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Financement de la lutte contre le COVID-19 : Des milliards comme s’il en pleuvait

Alors que le cap des 11 000 malades avec plus de 500 décès dus au COVID-19 est franchi en Afrique, chaque pays du continent affine sa stratégie de riposte à l’attaque fulgurante de ce virus. Comment prendre en charge les personnes déjà infectées ? Comment rompre la chaîne de contagion ? Comment soutenir l’économie en souffrance ? Comment aider les couches sociales les plus vulnérables ?

 

On peut multiplier à souhait les questionnements que suscite cette pandémie avec au bout du compte la même réponse : il faut de l’argent, beaucoup d’argent pour gagner cette guerre de santé publique. Ainsi, pour prendre quelques exemples de pays de  la sous-région, la Côte d’ivoire a annoncé un plan de riposte de 1700 milliards de FCFA, le Sénégal 1000 milliards, le Burkina 178 milliards, etc. Pour tous les pays africains, leurs ministres des Finances, lors d’une conférence virtuelle parrainée par l’ONU, ont estimé qu’ils avaient besoin de 100 milliards de dollars pour supporter les chocs socio-économiques qu’induits cette pandémie.

Où trouver cet argent ? Outre les efforts budgétaires que doit fournir chaque pays, nos gouvernements font un appel du pied à leurs habituels partenaires techniques et financiers. Ces derniers ne se font pas prier pour annoncer des contributions mirobolantes pour lutter contre le COVID-19. De la BAD, à l’AFD, en passant par la BCEAO et la BOAD, sans oublier les mécanismes de coopération bilatérale, ce sont des milliards qui pleuvent en euros, en dollars, en FCFA, sous forme d’engagements de financement des plans de riposte des pays africains contre le coronavirus. Ainsi, la BAD a annoncé la disponibilité d’un fonds de 10 milliards de dollars, la BCEAO une augmentation de son enveloppe de crédit aux banques de 4750 milliards de FCFA par semaine pour les aider à soutenir le financement de l’économie, la BOAD 196,6 milliards de FCFA, l’AFD 1,2 milliard d’euros dont 150 millions en don pour 19 pays prioritaires de l’aide française en Afrique, au Proche-Orient et en Haïti.

Quelle générosité de la part de la communauté internationale et des institutions financières continentales et régionales même  si l’on sait que certains financements sont des prêts que nos Etats devront rembourser tôt ou tard ! Par ailleurs, les actes de décaissement de l’argent suivront-ils rapidement ces annonces de presse ? En effet, ce ne serait pas la première fois que l’Afrique dans le besoin tende la sébile et que les bailleurs de fonds promettent des financements pour ensuite traîner les pieds à les libérer parce qu’il faut attendre que telle ou telle conditionnalité soit remplie.  Or, le COVID-19 lui n’attend pas d’encombrer de ses victimes les hôpitaux et les morgues. Mais plus grave que la lenteur procédurière des partenaires techniques et financiers à délier les cordons de la bourse, la gestion scabreuse des fonds alloués par certains décideurs africains, plus prompts à s’en mettre plein les poches qu’à servir les populations dans le besoin. Dans  la lutte contre le paludisme, le sida et la maladie d’Ebola, ils sont nombreux ces projets qui n’ont pas atteint les résultats escomptés parce que leurs gestionnaires se sont montrés sans scrupules dans l’utilisation des fonds destinés à combattre ces fléaux. La gestion des financements dans la riposte contre la pandémie du COVID-19 fera-t-elle exception à cette règle honteuse de dilapidation des deniers publics sous nos tropiques ? On attend de voir.

 

Zéphirin Kpoda

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