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13 morts à Ménaka : Jusqu’où l’opinion française pourra-t-elle encaisser ?

 

C’est un truisme que de dire que c’est la stupeur dans les rangs de la force Barkhane, avec ces 13 militaires morts d’un seul coup dans la zone dite des trois-frontières (Mali, Burkina, Niger) par suite d’une collision frontale de deux hélicoptères. Le  drame a eu lieu dans la région de Ménaka, le lundi 25 novembre dans la soirée, et, si l’on fait foi aux explications de l’état-major général des armées françaises, un abordage évoluant à très basse altitude serait à l’origine de l’accident.

 

 

Les aéronefs participaient à une opération d’appui alors que la nuit était tombée. Engagés au sol depuis quelques jours, des commandos français traquaient un groupe de terroristes qui évoluaient en pick-up et à motos dans un espace particulièrement difficile.

 

Quelles que soient les circonstances exactes de l’accident que les enquêtes à venir vont révéler, une chose est sûre : il   allonge  tragiquement la liste des soldats français tombés dans cette bande sahélo-saharienne du Liptako-Gourma, et ailleurs.

 

De Serval en 2013 à Barkhane aujourd’hui, c’est bien la toute première fois en effet que les combattants tricolores enregistrent en un seul  jour et en un même lieu un si lourd bilan humain,  en tout cas le plus lourd depuis l’attentat de Drakkar qui fit en son temps 58 morts au Liban.

 

Avec cet épisode de Ménaka, c’est bien maintenant quelque 38 tués – 41 selon certains décomptes - que Paris déplore dans les sables du Sahel et du désert  depuis son engagement pour stopper la déferlante djihadiste  qui fonçait sur Bamako.

 

Jusqu’où l’opinion française pourra-t-elle encaisser, sans se retourner, une telle descente aux enfers de ses héros ?

 

La question mérite d’être d’autan plus posée que la tragédie de lundi dernier intervient dans un contexte où, de plus en plus dans ce même Sahel, des voix et parfois non des moindres, ne se gênent plus pour mettre en cause l’utilité de la force Barkhane, quand elles ne l’accusent pas tout simplement de jouer un double jeu en faveur de ceux-là qu’elle est censée combattre.

 

Sans remonter jusqu’à la déclaration jugée en son temps politiquement incorrecte de notre propre ministre de la Défense, Sy Cherif, en Afrique du Sud, on retiendra à titre illustratif les récriminations récentes de l’opposition malienne dans la même veine, à quoi s’est s’ajoutée la sortie de l’icône de la musique malienne, Salif Keïta, qui a donné dans la même gamme.

 

Avec l’hécatombe de Ménaka, l’opinion française n’en viendra-t-elle pas à conclure que la France est payée en monnaie de singe pour tous les sacrifices qu’elle consent au Sahel ?

 

A l’image du député insoumis Eric Coquelet, des voix  dans l’Hexagone  se sont aussitôt élevées pour réclamer que, sans désemparer, le débat soit engagé sur la pertinence de l’opération Barkhane.

 

Même si la ministre française des Armées, Florence Parly, a estimé que la pertinence ou non de l’engagement de son pays au Sahel n’est pas à l’ordre du jour ; même si le président français, Macron, et son Premier ministre, Edouard Philippe, ont multiplié les dithyrambes envers les soldats qui viennent de tomber et que les 3 présidents du Liptako-Gourma se sont associés à eux dans cet ultime hommage, ne nous faisons pas beaucoup d’illusions :  il est à peu près certain qu’après ce lundi noir, plus rien ne sera comme avant dans l’opération Barkhane.

 

 

La Rédaction

Dernière modification lemercredi, 27 novembre 2019 21:22

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