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Edito de fin d’année 2019 : Quelle année !

« Annus Horiblis »,  « Douze mois passés sous le sceau de l’infamie ».

 

Ce sont là des titres que nous avions consacrés à deux de nos précédents éditoriaux de fin d’année, le premier en 2008 et le second en 2016.

Après ces périodes d’épreuves, on pensait avoir déjà tout vu. Et on priait Dieu et les mânes afin que dans les années à venir, les Burkinabè vivent au mieux dans le meilleur des Burkina possibles.

Hélas, on était loin de s’imaginer que le pire était à venir.

L’année qui s’achève aura en effet été effroyable.

Il faut dire que c’est par le sang, les larmes et la cendre que nous avons entamés 2019, puisque dès le 1er janvier de cette année-là, à Yirgou, dans la province du Sanmatenga, des violences intercommunautaires  ont éclaté après l’assassinat d’un chef traditionnel mossi et six membres de sa famille par de présumés djihadistes.

Combien de Peuls ont-ils  été tués en représailles les jours suivants ?

Quarante-neuf, comme l’indiquent les chiffres officiels fournis par le gouvernement ?

Plus de deux cents, comme l’estiment des sources indépendantes, tel le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés ?

Comme si la terreur salafiste qui règne dans plusieurs localités du pays ne suffisait pas, il fallait en plus que viennent s’y greffer des conflits ethniques dans une nation pourtant connue comme un exemple de cohésion sociale où tous les différents groupes ethnolinguistiques et religieux vivaient en bonne harmonie.

C’était devenu presque du pain bénit pour les terroristes qui n’en espéraient pas tant et allaient donc en profiter pour dresser les Burkinabè les uns contre les autres.

Ainsi par l’infâme perfidie qui a toujours marqué leur mode opératoire, les groupes armés ont-ils voulu donner une coloration religieuse à la sale guerre qu’ils nous imposent.

Dans les régions de l’Est, du Nord, du Centre-Nord et du Sahel, des lieux de prière, des pasteurs et leurs brebis, des curés et leurs paroissiens, des imams et leurs ouailles ont été successivement des cibles d’hommes armés non identifiés, pour reprendre l’expression consacrée.

A tout cela s’ajoutent les autres massacres de civils, comme celui qui a eu lieu sur  l’axe Fada-Boungou, dans la région de l’Est, où une quarantaine d’employés de la mine d’or de SEMAFO ont été froidement abattus par des terroristes.

Pas plus tard que le 24 décembre dernier, trente-cinq personnes, dont trente-et-une femmes ont connu le même sort à Arbinda, dans la province du Soum.

Mais ce sont les Forces de défense et de sécurité qui demeurent la principale cible des forces du Mal, comme on les appelle à juste titre.

En attestent ces quelques exemples d’attaques :

-                     20 août 2019 : attaque contre le détachement militaire de Koutougou. Bilan : 24 soldats burkinabè tués.

-                     19 septembre : Cinq soldats perdent la vie dans un assaut terroriste à Toéni (Sourou).

-                     24 décembre 2019 : Sept militaires et trois gendarmes tombent au cours de l’assaut contre le poste militaire d’Arbinda. Quatre-vingt assaillants sont neutralisés.

-                     Mardi 25 décembre 2019 : Une patrouille militaire tombe dans une embuscade à Hallalé (Soum) qui a occasionné la mort de onze éléments des FDS.

Comme on le constate, 2019 aura été particulièrement sanglante tant nombre de Burkinabè, civils comme militaires, ont encore trouvé la mort du fait du terrorisme.

Par conséquent, la question sécuritaire aura été, durant ces douze derniers mois, le sujet le plus préoccupant des Burkinabè et le plus clivant au sein de l’opinion publique nationale.

En effet, c’est sur fond de polémiques sur l’intervention militaire française aussi bien au Burkina Faso qu’au Mali et au Niger que les Burkinabè sortent meurtris de l’année qui s’achève.

Que nous réserve l’avenir ?

Personne ne se fait d’illusions, ce n’est certainement pas en 2020 que l’on parviendra à dessoucher définitivement  les racines du mal sécuritaire.

Mais il y a des raisons de croire qu’après tant d’exactions sanglantes, le terrorisme est en train d’entrer dans l’âge critique, comme le montrent les résultats sur les théâtres d’opération.

Et s’il y a un vœu et un seul à formuler, c’est que les populations sentent un net recul du péril terroriste parce que nos FDS seront montées en puissance comme nous l’a  assuré récemment le chef d’état-major général des armées, Moïse Minoungou, lors de sa sortie à Arbinda pour réconforter ses hommes et les populations locales.   

2020, on ne l’oublie pas, sera une année électorale. Du moins en principe puisque les mandats du chef de l’Etat et celui des députés doivent être renouvelés avec pour la première fois la participation des Burkinabè à l’étranger en ce qui concerne le scrutin présidentiel.

Alors, votera, votera pas ?

Si tous les Burkinabè souhaitent la tenue des élections à bonne date, beaucoup sont ceux qui se demandent dans quelles conditions sécuritaires ils se rendront aux urnes.

Comment la campagne sera-t-elle menée dans certaines localités dangereuses ? 

Les agents recenseurs de la CENI pourront-ils parcourir toute l’étendue du territoire national afin d’enrôler tous ceux qui ont l’âge de voter ? Quelle crédibilité accorder au fichier électoral ?

Autant de questions qui agitent l’opinion publique et la classe politique en particulier.

Pour sûr, ce sera un sujet de polémique que d’organiser les élections dans un tel contexte sécuritaire.

Mais ne pas les tenir serait une victoire pour tous ceux qui veulent saper les fondements de la République.

Alors, c’est à l’ensemble des Burkinabè de se donner la main pour que le pari de cet important rendez-vous politique de 2020 soit tenu.

En attendant, bonne année 2020 à toutes et à tous !

 

Alain Saint Robespierre

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