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Arrondissement 8 : Béouindé rend visite à ses déplacés internes

 

Le contingent de déplacés internes, notamment dans les grandes villes, grossit au rythme des incursions terroristes dans de paisibles villages. 5000 d’entre eux, selon le maire de la capitale, ont déjà trouvé refuge à Ouagadougou. Armand Béouindé est allé  le 18 février 2020 « accueillir »  des familles nouvellement arrivées à l’arrondissement 8 de la capitale.

 

 

Une trentaine de femmes assises à l’ombre de neemiers, le regard vide, avec pour seul horizon l’incertitude et le désarroi. La flopée de gamins sont  étrangement silencieux à leurs côtés, comme s’ils avaient perdu le goût de jeu. Les nombreux nourrissons s’accrochent âprement  aux seins de leurs mères, depuis quelques jours leur  unique  source  d’alimentation. Au milieu du harem, Mahamoudou Ouédraogo, le patriarche, veille sur les femmes de ses enfants et de ses petits frères. Les hommes, explique-t-il, s’ils n’ont pas été tués par les hordes de terroristes qui ont débarqué un jour dans leur village, Yalgo, dans la commune de Pensa, se trouvent dans d’autres localités du Burkina, voire hors du pays.  Avec 49 des leurs, ils ont fui aussi loin qu’ils le pouvaient, se retrouvant, à Bissighin, dans la périphérie nord de Ouagadougou. Là, depuis deux semaines, ils sont rattrapés par une dure réalité : celle d’être des déplacés  dans leur propre pays. «Nous n’avons ni nourriture ni toit», s’émeut le vieillard devant la délégation conduite par le bourgmestre de la capitale, et celui de l’arrondissement 8,  tous deux venus prendre le pouls de la situation.

 

Même détresse à Nonghin, dans les environs du quartier Rimkièta. Parmi la cinquantaine de déplacés, Abdoulaye doit vivre avec deux balles dans le corps. Des individus armés ont ouvert le feu dans leur mosquée à Salmossi, dans l’Oudalan. 14 personnes ont trouvé la mort ce jour-là. Lui a eu un peu plus de chance puisqu’il est toujours en vie malgré les séquelles physiques de cette attaque qu’il porte. Avec les autres membres de la famille élargie, il a élu domicile chez un cousin qui peine à assurer le gîte et le couvert. La solidarité familiale s’exprime aussi à Zagtouli où 72 personnes ont été accueillies par des parents. Elles aussi lancent un appel à l’aide. Même s’il est venu les mains vides, Armand Béouindé a promis de rapporter ce cri du cœur au gouvernement au plus haut niveau. Selon l’édile, sa ville accueille en ce moment environ 5000 déplacés internes. L’arrondissement 8, à lui seul, en enregistre 294 à la date du 10 février, selon une estimation des services sociaux. A ceux à qui il a rendu visite, l’édile a fait savoir que  Ouagadougou n’offrait pas de  meilleures conditions pour leur prise en charge. L’idéal pour eux, selon Béouindé, est de rejoindre les sites  d’accueil  officiels que sont Foubé et Barsalogho.

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

 

 

Encadré

 

 

 

Point des déplacés (arrondissement 8) à la date du 10 février

 

- 181 enfants

 

- 85 femmes

 

- 29 hommes

 

- 24 enfants scolarisés

 

- 4 femmes enceintes

 

- 7 personnes âgées

 

- 45 ménages

 

 

 

 

 

 

 

Encadré 2

 

 

«Les policiers municipaux tapent à la mauvaise porte»

 

 

 

Au cours d’une conférence de presse animée le 15 février 2020, le Collectif des policiers municipaux du Burkina (COPM/B) avait dénoncé « le mépris et les maltraitances » dont seraient victimes les flics de la part du président de l’association des municipalités du Burkina, Armand Béouindé. Interrogé à l’issue de sa ronde des sites de déplacés, le maire  a estimé que les contestataires « tapaient à la mauvaise porte » pour faire entendre leur cri du cœur: «Aujourd’hui quand vous regardez la police municipale, nous avons renforcé sa capacité logistique et ses équipements. Les policiers posent un problème qui ne peut pas être résolu par les collectivités territoriales. C’est un problème de reclassement et c’est l’Etat seul qui peut  signer le décret.  Il n’appartient pas à un maire de signer un décret pour reclasser un agent. Ce qu’ils nous demandent, c’est de reclasser les anciens pour qu’ils soient au même niveau de traitement que les nouveaux agents, alors que selon la loi, le reclassement n’est  pas possible. La seule manière d’avancer dans un corps de l’Etat, c’est de passer un concours professionnel. Et tous les ans, nous ouvrons des concours professionnels pour les agents qui sont en capacité de les passer. Mais il y a beaucoup d’agents qui sont proches de la retraite, qui ont dépassé l’âge de passer ces concours et qui n’ont plus la chance d’avancer. C’est une question de gestion de carrière. Imputer ce tort aux collectivités territoriales en faisant croire que ce sont  elles qui bloquent les choses, ce n’est pas sérieux. »

 

 

H.R.S.

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