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Centre de réinsertion de Laye : Saccage après le meurtre d’une jeune fille

 

A Laye la nuit du 17 février 2020 était agitée, pour meurtre d’une collégienne de 17 ans, enfant unique de ses parents. Les habitants, qui soupçonnent  les pensionnaires du centre de réinsertion sociale d’avoir commis le crime, ont saccagé et brûlé quelques locaux dudit centre. Désormais les enfants en conflit avec la loi sont des persona non grata à Laye.

 

 

 Peu avant midi, quand nous arrivons sur les lieux, une partie de la  broussaille aux alentours du centre pour mineurs en conflit avec la loi  avait  déjà brûlé. Par endroits, encore des flammes ou de la fumée. La plaque qui indique la situation du centre a fait les frais de la révolte : tordue et déchiquetée par endroits. Les unités de la police : BAC, UIP, CRS et GSP maintiennent  la foule, en colère, loin du Centre.  

 

Sous les caïlcédrats au bord du bitume, à quelques centaines de mètres  du lieu du meurtre, le procureur, le chef de brigade de la gendarmerie et le commissaire de Laye, accoudés sur une Mercedes chromée,  sont en conciliabule. Un peu loin de là, la famille de la défunte qui fait son ‘’ Gourgou’’ sous des arbres. « Chez nous, dans nos coutumes si vous perdez quelqu’un dans ces circonstances, vous ne pouvez pas recevoir les salutations funèbres à la maison. Vous vous déplacez jusqu’à côté du lieu du crime pour les condoléances. C’est pourquoi nous sommes  ici », a expliqué un vieux du nom de Noaga Zongo, adossé à un arbre non loin de la scène de crime.

 

Tout a basculé dans la nuit du 17 février aux environs de 19 heures. Rentrée de l’école, Romaine Zongo charge son pousse-pousse de quatre bidons et se rend à la fontaine, située à quelques pas du Centre pour mineurs en conflit avec la loi pour chercher de l’eau. Après avoir rempli ses récipients, Romaine, âgée de 17 ans et en classe de 5e, ne rentrera plus à la maison. Au tour de 19 heures, on retrouvera son corps sans vie gisant  dans les broussailles, pas très loin du Centre. « Quand on nous a alerté sur sa disparition, nous sommes allés à sa recherche. C’est ainsi que nous avons  retrouvé la charrette avec les bidons et ses chaussures sur la route et à quelques deux cents mètres du centre. Sur les lieux nous avons constaté au sol des traînées. En suivant ces  traces, nous avons d’abord retrouvé le slip et la jupe de la fille. En allant encore plus loin nous avons découvert son corps sans vie. Nous avons constaté  qu’elle a été violée et étranglée avec son soutien gorge », a conté Noaga Zongo (Ndlr : Nous disposons d’une photo de la victime étranglée.  Mais pour certaines raisons, nous nous gardons de publier cette photo).

 

La police s’est immédiatement rendue sur les lieux pour les constations d’usage. Les investigations vont se poursuivre. «  Nous n’écartons aucune piste. C’est sûr que c’est criminel. Mais pour le moment nous ne pouvons dire que ce sont les pensionnaires du centre. La constatation a été faite. Il y a eu des prélèvements, et nous attendons les résultats », a indiqué  le procureur du Faso près le tribunal de Grande instance de Ziniaré, Tondjoa Sagnan.

 

Mais pour les habitants, le coupable est tout trouvé : ce sont des pensionnaires du centre de réinsertion. Les preuves de cela, c’est le grand-père de la défunte qui les fournit. « Ces enfants se sont déjà adonnés à des actes criminels. Ils ont déjà tué une femme à peu près au même endroit. Ils ont pris un de nos fils un jour qu’ils voulaient abattre avec une arme ; fort heureusement, il y a eu des gens qui sont venus vite à son secours. De plus dans un quartier pas très loin d’ici ils sont allés pour voler et on a tué quelques-uns d’entre eux », a relaté Koudaogo Zongo. Sans attendre justice, ils ont donc tenté de lyncher les pensionnaires. « Ils ont  ôté une vie, il faut aussi  leur ôter une vie. C’est ainsi que nous nous sommes rendus sur les lieux pour demander qu’on nous les livre. Avec les négociations, nous nous sommes calmés. Mais les jeunes en colère  ont  brûlé leurs hangars et détruit quelques-uns de leurs bâtiments », a détaillé le vieux Noaga Zongo.

 

Si le pire a été évité, il semble que  la cohabitation entre pensionnaires et populations de Tampèlga n’est plus possible :  jeunes, femmes, vieux et vielles, avant que nous ne quittions les lieux, nous répétaient sans cesse qu’ils ne voulaient plus de ce centre dans leur localité. Au moment où nous quittions les lieux, il était impossible d’accéder au  centre, quadrillé par des unités de la police.

 

 

 

Lévi Constantin Konfé

 

 

 

Encadrer

 

 

 

Communique de monsieur le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ziniaré

 

 

 

Le 17 février 2020, aux environs de 19h, le commissariat de police du district de Laye était informé de ce qu’une jeune fille âgée de 17 ans, élève en classe de 4e au collège d’enseignement général de Tampelga aurait été découverte sans vie.

 

Selon les dires des proches de la défunte, elle aurait quitté le domicile autour de dix-sept (17) heures pour chercher de l’eau au forage du centre de Laye pour mineurs en conflit avec la loi.

 

Conformément aux instructions que nous avons données, l’équipe de la police judiciaire accompagnée du major du CSPS de Laye s’est rendue sur les lieux aux fins de constatations. Au regard des indices matériels qui laissaient présumer un acte criminel, l’équipe d’enquête a sollicité et obtenu l’appui de la police technique et scientifique. Un certain nombre de précautions médico-légales ont été prises afin de vérifier l’hypothèse selon laquelle la défunte Zongo Romaine aurait été violée et étranglée.

 

Alors même que les constatations étaient toujours en cours, une rumeur selon laquelle le ou les auteurs se trouveraient au sein des mineurs du centre, a draîné un mouvement de foule en direction dudit centre. La foule qui exigeait à ce qu’on leur remette les enfants pour qu’elle puisse venger la mort de leur fille, a commencé à saccager les locaux du centre ; face aux risques imminents de danger, la décision d’évacuer les mineurs a été prise et exécutée autour de quatre (04) heures du matin.

 

On dénombre des destructions de matériels roulants, l’incendie de trois bâtiments et plusieurs autres matériels qui servaient d’outils de travail aux fins de réinsertion desdits mineurs.

 

Avant de renoncer à leur intention de brûler le centre, les protestataires ont exigé la délocalisation pure et simple de celui-ci.

 

Le procureur du Faso rappelle la nécessité de collaborer avec les services d’enquête dans un climat apaisé afin de retrouver les éventuels auteurs, complices et/ou coauteurs.

 

Appel est également fait à toute personne qui disposerait d’informations de nature à faire avancer l’enquête de prendre attache avec le commissariat de police du district de Laye.

 

C’est le lieu pour nous de saluer la contribution des autorités locales et communales ainsi que la prompte intervention des unités d’invention de la police nationale et de l’administration pénitentiaire qui ont permis la tenue paisible des constatations durant toute la nuit du 17 au 18 février 2020 et de contenir la foule.

 

Le procureur du Faso présente ses sincères condoléances à la famille éplorée.

 

Ziniaré, le 18 février 2020

 

 

 

Le procureur du Faso

 

SAGNAN Tondjoa

 

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