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Coronavirus : Confidences d’une personne guérie

 

C’était l’un des tout premiers à communiquer sur son test positif au COVID-19. Le ministre de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales, le Pr Stanislas Ouaro, avait rendu public son statut de personne contaminée au COVID-19 sur les réseaux sociaux, le 19 mars dernier. Deux semaines après, c’est à travers ce même canal qu’il a informé de sa rémission. Il revient sur cette mauvaise passe dans l’entretien qu’il nous a accordé, par téléphone, dans la soirée du 1er avril 2020.

 

 

 

 

Comment se porte le Pr Stanislas Ouaro ?

 

 

 

Je vais très bien. J’ai été déclaré négatif depuis le lundi 30 mars dernier. Mais il faut dire que j’allais déjà bien avant. J’ai commencé à sentir la maladie, à avoir des symptômes (rhume, toux, etc.) du dimanche 15 au lundi 16. J’ai commencé à me traiter parce que ce sont des situations que je connais d’habitude mais je ne savais pas que c’était le coronavirus. En période d’harmattan ou dès le début, on a souvent un état de grippe et selon moi, il s’agissait de cela. J’ai commencé à faire de l’automédication, notamment à prendre un produit contre le rhume et un antibiotique pour prévenir toute infection car une toux mal soignée peut se transformer en infection.  Le mercredi 18, j’ai échangé avec la ministre de la Santé sur la gestion de la pandémie au Burkina et elle m’a confié qu’on a un collègue qui a été touché. Comme on avait travaillé ensemble la semaine d’avant avec le collègue en question, je lui ai dit qu’il était préférable que tous les membres du gouvernement soient testés et qu’on sache ceux qui sont malades. Ce qui allait nous permettre de confiner ceux qui seraient atteints et de laisser les autres continuer à travailler normalement. C’est ainsi que j’ai été testé et le jeudi 19 dans la nuit on m’a informé que le test était positif au COVID-19. Je me suis automatiquement mis en auto-confinement, même si les symptômes avaient commencé à disparaître.

 

 

 

Vous étiez à une réunion dans la matinée avant d’annoncer sur votre page Facebook que vous aviez été testé positif…

 

 

 

J’avais commencé à prendre mes précautions depuis quelques jours car la semaine du 10 au 12 mars, on avait eu une grande rencontre au CENASA avec l’ensemble des responsables du ministère, tant au niveau central qu’au niveau déconcentré. C’était environ 200 personnes. Mais déjà là-bas on ne se saluait pas puisqu’on avait déjà annoncé les mesures d’hygiène et j’avais mon gel.

 

 Le jour de la réunion dont vous parlez, et c’était le lendemain du prélèvement, on a eu une rencontre au niveau du Premier ministère sur la gestion de la pandémie et les gens ont vu que j’avais déjà porté un masque. J’ai essayé de me protéger en attendant les résultats. Dans la nuit à 20 heures, on m’a annoncé que mon test était positif.  J’ai donc arrêté d’aller travailler et me suis mis en isolement. La plupart des personnes avec lesquelles j’ai été en contact se sont aussi mises en confinement.

 

 

 

Comment avez-vous annoncé la nouvelle à votre famille ?

 

 

 

Compte tenu de la similarité des symptômes du rhume et de la toux, je n’ai pas du tout paniqué. Dès qu’on m’a confirmé que c’était le COVID-19, j’ai passé l’information à mon épouse et à mes enfants. Le lendemain, mon épouse n’est pas allée travailler. Elle avait en réalité informé les responsables de son service de la situation et on lui avait conseillé de rester en confinement. Quand j’ai obtenu mes résultats, j’ai fait une publication sur ma page Facebook pour informer la population que j’avais été testé positif et que j’allais suivre mon traitement par l’automédication, parce que je n’ai pas reçu typiquement de prescription médicale.

 

 

 

Vos proches ont-ils été épargnés ou certains membres de votre famille ont-ils été également touchés ?

