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Affaire nourrisson à Bobo : Bébé sauvé, maman à la peine

Comme beaucoup de lecteurs, j’ai parcouru avec émoi cet article paru dans notre édition du jeudi 17 octobre 2019 qui tirait la sonnette d’alarme sur la situation de ce nourrisson vivant dans la rue à Bobo-Dioulasso avec sa maman toujours sous l’emprise de produits dopants.

 

Eh ! bien, le cri du cœur de notre correspondant dans la ville de Sya n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd : vendredi dernier, pas plus tard que le lendemain en effet, la Direction provinciale de la femme du Houet est parvenue à récupérer le bébé des bras de sa maman, et depuis lors la petite, Malika Traoré qu’elle se prénomme, est dans un nid douillet, confié à un orphelinat.

Tout est bien qui finit bien, peut-on être tenté de dire en applaudissant des deux mains. Sauf que chez moi, il persiste un sentiment d’inachevé. Il est vrai que la Direction provinciale de la femme a joué sa partition. Nous saluons le volontarisme de sa décision. Mais que fait-on maintenant de la mère … sevrée de son enfant ?

Notre correspondant, que nous avons pris soin de joindre pour en avoir le cœur net sur une éventuelle initiative prise pour tenter de sauver la maman, nous a informé que jusque-là, il n’y a rien de prévu à cet effet.  C’est vrai que, sous nos cieux et en pareilles circonstances, le retrait de l’enfant semble constituer la norme, mais en arrachant le nourrisson des mains de son allaitante, ne risque-t-on pas d’aggraver la situation délicate dans laquelle cette dernière se trouvait déjà ?

On connaît l’attachement d’une mère au fruit de ses entrailles, et ce, qu’elle soit saine d’esprit ou perturbée mentalement. Quelque part, dans sa petite tête dérangée et dans ce monde qu’elle qualifie forcément de brute, ce bout de choux à qui elle donnait le sein constituait son seul rayon de lumière et sa bouée de sauvetage.

Voyons la bouteille à moitié pleine, et espérons que l’élan du cœur enclenché par la Direction provinciale de la femme va se poursuivre, que la maman s’en sortira, qu’elle recouvrera toutes ses facultés et que l’enfant s’épanouira et se fortifira. Peut-être qu’un jour il fera un témoignage émouvant dans le genre de celui du rejeton de l’ancien patron du puissant cartel de drogue en Colombie, Pablo Escobar.

A la fin du documentaire à lui consacré, le fils rendra hommage à sa mère qui, après la mort du papa, a su le protéger et lui épargner une mort certaine en négociant avec le cartel rival, celui de Cali, et à son père pour lui avoir « montré la voie à ne pas suivre ».

Pour ce qui est de mon coup de gueule, je le destine au géniteur mâle de cet enfant qui n’a pas demandé à naître dans cette vallée de larmes.  Si la mère s’appelle Alimata Coulibaly et l’enfant, Malika Traoré, c’est qu’il a un père qui doit être connu. Alors, monsieur Traoré, si tu me lis, je te dis : honte à toi, toi qui n’a pas eu assez de couilles pour  prendre en charge le fruit de ta semence.

 

Issa K. Barry

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