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Présidentielle au Burundi : Pierre Nkurunziza met sur orbite Evariste Ndayishimiye

Fin du faux suspense quant au candidat du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) à la présidentielle du 20 mai prochain :  en effet, à la fin de trois jours de prières, le demi-millier de délégués du parti présidentiel n’a pas seulement fait des adieux anticipés à leur timonier, Pierre Nkurunziza, mais aussi officiellement annoncé que le général Evariste Ndayishimiye serait leur candidat pour lui succéder.

 

La messe est dite, pardon, le culte a été célébré dans une liturgie aux accents uniformisés pour s’achever dans un unanimisme qui a oint un fidèle disciple du pasteur Nkurunziza. Et ce qui était un secret de polichinelle est devenu une «décision souveraine» du parti CNDD-FDD. Il a avalisé, sans une once de contradiction, le choix de son Conseil des sages qui lui-même avait confirmé le choix du groupe des généraux de l’ex-rébellion hutu, qui ont noyauté et dirigent l’armée burundaise depuis 15 ans.

 

Le choix d’un groupe de généraux est devenu ainsi le choix du parti majoritaire. Quand on sait que ce groupe de hauts gradés de l’armée est informel et que ses réunions sont convoquées et dirigées par le président Nkurunziza, qui est par ailleurs président du Conseil des sages du CNDD-FDD, on n’a pas besoin d’une boule de cristal pour affirmer que le nouvellement promu candidat du parti majoritaire à la prochaine présidentielle est «le bon petit» de l’actuel homme fort du Burundi. En un mot comme en mille, Pierre Nkurunziza met sur orbite Evariste Ndayishimiye, son homme de main, pour lui succéder à la magistrature suprême du pays.

 

Ainsi vont les républiques bananières ! Quand l’envie de régner at vitam aeternam ne donne pas le vertige du trône aux princes du moment, ils s’ingénient à se paver une voie de retraite dorée dont l’un des outils, pensent-ils, est un successeur dévot du système qu’ils ont mis en place. C’est à ce jeu que s’essaye Pierre Nkurunziza. Car, après avoir fait accorder des avantages matériels et financiers exorbitants au président retraité qu’il sera bientôt, il a œuvré à se trouver un dauphin qui lui obéit au doigt et à l’œil. L’homme fort de Bujumbura  rêve donc de partir tout en gardant la haute main sur la politique gouvernementale du Burundi.

 

Mais le rêve est souvent différent de la réalité. On a vu des dauphins apparemment dociles qui, une fois califes à la place du calife, se muent en Brutus et, à défaut d’occire leur parrain politique, refusent d’en être l’épouvantail. Regardez du côté de Kinshasa où, à l’évidence, Joseph Kabila ne vit pas le parfait amour avec Félix Tshisekedi. Plus illustratif encore des cas de divorce orageux entre parrain et filleul politiques, l’exemple d’Edouardo dos Santos et de Joao Lorenzo en Angola. Après 38 ans de pouvoir sans partage, le premier avait cru trouver dans le second, un successeur à même de lui conserver un rôle politique à la tête du parti majoritaire. Mais un an après qu’il eût cédé le fauteuil présidentiel, il a été évincé de  la direction du MPLA, et la brouille entre l’ex-parrain et l’ex-filleul est à son paroxysme de nos jours avec les poursuites judiciaires engagées contre la fille et le fils de Dos Santos.

 

A l’évidence, le filleul cherche toujours à marquer de sa propre  empreinte  la gouvernance du pays, quitte à se démarquer de l’héritage parfois encombrant du parrain. Alors question : le dauphin Ndayishimiye, une fois aux commandes de l’Etat, continuera-t-il d’obéir à son parrain Nkurunziza et lui permettra-t-il d’influer toujours sur la conduite des affaires de l’Etat ? On attend de voir.

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification lemardi, 28 janvier 2020 00:42

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