 

 

 

Ma famille a été totalement épargnée parce que avec l’apparition des premiers cas, on avait commencé à prendre les mesures d’hygiène et donc je faisais un peu attention déjà. Par contre, j’ai communiqué les noms des personnes avec lesquelles j’avais été en contact  au comité de suivi de l’épidémie. On a certains collègues du gouvernement qui ont été touchés. Il y a un particulièrement dont je ne dirai pas le nom. Je me dis peut-être que c’est par moi que la personne a été touchée, parce que nous étions ensemble le dimanche à une activité commune et avons manipulé des objets. Aujourd’hui, elle est en confinement, se traite et va bien. Ni mes chauffeurs, ni mes éléments de sécurité ou protocole, ni aucun membre du secrétariat n’ont été touchés alors que ce sont des personnes avec qui j’étais en contact. Le lundi qui a suivi, je suis allé à Bobo-Dioulasso pour lancer une activité, visiter un chantier de construction du lycée scientifique national et j’étais suffisamment grippé mais je me traitais. Je suis revenu avec le véhicule personnel et personne n’a été touché.  Mais malheureusement, nous n’avons pas les moyens pour dépister tout le monde, sinon cela permettrait d’avoir une quantité suffisante de personnes infectées déclarées qu’on connaît et qu’on suit. Mais maintenant on a beaucoup plus de cas positifs non déclarés que déclarés parce que le prélèvement fonctionne avec les structures chargées de cela.  La meilleure façon de ne pas se faire contaminer, c’est d’observer les mesures de distanciation sociale, éviter de participer à un certain nombre d’activités comme les funérailles, les baptêmes, éviter les embrassades, se laver régulièrement les mains. Ces mesures sont extrêmement importantes pour les pays comme les nôtres, qui n’ont pas les moyens de faire comme on le voit en Corée du Sud. Il serait bon qu’on le fasse mais le fait de ne pas pouvoir aller dans ce sens est lié à un manque de réactifs. J’ai été prélevé le mercredi dans la matinée et j’ai tourné  dans la plupart des directions centrales du ministère pour voir ce qui se passait puisque c’était une période de grève. Il y a des agents qui étaient avec moi, des personnes qui m’ont accompagné, on observait la distance et j’utilisais systématiquement chaque fois du gel. Je pense que toutes ces mesures ont contribué a épargné beaucoup de gens. Quand j’ai su que j’étais positif, je me suis aussitôt mis en isolement et cela a contribué également à épargner des personnes.  

 

 

 

Pour avoir décidé de publier votre statut sur Facebook, aviez-vous un objectif donné ou était-ce une façon de sensibiliser les populations que le mal est là et bien réel ? 

 

 

 

Oui, j’avais un objectif et c’était de dire que le mal est réel effectivement parce qu’il y avait déjà certaines personnes qui disaient qu’il s’agissait d’un alibi du gouvernement pour saboter les mouvements sociaux. C’était pour dire que personne n’est à l’abri, que ce n’est pas une fatalité lorsqu’on la contracte et donc de ne pas paniquer. Parce qu’il y a des gens qui pensent que quand on est testé positif, le pronostic vital est engagé alors que le taux de létalité est très faible. Là où c’est plus grave, c’est en Italie et il est de l’ordre de 10%. Autrement dit, sur 100 malades déclarés, il y a une dizaine qui en meurt.  Mais chez nous, il doit être de l’ordre de 2%. On peut avoir la maladie, on peut en guérir sans problème. Une bonne partie de la population, soit 80%, guérit instantanément. A travers ce post aussi, c’était une façon pour encourager d’autres personnes qui connaissaient leur état après le test et qui avaient peur de le dire pour éviter d’être stigmatisé. Si moi j’ai pu le faire, chacun peut le faire parce que ce n’est pas une maladie honteuse mais une maladie comme toutes les autres que l’on contracte sans se rendre compte et sans avoir posé un acte qui soit mauvais. Dans le même temps on protège les populations, cela permet aux gens de faire attention. Je pense aussi que le fait d’avoir publié la guérison est une très bonne chose car cela donne de l’espoir à d’autres, à ceux qui sont déjà touchés et pour qui j’ai une pensée pieuse également.

 

