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Pourparlers interlibyens: Constance dans l’échec

Les pourparlers interlibyens se suivent et se ressemblent,  allant d’échec en échec. Dernier en date, celui qui se profile à Genève où étaient réunis cinq représentants du Gouvernement d’union nationale (GNA) de Faez el-Sarraj, cinq autres du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, sous l’égide des Nations unies représentées par Hassan Salamé, son émissaire pour la Libye. Ce dialogue direct entre les différents protagonistes de l’interminable crise libyenne avait été décidé lors de la conférence de Berlin tenue le 19 janvier 2020. Mais l’espoir né de cette rencontre berlinoise aura été de courte durée.

Le GNA, reconnu par la communauté internationale, vient en effet d’annoncer la suspension de sa participation aux négociations en cours sur les rives du lac Léman. Une décision motivée selon lui par les violations répétées, par le camp d’en face, de la trêve en vigueur depuis janvier dernier. Le gouvernement d’union nationale parle ainsi de «crimes de guerre documentés» qui nécessiteraient des «mandats d’arrêt internationaux». Il faut dire que cette «drôle de trêve» n’a jamais vraiment été respectée, encore moins un tout aussi improbable cessez-le-feu. Alors même que les tractations berlinoises se menaient, les troupes du maréchal rebelle s’illustraient dans une démonstration de force, fermant l’accès aux terminaux pétroliers de la région orientale sous son contrôle et maintenant l’étau autour de Tripoli qu’elles tentent de prendre depuis avril 2019. Et pas plus tard que le 18 février, une quinzaine de roquettes ont été tirées sur les ports de Tripoli et Al- Chaab, tuant trois civils et en blessant cinq autres. Il faut croire que ce sont les projectiles de trop qui ont fait déborder le vase du gouvernement d’union nationale qui, lui non plus, n’est pas à l’abri de tout reproche avec ses soutiens logistiques turcs et ses mercenaires stipendiés par Ankara qui ont mis pied dans le bourbier libyen.

Nouvelle impasse donc après les précédents fiascos qui ont émaillé depuis de longues années cette crise libyenne. De Paris à Moscou en passant par Addis-Abeba, Tunis, Dakar ou Rome, le décor n’a cessé de changer tandis que l’échec demeurait une constante. On a tout essayé sans jamais trouver la bonne potion contre le chaos dans lequel se débat le pays de Kadhafi. Un séisme politique dont les répliques ont malheureusement gagné de nombreux pays sahélo-sahariens.

Alors, puisqu’il ne s’agit que d’une suspension de sa participation, il faut espérer que le GNA reviendra à de meilleurs sentiments pour poursuivre ce qu’il a commencé, car personne d’autre que les Libyens eux-mêmes ne ramènera la paix et la sécurité dans leur patrie qu’ils s’attellent méticuleusement à détruire depuis bientôt dix ans.

 

H. Marie Ouédraogo

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