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Etablissement «gratuit» de la CNIB : Mon œil !

 

«Tout ce qui est public devrait être gratuit. L’école, les transports et les filles». Ce n’est pas moi qui le propose, même si je partage en partie cette assertion. C’est une saillie de l’artiste, comique et écrivain français Alphonse Allais. S’il ne tenait qu’à moi, dans le contexte burkinabè, il aurait pu même ajouter les actes d’état civil, notamment l’établissement de la carte nationale d’identité. En effet, la gratuité en la matière a le vent en poupe par ces temps qui courent.

 

 

C’est du reste le constat que l’on fait à l’approche de tout scrutin, une aubaine plus que jamais rêvée pour organisations prétendument de la société civile ou pour leaders de partis politiques qui se mettent à  rêvasser  d’un destin national. La CNIB étant le sésame plus commode pour glisser le bulletin dans l’urne. Et devant la gratuité de sa confection, citadins comme ruraux s’en donnent à cœur joie, méritant encore plus le statut infamant de … bétail électoral. Les politiques jurent la main sur le cœur qu’ils le font de façon désintéressée, par devoir patriotique et citoyen.

 

Ne jetons cependant pas le bébé avec l’eau du bain. Comme le dit si bien Wikipédia, la gratuité d’un produit ou d’un service peut aussi participer d’une volonté plus ou moins altruiste, philanthropique, solidaire ou charitable, sans recherche de profit, si ce n’est le bonheur du bénéficiaire. A titre d’exemple et pour tropicaliser, cette belle histoire de gratuité désintéressée de la part de Lila Chouli, chercheuse française auteure de plusieurs livres sur le Burkina,  qui avait confié à ses parents avant son décès, le 25 mars 2016, sa volonté de construire une école dans un village du Burkina. Aujourd’hui, son vœu a été, pour ainsi  dire, exaucé à travers son legs de 15 millions qui a permis la construction de l’école primaire de Douré dans la commune de Ziniaré.

 

Il n’en demeure pas moins que, fort malheureusement, les bénéficiaires du gratuit paient le prix… tôt ou tard, et c’est souvent le prestataire qui en définit la nature et les conditions, différentes, voire souvent opposées, à ce que souhaiterait le bénéficiaire. Au bien gratuit est souvent associé un élément au bénéfice du fournisseur, éventuellement désagréable  pour le bénéficiaire, mais pas assez pour qu’il renonce au bien, en obtenant de lui ce qu’on souhaite, notamment s’il s’agit du domaine politique, voter pour son candidat. Alors chers politiciens, acteurs et actrices des OSC, souvent discrètement adossés à la faune politique, en quoi votre gratuité promeut le développement ? La gratuité. A quoi bon ? Peut-on même se demander. Dans ce pays, on a même essayé de promouvoir les loisirs par la gratuité. Sans succès ! Il vous souvient qu’il fut une époque où, pour donner une ambiance de Champion’s League à nos rencontres sportives, on distribuait les tickets aux entrées des  stades.

 

 

 

Issa K. Barry

 

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