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Invalides-Fouturi : Même tragédie, même combat

Quand il ordonnait la construction de l’hôtel des Invalides par l’édit royal du 24 février 1670 pour abriter, comme son nom l’indique, les invalides de ses armées, Louis XIV était loin de s’imaginer que ce monument parisien, qui accueille toujours des infirmes et abrite une nécropole militaire,  deviendrait, près de trois siècles plus tard, le réceptacle de sang, de larmes et de sueurs de soldats français tombés sur le champ d’honneur, notamment lors d’opérations extérieures.

 

Comme ce fut le cas encore hier lundi 2 décembre 2019 avec l’hommage national rendu aux treize militaires tués une semaine auparavant dans une collision entre deux hélicoptères de la force Barkhane au Mali.

Que d’émotion dans la cour de cet immense complexe architectural !

Que de meurtrissure sur les visages, à commencer par celui du président Emmanuel Macron, de son homologue malien, Ibrahim Boubacar Kéïta, ceux des parents des victimes et ceux des frères d’armes qui pleurent des héros tombés loin de leur patrie mais pour défendre les mêmes valeurs de paix, de liberté et de tolérance.

Un sacrifice suprême devant lequel on ne peut que s’incliner.

Les mêmes valeurs que mettent aujourd’hui à mal les terroristes, que ce soit au Bataclan, au siège de « Charlie Hebdo », au marché de Noël de Strasbourg, sur la Promenades des Anglais, à Nice, à Indélimane, Tessalit et Ménéka au Mali, Koutoukou, Arbinda, Dablo, Toéni ou Foutouri au Burkina Faso.

Oui, Foutouri.

Alors que la France s’apprêtait à rendre un ultime hommage à ses héros, jusque-là anonymes,  quelque part, à l’Est du Burkina Faso, de vulgaires criminels s’en sont lâchement pris, dimanche dernier, à des fidèles d’un temple protestant réunis pour leur culte dominical.

Bilan : quatorze personnes, dont une majorité d’enfants, froidement abattus par ces individus armés.

Preuve supplémentaire de l’absurdité macabre de cette guerre imposée par des hommes sans foi ni loi, qui ne croient ni en Dieu ni en Satan et dont les desseins échappent à la conscience humaine.

Quels idéaux politiques, religieux ou autres peuvent justifier pareil massacre d’innocents ?

Quels péchés le pasteur de Fououri et ses brebis ont-ils pu commettre pour subir un tel sort ?

Passe encore que, dans cette guerre asymétrique, ces ennemis de la vie s’en prennent aux Forces de défense et de sécurité ou aux symboles de l’Etat. Mais s’acharner sur des civils aux mains nues, en pleine séance d’adoration de Dieu, au nom duquel les djihadistes prétendent combattre, c’est là un acte qui interroge l’univers tout entier et dont Lucifer lui-même se serait abstenu. 

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois au Burkina Faso que des protestants sont pris pour cible par les terroristes. Pas plus d’ailleurs que ne sont épargnés les curés  et leurs paroissiens ainsi que les imams et leurs coreligionnaires.

Le 29 avril 2019, six personnes ont été tuées dans l’attaque d’un temple à Silgadji.

Le 12 mai 2019, un prêtre et cinq fidèles de l’église de Dablo ont été visés au cours d’une messe dominicale.

Le 11 octobre dernier, seize musulmans ont péri dans un assaut contre la mosquée de Salmossi.

Et cette liste macabre n’est pas exhaustive, loin s’en faut.

On ne le dira jamais assez, toutes les communautés religieuses doivent condamner et encore condamner ces crimes de mécréants, dénoncer et encore dénoncer l’imposture que véhiculent les commanditaires et les auteurs de ces barbaries dans leur funeste désir de nous dresser les uns contre les autres.

Face à cette situation, les Burkinabè qui ont toujours vécu en bonne intelligence dans la diversité religieuse et ethnique, doivent s’unir  autour d’un contre-discours fédérateur et ne pas tomber dans le piège du communautarisme  que nous tendent les forces obscurantistes.  

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemardi, 03 décembre 2019 22:22

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