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Coronavirus au Burkina: L’incivisme, facteur aggravant

Il y a à peine 10 jours, la menace, quoique déjà à nos portes, était encore impalpable. Depuis une semaine, les données ont bien changé. Sept jours exactement après l’annonce officielle des deux premiers cas de coronavirus (le pasteur Mamadou Philippe Karambiri et son épouse), le Burkina a enregistré le premier cas de décès lié au covid-19 en Afrique subsaharienne.

Et quelle victime ! Celle qui vient d’être emportée n’était autre que l’honorable Marie- Rose Compaoré/Konditamdé, députée de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et 2e vice-présidente de l’Assemblée nationale. Un premier décès sur les 27 cas déclarés à la date d’hier dont 1 à Bobo-Dioulasso. Une mort qui vient rappeler, si besoin était, la dangerosité de la pandémie et qui, on l’espère, viendra à bout de l’insouciance avec laquelle beaucoup de nos compatriotes avaient pris les choses.

Quand ils ne croient pas à certains fake news comme l’idée selon laquelle le virus ne résiste pas à notre chaleur tropicale, ils propagent des remèdes douteux sur les réseaux sociaux allant des recettes de grand-mère qui soulagent bien des douleurs, sans pour autant parvenir à vaincre le mal, aux poudres de perlimpinpin distillées par des marchands d’illusions qui se sucrent sur le malheur des gens ; quant aux précautions édictées par les autorités politiques et sanitaires, on en fait fi, rusant avec la mort et mettant les autres en danger.

Or la guerre contre ce fléau relève à la fois d’une responsabilité collective et individuelle qui devrait nous imposer une nouvelle façon de vivre ensemble.

Mais sommes-nous seulement capables de ce sursaut salvateur dans ce Burkina Faso post-insurrection ? Dans un pays où l’on ne respecte pas les règles élémentaires du Code de la route ; dans nos villes où on est obligé d’assigner aux carrefours des policiers en armes et des VADS (volontaires adjoints de sécurité) pour faire respecter des feux tricolores qui fonctionnent ; dans un pays où l’on se mouche et crache n’importe quand, n’importe comment et même en pleine circulation… l’incivisme ambiant constitue à n’en pas douter un facteur aggravant de propagation du virus.

Et que dire de ceux qui souffrent du syndrome de la persécution, à l’image des syndicalistes qui pensent qu’en interdisant les grands rassemblements, c’est moins contre le covid-19 que le gouvernement lutte que pour les brider, eux ?

On avait d’ailleurs pensé que, dans un sursaut de patriotisme, en ces moments difficiles, les syndicats allaient surseoir à leur mot d’ordre de grève et aux différentes actions engagées contre l’extension de l’IUTS aux primes et indemnités. Mais c’est manifestement trop demander à ceux qui, selon la formule consacrée, « luttent pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail » et pour qui, sans doute, le covid-19 n’est pas une raison suffisante pour décréter une trêve sociale.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 19 mars 2020 19:45

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