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Coronavirus : Du bon usage du masque

Depuis l’annonce des deux premiers cas de coronavirus le 9 mars 2020 à Ouagadougou, les populations ne cessent de se ruer dans les pharmacies pour se procurer des masques et du gel hydro-alcoolique. La demande est devenue si forte que certains commerçants en ont fait leur principale source de revenus, vendant à travers la ville des « cache-nez » en tissu  et même  des masques pour ouvriers. Une situation qui suscite quelques interrogations chez une partie des Burkinabè : Est-ce bien nécessaire d’adopter ce genre de méthodes ? Dans quels cas et comment faut-il utiliser ce type de protection ? Pour le Pr Halidou Tinto, directeur de recherche, la nécessité de se désinfecter les mains n’est plus à démontrer. Par contre, l’utilisation du masque peut être source de problèmes.

A l’heure actuelle, il est assez difficile de compter le nombre de personnes que nous croisons avec des masques. Que ce soit dans les quartiers, en circulation, au service ou au marché, beaucoup se sentent en sécurité lorsqu’ils se protègent de la sorte, peu importe le type de masque utilisé. Ainsi, on rencontre les masques chirurgicaux, ceux destinés aux ouvriers et les « cache-nez » en tissu  principalement. Certains sont tellement sales ou usés qu’on se demande s’ils ne créent pas plus de problèmes qu’ils n’en résolvent. Pour le Pr Halidou Tinto, directeur régional de l’IRSS (Institut de recherche en science de la santé) à Nanoro, l’utilisation de cet outil ne se fait effectivement pas toujours comme il se doit. « En principe, quand vous portez le masque, il faut le jeter à la fin de la journée et reprendre un autre le lendemain », déclare le chef de l’unité de recherche clinique de Nanoro, soucieux des conditions de conservation car, une fois que l’objet est retiré, il faut bien le déposer quelque part. « Ça peut être sur une surface déjà infectée par le virus », explique-t-il, soulignant que le masque aura tout le temps d’absorber les agents pathogènes.

 

 

 

« Rien ne démontre que le virus est suspendu dans l’atmosphère »

 

 

 

Le  directeur de recherche s’étonne de voir des gens porter ce dispositif de protection alors qu’ils sont seuls dans leur véhicule ou assis quelque part. En effet, jusqu’à présent, il n’y a rien qui démontre que le COVID-19 est suspendu dans l’atmosphère. « Personnellement, j’ai toujours des masques dans mon sac mais je ne les utilise que si je vais dans un environnement où je pense qu’il y a des risques. Il s’agit par exemple des structures sanitaires. Dès que j’en sors, je l’enlève systématiquement », nous confie-t-il. En dehors de cela, il estime que ça n’a pas de sens de se déguiser de cette manière, même lorsqu’on est en compagnie d’autres personnes. Tant que la distance sociale (un mètre) est respectée, il n’y a pas à s’en faire car on estime que personne ne peut parler et sa salive va se déposer sur un autre à cette distance. Et même si cela arrivait, le virus ne peut passer par la peau. Il faut qu’il soit en contact avec les muqueuses (les lèvres, la langue, le nez et les yeux). Autrement dit, il y a deux façons possibles d’être contaminé : quand le malade tousse (ou éternue) sans se protéger la bouche et le nez, les agents pathogènes sont projetés directement sur son entourage. La contamination peut également se faire par transfert de l’agent pathogène, c’est-à-dire de la main vers les muqueuses (la salive tombe sur le genou, la main touche le genou et revient vers le visage).

 

C’est pour cette raison qu’il est conseillé de se laver régulièrement les mains  « Le virus sera très vite emporté car il ne supporte pas les milieux alcalins comme le savon », affirme le Pr Tinto. L’enseignant et professeur associé à l’université Nazi-Boni de Bobo-Dioulasso ne manque de prévenir : « Si vous ne respectez pas cette mesure barrière et que vous prenez votre masque pour le porter, au moment de l’ajuster, vous pouvez vous infecter ». A son avis, les populations doivent surtout se laver les mains aussi souvent que possible avec de l’eau et du savon ou utiliser le gel hydro-alcoolique. Le plus important, c’est de ne pas porter la main au visage pour se  gratter ou pour se moucher, entre autres.

 

Pour notre interlocuteur qui donne des cours à l’université d’Anvers (Belgique) et à l’Institut de médecine tropicale, le masque est surtout nécessaire dans les cas suivants : pour une personne infectée et pour les agents de santé qui sont en contact avec les malades. En Europe, par exemple, ce sont les masques chirurgicaux anti-projections qui sont réservés aux malades ou à leurs proches et les masques de protection respiratoire (FFP2) avec un très haut niveau de filtration qui sont réservés au personnel soignant.

 

 

Zalissa Soré

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