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Problématique de la dette intérieure : « Evitez de livrer aux DAF qui vous appellent en urgence »

Le Club des hommes d’affaires franco-burkinabè (CHAFB) a organisé un dîner-débat sur le budget de l’Etat, exercice 2020, et la problématique de la dette intérieure le jeudi 28 février 2020 à Ouagadougou. S’agissant du deuxième point, le ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, Lassané Kaboré, a invité les uns et les autres à prendre connaissance des processus de contractualisation de l’Etat et à toujours suivre les procédures.

 

Pour ce dîner-débat, on peut le dire, le ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, Lassané Kaboré,a mobilisé ses équipes techniques pour un appui. Il l’a lui-même déclaré sur un ton taquin avant de passer la parole au directeur général du Budget, Vieux Abdoul Rachid Soulama, qui a présenté les grandes lignes de la loi de finances 2020. Ainsi, elle s’établit en recettes à 2233,32 milliards de francs CFA et en dépenses à 2518,46 milliards F CFA. Les recettes propres sont évaluées à 1894,78 milliards F CFA (1697 milliards en 2019) et les ressources extérieures sont de 338,53 milliards F CFA (257,564 milliards F CFA en 2019). Les dépenses courantes se chiffrent à 1642 milliards F CFA contre 856 milliards pour les dépenses en capital.

Selon les explications du communicateur, l’élaboration de ce budget a pris en compte des éléments du contexte aux plans international et régional. Entres autres, il a évoqué la stagnation de l’activité économique dans les pays avancés (1,7% en 2019 comme en 2020), l’accélération de l’activité économique dans les pays émergents et en développement (3,9% en 2019 et 4,6% en 2020), la hausse de la croissance dans les pays subsahariens (3,2% en 2019 et 3,6% en 2020) et ce à travers une hausse du prix de l’once d’or, etc. Sur le plan national, il y a la croissance de la production céréalière (4,8%), celle de la production cotonnière (14,8%), l’augmentation de la production nationale d’or (21,7%) et une hausse des importations et des exportations. A cela s’ajoutent des priorités comme le contexte sécuritaire, l’organisation des prochaines élections, la rationalisation de la masse salariale et le respect du seuil de déficit à ne pas dépasser, 3% maximum comme arrêté au niveau de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine).  

Que dire de l’ECO ?

Le deuxième volet de la présentation a été assuré par le directeur de la dette publique, Serges Toé. A l’en croire, la dette intérieure comprend la dette contractuelle (1748 milliards F CFA), la dette garantie par l’Etat (125 milliards F CFA), la dette non contractuelle (pas de créances à ce jour) ou flottante et les passifs conditionnels. A ce niveau où le règlement peut prendre jusqu’à 90 jours, il a déclaré qu’il n’y a pas d’arriéré de paiement, ajoutant qu’il existe un autre type de dettes non répertorié dans les catégories citées précédemment, soit parce que la passation de marché n’a pas suivi la procédure ou que l’exécution a été retardée. Elle n’est pas reconnue par l’Etat mais est revendiquée par les fournisseurs. Pour le ministre, cela ne signifie pas que l’Etat est de mauvaise foi mais que ces dettes ont été constituées alors qu’elles ne remplissent pas les conditions nécessaires. « On peut penser que c’est de la surfacturation, surtout qu’il n’y a pas eu de concurrence », a-t-il déclaré, expliquant qu’avec l’audit qui a été réalisé en 2016 dans ce sens, l’on comptabilise une soixantaine de milliards F CFA de dettes dont seulement 12 milliards F CFA sont régulières. « Nous devons nous assurer que les autres correspondent réellement à un service rendu à l’Etat avant de prendre des dispositions pour procéder aux paiements », a-t-il indiqué, convaincu qu’il faut sensibiliser les uns et les autres aux processus de contractualisation de l’Etat pour leur éviter des situations dommageables. « Si un DAF (directeur des affaires financières) vous appelle pour vous dire de venir lui livrer quelque chose rapidement, il faut éviter de le faire car si vous n’avez pas de contrat en bonne et due forme, ça va être une perte de temps pour vous », conseille le ministre qui s’est également prononcé sur l’ECO, projet de monnaie unique de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Après avoir rappelé les étapes du processus, il a déclaré qu’entre l’annonce et la réalité, ça peut prendre du temps. « Ça ne peut pas être pour juillet. L’ECO vaut combien de francs CFA ? Quels sont les signes monétaires ? », s’est-il interrogé, soulignant qu’il faut au minimum deux à trois ans de travail.

Pour le premier vice-président du Club, le Dr Ernest Toé, la rencontre a été  très édifiante. « Nous avions quelques préoccupations quant à la dette intérieure ou des difficultés liées au paiement des impôts (absence de réseau) mais nous partons tous rassurés. Maintenant, nous savons que des efforts sont en train d’être faits pour satisfaire les opérateurs qui interviennent tous sur le territoire burkinabè », a-t-il déclaré.

 

Zalissa Soré

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