e anniversaire de sa naissance que le plus emblématique de ses successeurs, Henry Konan Bédié, dit le Sphinx de Daoukro,  l’indéboulonnable président du PDCI, a sonné le ralliement de ses partisans dans la ville où il repose à jamais.

Mais en vérité, les dizaines de milliers de fidèles à cette grand-messe de Yamoussoukro, à commencer par Henry Konan Bédié lui-même, y ont moins évoqué la mémoire de « saint » Houphouët Boigny qu’ils n’ont chargé « le dictateur » Alassane Dramane Ouattara (ADO). Quand on sait qu’aux côtés du Sphinx de Daoukro et autres dirigeants du PDCI étaient confortablement installés des leaders du FPI, on aura compris que ce meeting de Yamoussoukro était un galop d’essai, une délimitation des camps politiques, un échauffement d’un potentiel candidat avant la présidentielle de 2020. Au demeurant, dans l’allocution qu’il a prononcée à cette occasion, Konan Bédié s’est montré opportunément  offensif et conquérant. « Réveillons-nous pour dire non à cette dictature rampante. Soyons forts. L’échec n’est pas une option envisagée, car, unis et déterminés nous disposons de moyens légaux et légitimes pour reconquérir le pouvoir d’Etat », a-t-il lancé à ses suppôts.

 Voilà  ADO et son RHDP plus que prévenus. Ces alliés d’hier du PDCI rodent non seulement l’appareil de leur parti en vue des batailles électorales à venir, mais surtout renforcent leur alliance avec ces plus farouches adversaires du FPI. Quand on sait qu’au cours de la même semaine, à quelques 96 heures du meeting de Yamoussoukro, Guillaume Soro, l’autre dissident du RHDP, a annoncé officiellement sa candidature à l’élection présidentielle de 2020, on n’a pas besoin d’une boule de cristal pour dire que la recomposition de l’échiquier politique ivoirien est à un stade avancé. Dans cette dynamique, c’est un test de mobilisation grandeur nature que vient de réussir Konan Bédié, même si on ne sait pas encore s’il sera sur la ligne de départ de la prochaine présidentielle et s’il y affrontera son « petit frère » ADO, comme il appelait affectueusement l’actuel président.

Quoi qu’il en soit, il a raison de prendre ses marques, Konan Bédié, car, une chose est sûre, entre ce « jamboree » de Yamoussoukro et la présidentielle de 2020, beaucoup d’eau, et peut-être de boue, va couler sous les ponts de la lagune Ebrié. Il peut se le tenir pour dit : rien ne lui sera épargné par ses adversaires politiques. Alors, à 86 ans bien sonnés, le vieil éléphant de la politique ivoirienne, en branle-bas de combat pour le palais de Cocody, aura-t-il le cuir suffisamment dur pour endurer les épreuves que ne manqueront pas de lui faire subir les jeunes loups aux dents bien longues ? Qui vivra verra !

La rédaction

Dernière modification lelundi, 21 octobre 2019 23:07

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