J’adresse mes sincères condoléances à ceux dont les parents n’ont pas survécu à cette maladie.  J’encourage tous ceux qui ne connaissent pas leur état et qui ont peur à se dire qu’on peut éviter  cette maladie si on prend un certain nombre de mesures d’hygiène et de distanciation. Même si on la contracte, ce n’est pas une fatalité, on se met en situation de confinement, on guérit et le travail reprend. Personnellement, cela ne m’a pas empêché de travailler parce que malgré cet état, je continuais à traiter les dossiers importants, je faisais des coordinations par e-mail ou par téléphone. J’ai fait un peu de recherche avec des collègues en vue d’aider à la prise de décision en matière d’efficacité des mesures gouvernementales et de projections statistiques sur l’atteinte du pic. Vous n’êtes pas sans savoir que beaucoup de pays comme l’Italie et la France prolongent les mesures gouvernementales drastiques, comme le confinement, respectivement jusqu’au 12 et 15 avril. En réalité, ils attendent que les scientifiques puissent leur dire la période où ils atteindront le pic. Et à ce moment, le taux de contamination va commencer à chuter, ce qui fera alléger ces mesures et permettra aux gens de reprendre leurs activités, tout en conservant les mesures d’hygiène et de distanciation sociale. J’ai essayé de faire ce travail avec deux autres collègues, l’un à Bobo-Dioulasso et l’autre à Ouagadougou, afin de proposer au gouvernement un modèle mathématique de propagation de l’épidémie dans notre pays avec des données réelles. En disant par exemple que si on décide d’aller à l’immunité collective, on laisse tomber les mesures, on accepte que les gens puissent se contaminer mais que le taux de guérison fasse en sorte que les gens vont être immunisés. Il y a des pays comme la Suède, la Hollande, la Finlande, le Brésil, qui l’ont adopté. Si on décide d’aller dans ce sens, on atteindra le pic dans trois mois peut-être mais il y aura aussi près de 6 millions de Burkinabè qui seront contaminés. Alors que quand il y a beaucoup de contaminés, même si le taux de létalité lié à la maladie est faible, si vous le multipliez par un quotient qui est très grand, il y aura beaucoup plus de décès. Si sur 100 personnes, il y a 2 qui en meurt ; sur 200, on aura 4 ; sur 400, on aura 8 décès et ainsi de suite. Sur 6 millions de personnes, voyez ce que ça pourrait représenter. De plus, sur la base de mesures plus rigoureuses, nous avons expliqué que nous pouvons atteindre le pic en un mois et une semaine et être autour de 800 cas de personnes infectées et déclarées. C’est dire que le fait d’avoir le COVID-19 n’empêche pas, sauf dans les cas graves de détresse respiratoire, de faire son travail.  

 

 

 

On comprend donc que vous n’étiez pas hospitalisé à Tengandogo ?

 

 

 

Pas du tout, je ne suis pas resté couché. Ce qu’on m’a demandé simplement, c’est de prendre des mesures pour protéger ma famille, mon environnement et de pouvoir communiquer matin et soir au comité de suivi de la maladie toute situation nouvelle qui apparaîtrait. Ainsi je communiquais ma température, ma tension. On me demandait si j’avais des antécédents médicaux particuliers de type diabète, hypertension  artérielle et autres. Ce à quoi je répondais par la négative. On me disait également que si je sentais des maux de tête particulier, de prendre du Doliprane pour que ça se décante mais je n’ai jamais senti de mal de tête. Je communiquais toujours avec eux et quand les symptômes sont partis, ils ont accepté de venir faire un prélèvement de contrôle. C’était le mercredi de la semaine dernière et les 26 et 27 mars, on m’a déclaré négatif. Après cela, le deuxième test qui confirme la guérison doit se faire au moins 48h après. Le samedi donc, un nouveau prélèvement a été fait et puis le lundi qui a suivi, ma guérison a été confirmée.

 

 

 

Sur les réseaux sociaux, beaucoup vous ont reproché d’avoir effectué des tournées alors que vous étiez potentiellement contagieux. Quel effet cela vous a-t-il fait ?

 

 

 

Sur les réseaux sociaux, il y a des aspects positifs et négatifs, mais plus d’aspects positifs car on reçoit beaucoup d’informations qui peuvent être justes aussi. Les symptômes que j’ai présentés sont ceux que j’ai l’habitude d’avoir quand je suis enrhumé, grippé, donc cela ne me permettait pas de penser que je pouvais être positif au COVID-19. Je n’avais pas de la fièvre aussi, parce que le lundi, quand je suis parti à l’aéroport, on a pris ma température et j’étais à 36.2o alors que pour des fièvres, c’est au-delà de 38o qu’on commence à s’inquiéter. Je me traitais aussi et j’ai demandé aussi qu’on me fasse un prélèvement dans la nuit du mercredi. Si je ne l’avais pas fait, je n’aurais pas su et peut-être que j’allais en guérir naturellement comme d’autres Burkinabè présentement  qui, peut-être, ne savent pas qu’ils ont fait, ou font la maladie. Actuellement, il y a des travaux qui se mènent pour qu’il y ait après des tests qui permettent de détecter la présence d’anticorps chez les personnes et cela va traduire le fait qu’elles ont fait la maladie à un moment donné sans le savoir. Si j’avais su, je n’allais pas y aller. Le mercredi matin, je faisais mon travail en prenant aussi mes précautions et jusque-là, aucun de tous ceux que j’ai visités n’a dit qu’il a été atteint du coronavirus. Je souhaite que cela soit ainsi pour tous car mon intention n’était de contaminer personne. Le lendemain, j’ai été à une réunion convoquée par le Premier ministre, et vous aurez constaté que là-bas, je portais un masque, un gel par précaution et la nuit quand on m’a confirmé que j’étais atteint, j’ai cessé d’aller au service, de ne plus rencontrer de personnes tant que je ne serais pas guéri. Ils peuvent avoir raison de raisonner ainsi, d’aucuns ont même parlé d’irresponsabilité mais ce n’est pas bien grave, je suis totalement ouvert aux critiques. Mais retenez que l’intention pour moi n’était pas de contaminer des gens. C’est après la tournée d’ailleurs que j’ai eu les échanges avec ma collègue de la Santé, que j’ai encouragée à se faire tester.

