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Présidentielle bissau-guinéenne : Le chapeau ou le keffieh… à la tête du pays ?

De quel côté va pencher la balance électorale bissau-guinéenne ? Hier les 760 000 électeurs inscrits devaient en effet départager au second tour Domingos Simoes Pereira  et Umaro Sissoco Emballo, arrivés 1er et 2e avec respectivement 40, 13% et 27,65% des voix. Le premier, 56 ans, éternel chapeau sur la tête, est ingénieur en génie civil. Le second, 47 ans, est général de brigade de réserve et aime arborer un keffieh rouge et blanc.

 

A priori, on pourrait penser que le camp du PAIGC, qui partait avec une confortable avance, devrait en toute logique pouvoir transformer l’essai. Mais rien n’est moins sûr pour deux raisons : d’abord, le comportement des 25% d’électeurs qui ont choisi d’aller taquiner la truite au premier tour plutôt que d’aller aux urnes et dont personne ne sait véritablement  pour qui ils vont rouler s’ils décident cette fois-ci d’accomplir leur devoir civique. Ensuite, il y a les soutiens de poids reçus par le porte-drapeau du Madem G15, en l’occurrence du président sortant José-Mario Vaz, arrivé 4e avec 12% des voix et de Numo Nabiam avec 13%.

 

Mathématiquement donc de quoi faire la différence, sauf qu’une élection n’est jamais mathématique pour la simple et bonne raison que les prétendants ne sont pas propriétaires des voix de leurs partisans. Du reste, la direction du parti de Nabiam a dénoncé une décision unilatérale de son candidat et prévenu qu’elle ne suivrait pas la consigne de vote. Les jeux sont donc plus qu’ouverts et ce que tous les Bissau-Guinéens souhaitaient hier, c’est que le scrutin se déroule comme au premier tour, c’est-à-dire dans le calme et la sérénité pour emprunter au vocable consacré et que le verdict des urnes ne souffre aucune contestation. Puisqu’il faut bien départager les prétendants, il faut forcément un vainqueur et un perdant, mais au bout du compte, le principal gagnant, ce serait d’abord et avant tout la Guinée-Bissau, un pays qui souffre le martyre depuis son indépendance le 24 septembre 1973. Balloté entre coups d’Etat réussis, tentatives de putsch et assassinats politiques, notamment celui de Joao Bernado Vieira, il n’a jamais connu de transition pacifique. Et pour ne rien arranger, le trafic de drogue avait fini par en faire un narco-Etat qui partait inexorablement à la dérive.

 

L’élection d’hier est donc censée tourner enfin cette page sombre de l’histoire de cette colonie portugaise. C’est le principal enjeu de ce scrutin, car il ne servirait à rien qu’il y ait une dévolution pacifique et démocratique du pouvoir si c’est pour retomber dans les mêmes travers. L’autre enjeu et non des moindres pour un Etat dont la grande majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté est que la communauté internationale a d’ores et déjà conditionné son indispensable soutien au bon déroulement de la consultation électorale et aux réformes qu’il faudra entreprendre urgemment pour mettre le pays sur les rails du développement. C’est dire que les Bissau-Guinéens, qui ont eu à choisir entre le chapeau et le keffieh, savent donc désormais ce qu’il leur reste à faire.

 

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 30 décembre 2019 22:56

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