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Législatives maliennes : Le marteau des djihadistes et l’enclume du coronavirus

A l’issue d’une campagne rendue encore plus morne par l’insécurité et l’interdiction de rassemblements due au coronavirus, les Maliens ont été convoqués  aux urnes pour renouveler les 144 sièges de l’Assemblée nationale. Jusqu’au seuil de l’isoloir, on aurait discuté pour savoir s’il fallait respecter l’échéance  ou repousser une nouvelle fois cette élection.

 

 

Ces élections devaient en effet avoir lieu depuis octobre-novembre 2018 avant d’être reportées une première fois en avril 2019 au prix d’une première prorogation de six mois  du mandat des élus ; un mandat qui sera de nouveau prolongé le 7 juin 2019 jusqu’au 2 mai 2020. On est donc dans les délais, même si, pour certains acteurs et observateurs de la scène politique malienne, le contexte dans lequel se tient le scrutin devrait inciter à un nouvel report.

 

Au péril sécuritaire dans le centre et le nord du Mali, marqué notamment par l’enlèvement en pleine campagne du chef de file de l’opposition, Soumaïla  Cissé, s’est en effet greffé la pandémie du Covid-19 qui ne s’était pas totalement installé, mais devant quand même inciter à la prudence. Le pays était en effet à 18 cas déclarés, dont un mort ce week-end. Mais qu’en sera-t-il le 19 avril, date retenue pour le second tour de ces législatives ? Pour ce qui est de l’insécurité, il sied de rappeler que le chef de file de l’opposition n’est toutefois pas la première personnalité à avoir été victime de l’insécurité au Mali au cours de cette campagne des élections législatives qui a débuté le 18 mars : au moins quatre candidats ont fait l’objet d’attaques de la part d’hommes armés.

 

C’est donc pris entre le marteau de l’insécurité et l’enclume du Covid-19 que les électeurs des 125 circonscriptions se sont rendus aux urnes dans des bureaux de vote où la peur du virus à couronne était perceptible. Affiches de sensibilisation à l’entrée, lave-mains, masques de protection faciale pour électeurs et membres de bureau de vote, tel était en effet le décor un peu particulier de cette journée électorale au cours de laquelle la mobilisation était plutôt timide. Au fait, beaucoup d’électeurs n’avaient même pas pris la peine d’aller chercher leurs cartes d’électeur, et le président IBK avait beau promettre que toutes les mesures seraient prises pour une sécurisation sanitaire du vote, beaucoup n’ont pas voulu prendre de risques.

 

L’enjeu majeur sera donc le taux de participation, qu’on présume faible. Et s’il était particulièrement bas, de quelle légitimité pourrait se prévaloir ces élus nationaux ? Telle est la question qu’on ne peut  manquer de se poser, même si c’est le cadet des soucis du locataire du palais de Koulouba, pour qui la tenue du scrutin est aussi une forme de résistance aux forces du Mal qui ont parié sur la déliquescence de l’Etat et l’effondrement de l’architecture démocratique  que les Maliens essaient tant bien quel mal de maintenir debout. Pourvu seulement que ce ne soit pas au prix de leur santé, voire même de leurs vies

La Rédaction

Dernière modification lemardi, 31 mars 2020 17:20

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