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Election présidentielle en Algérie : Système déclinqué cherche recyclage

 

Combien des 24 millions d’électeurs algériens se sont rendus hier aux urnes ? Difficile de le savoir même si, à la fermeture des bureaux de vote, l’Autorité d’organisation des élections (ANIE) a annoncé un taux de participation de 33,06%. Un Algérien sur trois aurait donc pris part à ce scrutin. C’est un taux plutôt acceptable, voire une véritable surprise quand on sait que les contestataires du mouvement Hirak, qui ont fait la preuve de leur grande capacité de mobilisation des populations algériennes depuis 10 mois, les avaient appelées à boycotter cette élection. Elle a ainsi été tenue sous haute tension, violemment perturbée dans plusieurs villes y compris Alger.

 

 

Où le général Gaïd Salah et les autres suppôts du système Bouteflika en quête de recyclage sont-ils donc allés chercher ce taux de participation de plus de 30% alors qu’à la mi-journée d’hier l’ANIE l’estimait à 7,92% et à 20,43% à 17 heures ? C’est à croire qu’entre 17 heures et 18 heures, la participation a fait un formidable bond, certainement dopée par les officines du système à fabriquer les résultats des élections depuis toujours dans ce pays.

 

Rien de nouveau donc sous le soleil de la démocratie algérienne. Les élections se suivent et se ressemblent avec leur part de manipulation des résultats au service d’un système, celui du Front de libération national (FLN) aux affaires depuis près de 60 ans. On comprend alors le « y en a marre » des Algériens qui, après avoir dit niet au 5e mandat de Bouteflika, veulent des hommes neufs pour expérimenter une nouvelle démocratie, débarrassée de la tutelle de l’armée.

 

Depuis le 16 février 2018, la rue n’a cessé de manifester sa colère et sa volonté de véritable et profond changement. Une seconde révolution en somme, qui a du mal à faire partir totalement l’ancien système. De fait, elle n’aura obtenu qu’une querelle des deux principaux clans au sommet de l’Etat, et la démission du président Bouteflika, la tenue de cette élection présidentielle, sans oublier les arrestations et les procès qui ont eu lieu sont comme pour paver le chemin de la victoire du clan du général Gaïd Salah contre celui de Saïd Bouteflika. Pas de quoi satisfaire la grande majorité des Algériens, qui voient donc dans le scrutin d’hier une grossière manœuvre d’un système vieillot et déclinqué qui veut se recycler.

 

Mais en s’abstenant à plus de 65% d’aller voter, selon les chiffres officiels, les Algériens privent le nouveau président, qui sera mal élu, de toute légitimité. Dès lors, qui qu’il soit, de Ben Flis à Abdelmadjid Teboune en passant par Abdelaziz Belaïd, Abdelkader Bengrina ou Azzedine Mihoubi, le successeur du président Bouteflika ne sera qu’un président par défaut d’une Algérie qui ne veut plus s’en laisser conter par les vestiges du FLN et la haute hiérarchie militaire. C’est dire que ce n’est pas demain que la rue algérienne va arrêter de manifester sa défiance vis-à-vis de la classe politique. Ce jour, premier vendredi postélection, nous donnera la mesure de la détermination des Algériens à ne pas se laisser voler la victoire de leur mouvement insurrectionnel. Si la rue continue de gronder avec autant de force que depuis février 2018, après deux reports, le scrutin présidentiel de ce 12 décembre n’aura servi à rien sauf à administrer la preuve qu’un système déclinqué cherche difficilement un moyen de se recycler.

 

 

Zéphirin Kpoda

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