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Evacuation Djibril Bassolé: Que de temps perdu !

Quand, le mardi 28 janvier 2020, l’avion dans lequel il avait pris place a décollé autour de minuit, ses proches ont dû pousser un long et bruyant ouf  de soulagement. Ses amis politiques et ses avocats aussi. Le général Djibril Yipéné Bassolé a en effet été évacué en France, où il est arrivé hier matin et où, selon de bonnes sources, il avait rendez-vous avec son médecin. Il a obtenu la permission moyennant le paiement d’une caution de 30 millions de FCFA.

C’est l’aboutissement d’interminables mois de tractations politico-judiciaires. Condamné  à 10 ans de prison pour son implication dans le putsch manqué de septembre 2015, le premier général de gendarmerie de notre pays, qui était retourné à la MACA après le verdict (1), souffre d’une forme rare de cancer appelée maladie gélatineuse  du péritoine, ce qui lui avait valu un premier séjour médical en Tunisie entre mars et mai 2019. Puis, il était rentré dans l’espoir de pouvoir ressortir pour des soins plus appropriés selon les promesses qui lui auraient été faites. Et l’attente s’est prolongée au point sans doute de désespérer l’illustre patient (et sa famille) qui avait dû de nouveau être admis à l’hôpital de Tengandgo au vu de la dégradation manifeste de son état de santé, ainsi que l’attestent les photos récentes qui ont circulé ces derniers temps sur les réseaux sociaux.

A vrai dire, le cas Bassolé divise l’opinion burkinabè depuis longtemps. Il y a ceux pour qui il est un prisonnier comme n’importe lequel, qui n’a pas droit à un traitement particulier, même s’il voulait partir se soigner à ses propres frais. Les plus méchants vont jusqu’à ajouter que du temps de Blaise Compaoré, quand ils étaient au pouvoir, ils ont aussi été impitoyables vis-à-vis de leurs opposants ; d’autres, par contre, estiment que nonobstant ce qu’on peut lui reprocher, l’état dans lequel il se trouve commande la compassion et que, pour des raisons purement humanitaires, il fallait lui laisser la latitude de bénéficier de soins plus adéquats.

Les autorités politico-judiciaires, qui renâclaient jusque-là à lui accorder la précieuse autorisation de sortie, auront donc finalement été sensibles à ce dernier argumentaire. Cette décision participe sans doute d’une certaine volonté de décrispation politique dans la mesure où l’opposition, à commencer par son chef de file, Zéphirin Diabré, s’était faite l’avocat du malade, dont la situation avait même été évoquée au cours du dialogue politique avec la majorité du 15 au 22 juillet 2019. Et il n’y a pas encore longtemps, Zéphirin Diabré avait pris sa plume pour plaider auprès du président du Faso la cause de l’ancien ministre des Affaires étrangères.

Il faut saluer l’humanisme dont viennent de faire montre les responsables burkinabè. Mais que de temps perdu ! Un temps si précieux quand on lutte contre la maladie. Et il faut espérer que, malgré ces mois perdus, il nous reviendra en meilleur état qu’il ne l’était au départ, quitte à retrouver sa cellule  à la maison d’arrêt militaire.

 

(1(1) Suite à la dégradation de son état de santé en prison, il avait bénéficié d’une liberté provisoire le 10 octobre 2017

 

Issa K. Barry

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