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Enième report des élections guinéennes: Le temps, principal ennemi d’Alpha Condé

En décidant in extremis de reporter les élections législatives et référendaires qui devaient se tenir le 1er mars dernier, le président guinéen, même s’il n’avait pas donné de nouvelle date, avait néanmoins fixé le léger report à deux semaines. C’est donc en principe le dimanche 15 mars prochain que le double scrutin va avoir lieu. A l’évidence, on s’acheminait vers un report autrement plus important. La nouvelle date était en effet suspendue aux travaux des experts commis par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour auditer le fichier électoral guinéen. Et on ne voyait pas trop comment ces fins limiers de l’information, qui ont débarqué à Conakry le 3 mars dernier, pouvaient en si peu de temps examiner le document à problèmes  et permettre l’organisation d’élections crédibles et transparentes.

C’est donc maintenant officiel : les électeurs guinéens devront encore attendre pour se rendre aux urnes, dans ce qui ressemble à un véritable tâtonnement où on vole de report en report, d’improvisation en improvisation. « Tout ce que je peux dire, c’est que les élections n’auront pas lieu dimanche », a en effet annoncé le patron de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), Amadou Salifou Kebé. Si la mission des experts de l’organisation sous-régionale, conduite par son commissaire aux Affaires politiques, Paix et Sécurité, le général Francis Béhanzin, n’a pas encore formellement terminé le scannage du fichier de tous les problèmes, elle a néanmoins rendu ses premières conclusions-synthèses assorties de recommandations  adressées à la CENI et au ministère des Affaires étrangères.

Le nœud gordien à trancher, on le sait, ce sont les 2,5 millions d’électeurs dits « problématiques » recensés sans le moindre document d’identité et parmi lesquels figurent pêle-mêle des doublons, des mineurs et des cadavres et dont les missi dominici de la CEDEAO demandent purement et simplement le retrait. A ceux-là s’ajoutent deux autres millions d’électeurs qui ont présenté des attestations contresignées, 12 000 ayant présenté une carte d’étudiant, sans oublier les anomalies sur les dates de naissance, les enregistrements multiples, etc.

C’est donc un véritable travail d’essorage du fichier corrompu, qui en réalité devrait nécessiter une véritable remise à plat pour assainir le document avant de convoquer les électeurs, qui attend les experts de la CEDEAO. Une entreprise  qui va forcément nécessiter et de l’argent et du temps. Or le temps, c’est tout ce dont Alpha ne dispose pas, engagé comme il est dans une marche forcée pour la révision de la Constitution qui devrait lui permettre de s’ouvrir la voie à un 3e mandat  au palais de Sékoutoureya.

Plus que ses adversaires du Front national pour la défense de la démocratie, qui battent le pavé guinéen depuis des mois pour faire pièce à sa tentation monarchique, le véritable ennemi du premier magistrat guinéen n’est autre que le chrono :  car en vertu de la Charte de l’UA (Union africaine) et de celle de la CEDEAO, qui proscrivent toutes deux la révision des textes fondamentaux (Constitution, Code électoral), Alpha Conté a jusqu’au 21 avril au plus tard pour fourguer son machin constitutionnel ou… renoncer. Comme vient de le faire du reste son homologue et voisin ivoirien Alassane Dramane Ouattara, sur les pas desquels Kôrô Alpha devrait marcher. S’il lui reste un minimum de sagesse. Il sortirait ainsi par la grande porte en devenant le premier président à passer démocratiquement la main à son successeur élu, au lieu de courir inutilement le risque de mettre son pays à feu et à sang en raison d’un insensé  désir de s’éterniser au palais.

 

Issa K. Barry

Dernière modification lejeudi, 12 mars 2020 20:04

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