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Décès Gaïd Salah : Et maintenant ?

Pour peu, on aurait dit qu’il a voulu installer le nouveau président avant de s’éclipser. 4 jours tout juste après l’investiture d’Abdelmadjid Tebboune, celui qui était réputé être son parrain, le général Ahmed Gaïd Salah, a en effet passé l’arme à gauche, à 79 ans, des suites d’une crise cardiaque au petit matin du lundi 23 décembre 2019.

 

Celui qui vient de s’en aller est l’un des derniers vétérans de la guerre d’indépendance. Né le 13 janvier 1940 et enrôlé dès l’âge de 17 ans au sein de l’Armée de libération nationale (ALN), il a gravi tous les échelons de la Grande Muette avant d’être propulsé en 2004 chef d’état-major général des armées, concomitamment vice-ministre de la Défense, par le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika dont il sera un soutien indéfectible avant d’être l’artisan de la chute.

Suite au lancement du mouvement « Hirak » en février 2019, après avoir menacé dans un premier temps les manifestants, Gaïd Salah avait en effet fini par opportunément mettre sur la touche le locataire du palais d’El-Mouradia avant de régler ses comptes avec la « bande » comme il surnommait les proches de Boutef qui ont été poursuivis par la justice et jetés en prison pour beaucoup d’entre eux.

Il était donc devenu le véritable homme fort du pays, non seulement en contraignant le grabataire de la Zeralda à la démission, mais aussi en tenant tête aux croquants, en installant un président intérimaire, Abdelkader Bensalah, à sa botte et en organisant envers et contre tous le scrutin du 12 décembre dernier dont le vainqueur ne sera autre que le candidat de l’armée, pour ne pas dire du général 5 étoiles.

Quelque part c’est comme si, sentant ses jours comptés, il avait voulu mettre de l’ordre dans la maison Algérie, conduisant ainsi sa mission au pas de charge.

Gaïd Salah parti, la grande question est de savoir quelles peuvent en être les répercussions sur la vie politique algérienne. Une chose est sûre, le  premier des orphelins est le président nouvellement élu, qui pouvait s’appuyer sur un soutien de poids, mais désormais il se libère peut-être d’une tutelle qui pouvait finir par devenir pesante.

Les adversaires du système qui battent le pavé  depuis de longs mois auraient, eux, tort de penser que la solution biologique a réglé leur problème et que le généralissime disparu, ils pourraient obtenir gain de cause dans l’interminable bras de fer avec le pouvoir. Ce serait oublier que derrière l’illustre défunt, il y avait l’institution militaire, incontournable dans la vie politique algérienne depuis l’indépendance et présente dans tous les rouages de l’économie nationale. Ce n’est pas la mort de celui qui incarnait cette omniprésence  kaki, jugée étouffante par la jeunesse, qui va faire changer les choses.

Il faut espérer d’ailleurs que les Algériens ne vont pas regretter celui qu’ils ont littéralement vomi. Si ça se trouve, ce sont des préoccupations sécuritaires qui dictaient sa conduite.

N’oublions pas que le pays a connu une effroyable guerre civile à connotation islamiste dans les années 90 et que le souvenir douloureux de cette décennie noire est encore bien présent dans les esprits.

Et quand on sait les tensions qui règnent aux frontières immédiates de l’Algérie, notamment le péril terroriste qui a cours au Mali ainsi qu’au Sahelistan d’une manière générale et le chaos libyen, on peut comprendre l’obsession sécuritaire de la nomenklatura militaire qui a sans doute peur que le pays retombe dans la chienlit.

Hugues Richard Sama

Dernière modification lejeudi, 26 décembre 2019 21:31

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