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Présidentielle au Togo : Faure est resté fort pour garder le cap

 

La commission électorale nationale indépendante a reçu 10 dossiers de candidature à l’élection présidentielle du 20 février prochain au Togo. Elle devrait les transmettre au conseil constitutionnel qui a jusqu’au 28 janvier pour invalider ou confirmer, à la lumière de la loi togolaise, les prétentions des uns et des autres à gouverner le pays.

 

 

Une formalité qui devrait marquer le dernier virage vers cette échéance capitale qui a fait couler tant d’encre, de salive et de sang. En effet, durs durs ont été les préparatifs de cette élection avec une opposition qui était vent débout contre un quatrième mandat du président Faure Gnassingbé et pour des réformes constitutionnelles majeures. Pendant près de 20 mois, d’août 2017 à février 2019, elle a manifesté maintes et maintes fois dans la rue pour exiger, entre autres, un scrutin à deux tours  à la présidentielle et une limitation à deux du nombre de mandats à la tête de l’Etat avec effet rétroactif. Un véritable bras de fer a été ainsi engagé avec le pouvoir qui, par l’usage du bâton et de la carotte, a maintenu le cap vers une élection présidentielle en 2020.

 

Qui eût cru, au plus fort de cette tempête sociale, que le pouvoir de Faure Gnassingbé ne sombrerait pas, hommes et institutions ? Les croquants togolais, qui s’inspiraient visiblement de l’insurrection populaire qui a balayé le régime de Blaise Compaoré trois années plus tôt au Burkina, ont dû déchanter. Fort de son expérience d’un demi-siècle aux commandes de l’Etat togolais, le système Gnassingbé a plié sans rompre. Et la candidature de Faure à cette élection présidentielle, qui sera très probablement validée par le conseil constitutionnel, est l’illustration parfaite que son pouvoir a résisté victorieusement aux coups de boutoir de l’opposition.

 

Jean-Pierre Fabre, Tikpi Atchadam, Brigitte Adjamagbo-Johnson et autres opposants purs et durs au régime en place ne peuvent s’en prendre qu’à leurs tâtonnements et à leurs querelles de clochers qui ont permis à Faure Gnassingbé de remporter le bras de fer qu’ils lui avaient imposé par la contestation populaire. Encore heureux pour la crédibilité de ces stratèges de l’opposition qu’ils aient décidé de ne pas répéter l’erreur de boycotter la présidentielle après les législatives de décembre 2018. En effet, n’est-ce pas mieux pour l’opposition togolaise de voir dans la révision constitutionnelle de 2019, le verre des réformes politiques qu’elle exigeait à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ? De fait, elle a permis l’adoption d’un scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour la présidentielle et la limitation des mandats du chef de l’Etat à deux. Concernant la rétroactivité de cette disposition constitutionnelle et le départ du pouvoir de Faure Gnassingbé, il faudra repasser.

 

 A ce propos, la présidentielle du 22 février sera-t-elle la bonne pour l’opposition ? Renverra-t-elle Eyadema fils à ses rêves de pouvoir monarchique ? Rien n’est moins sûr, car l’opposition togolaise est encore et toujours victime du syndrome masochiste de l’autoflagellation par l’émiettement de ses forces. C’est connu, la coalition C 14, qui avait cristallisé le mécontentement populaire autour d’elle contre le pouvoir Gnassingbé, a volé en éclats quand il a fallu lui donner une charte pour en faire un front politique uni face au parti au pouvoir. Des leaders de l’opposition togolaise préfèrent être une tête de rat qu’une queue de lion, croyant plus à leur étoile personnelle qu’à l’aura d’un candidat unique en son sein. Pour quel résultat ?

 

Réponse le soir du 22 février prochain. Et ce ne serait pas une surprise si l’UPR, le parti présidentiel, surfant sur sa victoire aux législatives de décembre 2018, venait à faire élire Faure Gnassingbé dès le premier tour.

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 12 janvier 2020 16:25

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