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Assassinat du maire de Djibo : « Oumarou Dicko était en lui-même un symbole de résilience », Aziz Diallo, maire de Dori

Le député maire de Djibo, Oumarou Dicko, et trois autres  occupants de son véhicule ont été sauvagement assassinés le 3 novembre 2019 alors qu’ils se rendaient à Ouagadougou où l’élu devait participer hier à une signature de mémorandum d’entente entre le Secrétariat permanent  du G5 Sahel et la cellule de coopération décentralisée des collectivités territoriales du Sahel (C3 Sahel). Pour son collègue de Dori, Aziz Diallo, que nous avons rencontré, hier 4 novembre à ladite cérémonie, le disparu  était l’incarnation de  la résilience  de la commune de  Djibo.  C’est pourquoi il n’a pas manqué de lancer un appel au gouvernement à faire davantage pour sécuriser les espaces afin qu’ils puissent travailler à améliorer les conditions de vie des populations.

 

 

Quel est votre ressenti après l’assassinat du maire de la commune de Djibo ?

 

C’est un assassinat odieux qui nous atterre. Le défunt député-maire était en route pour Ouagadougou où il devait assister à cette rencontre puisqu’il était un membre très actif du bureau du comité de pilotage de la ‘’C3 Sahel ’’. Il y a joué un important rôle depuis la mise en œuvre des travaux. C’est un camarade, un élu, un responsable au niveau local, un collègue que nous perdons. Nous espérons qu’avec les populations et le concours des FDS, nous pourrons mettre fin à toutes ces tragédies.   Je présente mes condoléances à sa famille et aux populations du Soum.

 

Que représente pour vous l’assassinat de l’honorable Oumarou Dicko ?

 

Il était en lui-même un symbole de résilience. Malgré le contexte sécuritaire très difficile dans sa zone, il ne l’a jamais quittée. Il est toujours resté parmi les siens afin de mettre en œuvre les projets de développement de la commune tout en mobilisant des ressources.  En juillet dernier on était ensemble à Sikasso au Mali où il avait parlé longuement des travaux d’extension et de réaménagement du marché de Djibo. On avait discuté de la piste rurale qui relie Djibo, au Burkina Faso, à  Douentza du côté du Mali. C’était un homme convaincu que, malgré la situation, il  devait répondre aux besoins des populations. J’ose espérer que ce symbole qu’il représentait va rester dans la mémoire des  populations qui vont se rendre compte que la solution n’est pas forcément l’abandon des zones menacées. Rester chez soi, lutter ensemble afin de résister aux attaques, c’était sa conviction.

 

Quel est l’état des lieux dans la région ?

 

Les communes connaissent de nombreuses difficultés.  Le maire de Koutougou a été assassiné, nous avons aussi enregistré l’enlèvement de deux maires  dont nous sommes sans nouvelles : il s’agit de ceux de Markoye et de Gorgadji. La situation impacte de nombreux domaines, mais nous avons à faire à des populations résilientes qui,  tant qu’elles le peuvent,  collaborent avec les FDS tout en travaillant à améliorer leur cadre de vie.

Il est important que les hommes de tenue prennent peut-être  davantage la mesure de la situation pour une réponse appropriée, une présence plus effective et efficiente afin de bouter le mal hors de notre pays. Même si nous saluons les efforts consentis par les FDS dans la lutte contre le terrorisme.

 

Dori semble en tout cas relativement épargnée par les attaques terroristes jusque-là. Avez-vous mis en  œuvre une stratégie particulière  pour vous  en prémunir ?

 

Nous n’avons  pas développé de stratégie particulière. On ne peut pas dire que nous sommes épargnés, même si il n’y  a pas eu d’attaques d’un poste au niveau communal.  A partir du moment où nous pouvons l’être il s’agit pour nous de travailler à renforcer la collaboration entre les populations et entre elles et les forces de sécurité.  On s’attelle aussi  à activer les projets de développement avec les différents partenaires. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas subi d’attaques que nous ne subissons pas la situation. Nous sommes dans une zone qui dépend beaucoup de l’économie de l’élevage si bien que les infrastructures dans ce secteur sont touchées. Le marché à bétail de Dori ne fonctionne plus de façon optimale comme il y a de cela quelques années. Cette situation affecte du coup nos capacités de mobilisation des ressources propres. Les investisseurs se font aussi rares.  Ce qui arrive à Gorom, à Déou ou à Nassoumbou  concerne aussi Dori.

 

Est-ce que le gouvernement apporte les réponses qu’il faut selon vous ?

 

Quand on se retrouve dans une situation pareille, on demande encore et encore plus.  Le gouvernement fait des efforts qui restent insuffisants au regard de la situation. Des stratégies plus conséquentes, accélérées doivent être mises en œuvre pour améliorer les conditions sécuritaires, ne serait-ce que dans ces zones qui sont quasiment  contrôlées par les forces du Mal. On a l’impression que nous sommes assis et subissons alors que les populations savent où les bandits se retranchent. Nous souhaitons avoir des forces qui agissent, qui prennent l’initiative des actions pour éviter les déplacements massifs de populations.   

 

L’une des solutions préconisées depuis plusieurs années maintenant, c’est  cette force conjointe du G5 Sahel qui tarde à se mettre en branle. Y croyez-vous encore ?

 

On est obligé d’y croire étant donné que c’est le mécanisme qui a été mis en œuvre par nos différents pays pour faire face à l’insécurité. A partir du moment où les pays ont pris cette décision et qu’ils arrivent à mobiliser les ressources dont ils ont besoin on est obligé d’y croire, mais on ne sera convaincu que lorsqu’on verra des actions concrètes qui sécurisent nos espaces. Entre le Burkina Faso et le Niger  ou entre le Mali et le Niger, nous nous rendons compte qu’il y a des poches où les terroristes opèrent. On a bon espoir que cette force conjointe du G5 Sahel ira déloger un jour ces bandits de ces bases arrières.

 

Interview réalisée par 

W. Harold Alex Kaboré

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