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Terrorisme au Burkina : Ces drames qui questionnent sur le futur

C’est une première décade d’un mois de novembre particulièrement horrible qu’a vécue le Burkina cette année. C’est comme si, au fur et à mesure que l’année tire à sa fin, la vermine terroriste met les bouchées doubles pour déclinquer militairement, socialement et économiquement le Burkina. Plus un jour ne passe sans que ces fauteurs de troubles endeuillent des familles par ci, par là, particulièrement dans les régions du Sahel, du Nord, du Centre-Nord et de l’Est.

 

A l’orée d’une année charnière avec une élection présidentielle en vue, on se pose légitimement la question de savoir si ces ennemis avérés d’un ordre républicain découlant d’une démocratie représentative et multipartite n’ont pas en point de mire d’en saboter la tenue. Cette éventualité, aux conséquences graves parce que pouvant conduire à des rafistolages institutionnels préjudiciables à la stabilité de l’Etat, serait tout de même le moindre mal comparée à la perte totale du contrôle de plusieurs régions du territoire national, corollaire de la sanctuarisation de ces flibustiers en ces lieux.

On n’en est pas encore là, mais hélas on n’en est pas loin avec les importants revers militaires qui ne manquent pas d’affecter le moral de nos Forces de défense et de sécurité (FDS). Il s’ensuit un premier drame, car, en plus d’être asymétrique, c’est une guerre d’usure qui met à nu le désarmement en ressources humaines, matérielles et logistiques de nos FDS, qui ne savent plus à quelle stratégie se vouer pour neutraliser ces « individus armés non identifiés.» Ce drame se mesure à l’aune des nombreuses pertes en vie humaine et des déplacements massifs des populations des régions de la ligne de front vers des horizons plus paisibles.

Ces déplacés internes, qui avoisinent le million de personnes, sont la partie visible de l’iceberg du deuxième drame, humain et social celui-là, que vit le Burkina sous la menace quotidienne des attaques terroristes. Ces réfugiés dans leur propre pays, qui vivaient déjà pour certains dans la précarité sociale, voient s’aggraver leur situation de pauvreté, obligés qu’ils sont de compter sur l’assistance publique et privée pour survivre. Pendant combien de temps des écoles et des centres de santé resteront fermés dans les régions martyres, faisant ainsi baisser l’indice du développement humain durable de tout le pays ?

Par ailleurs, les abandons de champs, de bétails, de l’exploration et de la production minière ne sont pas pour arranger la situation. De fait, l’annonce par la SEMAFO de la suspension de l’exploitation de la mine d’or du Boungou est un signe qui ne trompe pas. Le Burkina paie un lourd tribut économique à la guerre contre le terrorisme. Le pays pourrait perdre sa troisième place de producteur d’or en Afrique de l’Ouest et d’importantes recettes budgétaires induites de la baisse de la production de ce métal précieux qui est son deuxième produit d’exportation. On touche du bois pour que ce désinvestissement économique qui se profile à l’horizon ne soit pas drastique non sans faire remarquer que l’embryonnaire industrie touristique et l’hôtellerie qui va avec sont déjà handicapées par la précarité de la situation sécuritaire.

Revers militaires, drame humain et social, désinvestissement économique, les perspectives de développement du Burkina ne sont pas des meilleures ; chose qui devrait nous inoculer à tous l’adrénaline d’un sursaut patriotique pour :

-         primo,  être plus solidaires des régions martyres du terrorisme en nous débarrassant, nous, les habitants des régions plus paisibles, de notre insouciance joyeuse et festive ;

-         secundo, avoir une claire conscience que l’intégrité territoriale du pays et notre vivre-ensemble sont fortement menacés, et se donner la main dans une union sacrée, chacun assumant pleinement les responsabilités qui sont les siennes pour faire front contre ces illuminés moyenâgeux.

Zéphirin Kpoda

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