 

 

 

Est-ce que cette personne a publié son statut ?

 

 

 

Oui, après moi. Elle connaissait son statut mais n’avait pas jugé nécessaire de le faire. Après moi, ça été un déclic et cela a encouragé pas mal de personnes à le faire. Aujourd’hui, j’ai vécu pas mal de stigmatisation, ce n’est pas si simple. Même chez le boutiquier où je prends habituellement de l’eau,  je suis passé après la réunion chez le Premier ministre, pour prendre des bidons d’eau, il y en a qui m’ont vu entrer et sortir. Il m’a dit que quand la nuit j’ai déclaré mon statut,  le lendemain, ses clients ne voulaient plus venir dans sa boutique. Il dit qu’on l’a même déclaré hospitalisé à Tengandogo alors qu’il se porte bien et était bien chez lui. Il y en a aussi qui ne voulaient plus venir au ministère de l’Education. On a dû désinfecter le bâtiment, la fréquentation avait considérablement baissé parce qu’on appelait beaucoup de nos collaborateurs pour dire que leur patron est touché et que donc, on n’y viendra plus. La stigmatisation est bien présente, ce qui pousse certains à ne pas dire qu’ils sont atteints.

 

 

 

Avec le confinement qui s’en est suivi, comment viviez-vous ces jours et comment avez-vous vécu cette situation ?

 

 

 

Ce n’est pas évident quand vous êtes quelqu’un qui bouge beaucoup d’habitude, qui travaille beaucoup. Au début, ça peut apparaître comme des vacances et après vous vous tournez sérieusement les pouces. Si bien que j’ai dû me replonger dans mes activités de recherche, que je n’avais d’ailleurs pas abandonnées parce que je continue l’encadrement doctoral. C’est d’abord un ami et promotionnaire de classe que j’ai co-encadré dans le cadre de sa thèse en épidémiologie qui m’a envoyé un travail d’un de ses anciens encadreurs de France. Celui-ci faisait des travaux sur la pandémie. L’ami a alors suggéré qu’on fasse la même chose pour notre pays, de manière à aider les décideurs. C’est ainsi que nous avons commencé à travailler et cela m’a permis de traverser la période.

 

L’autre aspect intéressant est que comme je n’ai pas été hospitalisé, je suis resté à la maison et j’ai passé de très bons moments avec ma famille, mes enfants dont l’un se trouve en classe d’examen. On ne voyait pas le temps passer et cela m’a aussi permis de me reposer un peu. Cela fait à peu près deux ans que je n’ai pas eu de vacances. Il n’y avait plus d’audience et on m’appelait moins. Ça été des moments passés dans une bonne ambiance, de méditation et de réflexion, de culture car j’étais en permanence connecté aux médias pour voir ce qui se passait à travers le monde. J’ai lu beaucoup d’articles scientifiques sur l’évolution de la pandémie, en lien avec le modèle que nous étions en train d’étudier.

 

 

 

 Est-ce que vous avez pris des produits durant cette période ? Si oui lesquels ?

 

 

 

D’ordinaire quand je commence à être enrhumé, je développe tous les stades. La grippe commence, se transforme après en rhume, ensuite en toux et souvent en infection. En pareille situation, je prends mes précautions qui consistent généralement à prendre du Fervex associé à un antibiotique. Quand on m’a déclaré positif, j’ai continué avec les mêmes médicaments. J’ai même signalé à l’équipe soignante que je prenais des antibiotiques. On m’a dit que je pouvais continuer à en prendre pendant dix jours. J’ai continué à prendre un comprimé d’azithromycine pendant 6 jours. J’en ai pris deux boîtes à partir de la période de déclaration jusqu’à la guérison. J’ai également pris de l’hydroxychloroquine pendant quatre jours. Je prenais un comprimé de 200 mg le matin et un autre le soir. Mais je ne dis pas que chacun doit suivre mon exemple parce que les organismes diffèrent et les antécédents médicaux ne sont pas les mêmes. C’est souvent mieux quand on a des antécédents médicaux de type diabète, cancer, hypertension artérielle, etc., de se référer à ses médecins.

