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Première sortie publique de Khalifa Sall : Vraiment « sans haine ni rancœur » ?

Il ne s’était pas exprimé depuis la grâce présidentielle dont il a bénéficié il y a près d’un mois le 29 septembre 2019. Alors quand Khalifa Sall parle, c’est forcément un événement, comme ce fut le cas hier. L’ancien maire de Dakar était en effet ce lundi 21 octobre face à un parterre de journalistes et de militants.

 

Après avoir passé deux ans et demi à la prison de Rebeuss,  l’opposant a certes recouvré la liberté mais reste inéligible. Il avait été condamné à cinq ans d’emprisonnement et 5 millions de francs CFA d’amende, le 30 mars 2018, pour « faux et usage de faux » et « escroquerie portant sur les deniers publics ». Une peine confirmée en appel. L’édile et trois autres coaccusés avaient également été condamnés à payer solidairement la somme de 1,8 milliard de francs CFA (environ 2,7 millions d’euros) à l’État du Sénégal.

Vrai ou faux, l’intéressé, ses nombreux partisans et une partie de l’opinion publique avaient crié à la kabbale politicienne ourdie par le président Macky Sall qui aurait, selon eux, utilisé la Justice pour écarter de son chemin un concurrent sérieux à la présidentielle de février dernier.

Des épreuves qui n’ont pas entamé les convictions de khalifa Sall, lequel se dit plus que jamais déterminé à poursuivre son engagement politique. Si l’on en croit ce qu’il a affirmé devant ses militants, qu’il a tenu à remercier pour leur soutien, avant de réaffirmer son ancrage dans l’opposition « avec fermeté et sans compromission ». Evoquant son épreuve, faite de privations et de sacrifices, le président de « Taxawu Dakar » dit d’ailleurs y avoir puisé une énergie nouvelle.

Et il a beau ressasser que le passé est le passé, affirmant à qui veut l’entendre n’avoir « ni haine ni rancœur face à l’adversité », une certaine amertume bien compréhensible transparaît dans la voix de cet homme de 63 ans qui, singulièrement, n’a pas pipé mot de son avenir politique. Pas la moindre allusion, même si l’on imagine mal cet animal politique quitter l’arène aussi précocement.

On observera en tout cas qu’il n’a pas eu le moindre mot à l’endroit de son « bienfaiteur », Macky Sall, qui après avoir commis son « forfait », s’échine depuis quelque temps à se rabibocher avec ses ennemis intimes. Après la grâce accordée au natif de Louga, ne s’est-t-il pas réconcilié avec son prédécesseur Abdoulaye Wade lors de l’inauguration de la mosquée Massalikoul Djinane, sous les auspices bienveillants du khalife général des Mourides ?

À l’allure où vont les choses, on ne serait pas étonné de voir Karim Wade, condamné lui aussi pour malversations, incarcéré à Rebeuss avant d’être expédié nuitamment au Qatar, débarquer un de ces jours à l’aéroport Léopold-Sedar Senghor…

A l’évidence donc, Macky Sall, qui vient d’entamer son second et dernier mandat, veut soigner sa sortie en apaisant ses relations avec les différents leaders politiques de l’opposition. Mais il faudra plus qu’une grâce présidentielle pour le rapprocher de Khalifa Sall qui doit en avoir gros sur le cœur.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lemardi, 22 octobre 2019 21:24

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