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Kémi Séba : De l’imposture à la désinvolture

Il était de nouveau venu à Ouagadougou, où il a animé samedi dernier une conférence de presse à l’occasion du 70e anniversaire de la naissance de Thomas Sankara.

 

Ce serait sous la contrainte que Kémi Séba aurait quitté la capitale burkinabè dans la nuit du même samedi à dimanche ; autrement dit, il aurait été reconduit à la frontière, une façon polie de dire qu’il a été expulsé.

 

Mais selon une source officielle, c’était pour le protéger de la vindicte populaire de certains citoyens révoltés par ses propos irrévérencieux sur le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, au cours de la même rencontre avec les hommes de médias à l’université Joseph Ki-Zerbo.

 

Aucune décision formelle d’expulsion n’aurait donc été prise.   

 

Mais moins que les circonstances dans lesquelles il est reparti, c’est plutôt le déconcertant show qu’il s’est autorisé à produire devant des auditeurs, tout à leur joie de gober, tels des engoulevents, les insanités du conférencier du jour qui suscite des interrogations.

 

En effet, celui qui se présente comme le chantre du panafricanisme et de l’anti-impérialisme et dont les discours simplistes relèvent du seul registre de l’émotion n’a pas trouvé mieux à faire que de voler dans les plumes du président du Faso avec la vulgarité déconcertante qu’on lui a toujours connue.

 

Son assommante logorrhée contre l’hôte de Kosyam est si grave que la loi, la décence et notre éducation nous interdisent de la reproduire.

 

Mais la vidéo postée et partagée sur les réseaux sociaux par les groupies du Franco-Béninois, qui s’en repaissent, fait le buzz sur la toile.  

 

Celui qui a opportunément  épousé la cause du panafricanisme après de nombreux ennuis judiciaires en France est libre de haïr qui il veut. Comme les Juifs, quand il a osé qualifier  Auschwitz de « Paradis sur terre ».

 

Il est tout aussi libre de vénérer qui il veut.  Comme Jean-Marie Le Pen, qu’il admirait « pour sa cohérence ».

 

Mais de là à élever l’outrance aux chefs d’Etat et aux institutions de la République au rang de Beaux-Arts, il y a un pas à ne pas franchir.

 

En déblatérant contre le président Roch Marc Christian Kaboré, comme il vient de le faire, c’est à toute la République que le sieur Kémi Séba a manqué de considération et de respect.

 

Et quand on sait qu’il s’est trouvé des Burkinabè pour l’applaudir à tout rompre, il y a de quoi se demander si le bon sens est aussi la chose la mieux partagée au Burkina Faso.   

 

Au nom de qui ou de quoi s’est-il permis une telle impertinence ?

 

Est-ce dû au fait qu’il n’a pas été reçu, comme en août 2018, par le chef de l’Etat burkinabè, comme il l’a lui-même déclaré lors de sa conférence de presse ? 

 

Stellio Gilles Robert Capo Chichi, du vrai nom de Kémi Séba,  doit savoir que la façon dont on défend une cause compte autant que la cause elle-même.

 

Les luttes panafricanistes menées par Patrice Lumumba, Kwame NKrumah, Nelson Mandela, Cheik Anta Diop, Gamal Abdel Nasser, Mouammar Kadhafi et Thomas Sankara, dont il prétend être l’héritier, s’accommodent mal de l’agitation, de l’insolence, du laisser-aller et du narcissisme.   

 

Voilà un monsieur qui passe tout son temps à s’indigner du manque de considération des Occidentaux pour les dirigeants africains mais qui est sans égal pour ce qui est du manque de décence envers ces derniers.

 

De la pure imposture, s’il en est, qui trahit les véritables motivations de certains panafricanistes de vocation tardive et suspecte.

 

Mais de qui se moque Kémi Séba, lui qui a depuis des lustres vécu en France, qui a été biberonné par la République, qui a la nationalité française et les avantages qui vont avec, oui, de qui se moque-t-il quand il veut se faire passer pour celui qui crache dans la choucroute ou la bouillabaisse ?

 

Que nos chefs d’Etat ne soient pas irréprochables à tous points de vue, nous le reconnaissons.

 

Mais de là à les traîner dans la boue et à les couvrir de tous les lazzis et quolibets, ce n’est plus une question d’engagement panafricaniste, mais de manque d’éducation, n’ayons pas peur des mots.

 

Alain Saint Robespierre  

Dernière modification lelundi, 23 décembre 2019 22:58

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