 

 

 

Maintenant que vous êtes guéri, quel est le regard que vos collaborateurs portent sur vous ? Est-ce qu’il n’y a pas une forme de stigmatisation ?

 

 

 

Pas du tout. Le 31 mars, j’étais au bureau où, avec mes collaborateurs, nous réfléchissions à la continuité de l’éducation dans cette situation. On travaillait sur le dossier et dès qu’on m’a déclaré guéri, j’ai décidé d’aller continuer. J’ai été très bien accueilli, les gens étaient contents.  Mais chacun était protégé avec des mesures de distanciation bien connues. Depuis que j’ai été déclaré positif du COVID-19  je n’ai pas du tout senti de stigmatisation. Je prends aussi mes précautions parce que sur le plan scientifique il n’est pas prouvé qu’on soit immunisé à vie.

 

 

 

Vous avez donc repris une activité normale ?

 

 

 

J’ai normalement repris mes activités depuis le 31 mars. Je vais au bureau et je vais travailler partout où le devoir m’appelle. Mais c’est vrai que tout est presque au ralenti, ce qui fait que la charge de travail est faible.

 

 

 

Comme vous, beaucoup d’autres membres du gouvernement se sont révélés positifs. Est-ce au Conseil des ministres que vous vous êtes refilé le virus et si oui, qui est le patient zéro du gouvernement ?

 

 

 

(Rires). On risque de faire de la stigmatisation. On se pose beaucoup de  questions, notamment comment cela est arrivé ? Mais on ne sait pas par qui le virus est arrivé. Ce qui est sûr, il y a beaucoup de membres du gouvernement qui sont testés positifs et qui guérissent progressivement. Il y a deux membres qui sont guéris et on espère que dans quelques jours, d’autres le seront également.

 

Le jour de l’annonce des deux premiers cas à Tengandogo, j’y étais avec le ministre de la Santé et celui de la Communication. Après, ma collègue de la Santé et moi avons été plusieurs fois ensemble dans son bureau pour discuter avec les syndicats, les partenaires sociaux. On a reçu pas mal de personnes qui sont touchées, mais je ne peux affirmer que le virus est venu par là. Nous avons un collègue ministre qui est revenu d’une mission, on se dit que c’est peut-être là-bas qu’il a été contaminé. Il était au dernier Conseil des ministres avant que les cas se déclarent. Beaucoup de membres du gouvernement sont déclarés positifs ; heureusement le président du Faso et le Premier ministre ne sont pas concernés.

 

 

 

Quid du ministre de la Santé, Claudine Lougué ?

 

 

 

On a été testé le même jour. Le lendemain, j’ai été informé de ma situation. Elle était testée négative. Je pense que la gestion de l’épidémie et d’autres travaux l’ont suffisamment fatiguée. Elle avait d’autres problèmes de santé que le coronavirus. C’est ce qu’elle m’a dit.

 

 

 

Avec la prorogation de la fermeture des classes, faut-il craindre une année blanche ?

 

 

 

Pas du tout. Pour le moment nous sommes à trois semaines d’inactivité si on tient compte des congés. Si on arrive à reprendre à partir du 14 avril, il y aura un petit réaménagement du calendrier. Mais au cas où il faudrait prolonger encore la fermeture des classes, nous avons entrepris des travaux de réflexion pour utiliser d’autres canaux pour la continuité de l’éducation. Notre objectif, c’est de commencer à très court  terme  avec les classes d’examen et à moyen terme  avec les autres classes dès que possible. Au niveau du primaire nous n’avons pas de problèmes car du CE1 au CM2, nous avons tous les contenus numérisés. Au niveau du post-primaire nous devons le faire. Nous voulons aller dans le sens de ce qui se fait à Burkina Info. Nous comptons travailler avec eux pour améliorer les choses. Si la situation perdure, nous comptons aussi nous appuyer sur la presse écrite qui va consacrer des pages pour des chapitres, avec des exercices d’application et autres qui se feront chaque jour. Nous sommes en train de travailler et nous sommes avancés. Nous travaillons aussi sur la budgétisation et nous avons des partenaires qui sont prêts à nous accompagner. Il n’y pas d’inquiétude d’une année blanche. Au-delà de la pandémie, nous souhaitons poursuivre notre initiative. Au niveau de l’enseignement supérieur, il y a également une initiative en réflexion. Et le ministre de tutelle pourra mieux vous l’expliquer.

 

 

 

Entretien réalisé par

Félicité Zongo

Dernière modification ledimanche, 05 avril 2020 16:33

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