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Une Lettre pour Laye : Retour en classe d’ici fin avril ?

Cher Wambi,

Cela fait exactement un mois que  les deux premiers cas de personnes atteintes du coronavirus dans notre pays ont été rendus publics. Et depuis le 9 mars 2020, des centaines d’autres cas sont venus s’ajouter au pasteur Mamadou Philippe Karambiri et à son épouse, à telle enseigne que le Burkina détient aujourd’hui le triste record de cette pandémie dans l’espace CEDEAO avec 443 personnes contaminées pour 146 guérisons et 24 décès à la date du mercredi 8 avril.

 

Et comme partout ailleurs sur la planète, dans cette guerre mondiale où des milliers de gens tombent sans que le moindre coup de feu ait été tiré, les soldats en première ligne, comme le personnel soignant où les chercheurs, se démènent comme de beaux diables pour arrêter la progression du fléau ou lui trouver des remèdes curatifs ou préventifs. Hélas, les généraux de cette armée médicale ne semblent pas être toujours à la hauteur de l’enjeu.

Un exemple parmi tant d’autres, cher cousin : le jeudi 26 mars dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, le Pr Alkassoum Maïga, annonçait avec un plaisir non dissimulé que deux essais cliniques seraient menés au Burkina, notamment sur la chloroquine, avec comme chef d’équipe le professeur Halidou Tinto de l’IRSS, l’Institut de recherche sur les sciences de la santé. Dans une longue interview qu’il a accordée le 30 mars à L’Observateur paalga (cf. édition du 2 avril), il disait du reste que trois semaines plus tard, ils feraient de bonnes recommandations sur cette fameuse chloroquine dont la prescription a été autorisée au Burkina mais uniquement sous assistance médicale. J’ai bien peur que ce délai ne soit repoussé.

J’ai en effet appris de bonnes sources que le protocole qui a été soumis depuis  une dizaine de  jours aux instances du ministère de la Santé pour obtenir l'autorisation de conduire l'étude CHLORAZ n'avait pas encore reçu de réponse. De plus, toutes les tentatives de mise à disposition des médicaments pour conduire l'essai étaient restées vaines jusqu’en début de  semaine.

Une situation fort dommageable d’autant plus que le Burkina est l'un des rares pays en Afrique où une telle initiative a été lancée. Des instances internationales et pas des moindres prennent le Burkina en exemple et se sont même dites intéressées à accompagner l'initiative.  Nous n’avons donc pas le droit d’échouer, autrement c’est notre crédibilité qui en prendra un sérieux coup aux yeux de nos partenaires et du monde. Aux dernières nouvelles, la mise à disposition des médicaments était en passe d’être effective.

Mais qu’est-ce qui explique donc ce retard à l’allumage ? De simples lourdeurs administratives ? Des querelles  d'ego et des guerres de positionnement, comme je l’entends, parce que chacun veut tirer la couverture à lui ? Je n’ose pas croire qu’une vulgaire bataille de leadership mette en péril la vie de millions de Burkinabè.

 

En fait, cher Wambi, j’ai parfois le sentiment que malgré la catastrophe sanitaire, sociale, économique et financière que constitue cette pandémie, certains n’ont pas le sens des urgences et des priorités. A moins que pour eux, ce qui est pressé, comme on dit, ne soit pas urgent. En effet, il me revient également, cher cousin, que les grands toubibs se sont livré une véritable guerre de tranchées au sujet, tiens-toi bien, des marques d’appareils, en l’occurrence des respirateurs, qu’on devait commander, comme si, en filigrane, certains défendaient les intérêts de telle ou telle firme dont ils seraient les courtiers. Résultat : une semaine perdue à ergoter sur des détails et à se neutraliser jusqu’à ce que, m’a-t-on dit, le médecin général Nazindigouba Ouédraogo, entre autres, siffle la fin de cette affligeante récréation ? Quand même !

Si on ajoute à cela d’autres informations qui me parviennent et que je me garde de divulguer pour l’instant, j’ai bien peur que toutes les énergies ne soient pas mobilisées à 200% pour combattre le COVID-19 chez nous. 

 

Cher Wambi, comme tu as pu le constater toi-même, depuis le 14 mars dernier, les classes des écoles primaires, des lycées et collèges du village sont fermées. Une aubaine pour certains garnements qui s’adonnent à cœur joie à différents passe-temps, comme la chasse aux oiseaux ou le football.   

Mais, cher cousin, puisque la suspension des cours est due, comme tu le sais bien, à la propagation du coronavirus, j’espère que tu ne manques pas l’occasion de rappeler aux membres de ta famille et à tout ton entourage la nécessité de respecter les mesures de prévention comme le lavage régulier des mains, le port du masque, les salutations à distance et bien d’autres précautions contre le Covid-19 qui continue de progresser et de faire de nombreux morts. Au point que l’on se demande si la réouverture des classes sera effective à la date du 14 avril comme prévu par le gouvernement.

Sur cette question, le ministre de l’Education nationale a rencontré hier jeudi, tour à tour, une délégation de parents d’élèves et des responsables d’organisations syndicales.

Quand bien même cette rencontre dite d’information et d’échanges se serait tenue à huis clos, tout le monde sait qu’elle a porté sur la reprise prochaine des cours sur toute l’étendue du territoire.

Mais j’ai appris que le ministère a, dans un premier temps, proposé la date du 21 avril comme jour de réouverture avant finalement, au cours des échanges, de jouer la carte de la prudence en projetant le retour des élèves d’ici à la fin du mois d’avril. 

Pour cela, les autorités de l’Education nationale ont invité les parties prenantes à la rencontre à leur faire parvenir des propositions administratives et financières au plus tard le lundi 13 avril.

Les différentes parties ont convenu de la nécessité d’imposer le strict respect des mesures de prévention et de la nécessité de la mise en place d’un plan de riposte Covid-19 dans le secteur de l’Education nationale.

 

A présent, cher Wambi, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

Depuis l’instauration du couvre-feu de 19h à 5h du matin pour cause de propagation du coronavirus, les réseaux sociaux charrient chaque jour des images, des vidéos et des récits au sujet de contrevenants pris par les FDS. Et le mauvais quart d’heure que les uns et les autres ont dû passer avec des hommes de tenue suscite indignation par-ci ou raillerie par-là.

Mais s’il y a un transgresseur qui se frotte les mains à l’issue de son tabassage, c’est bien ce résident de la zone non lotie de Nagrin.

En effet, appréhendé à l’heure du couvre-feu par une patrouille, il expliquera qu’en fait il est  assis dans sa cour mais c’est l’absence de clôture qui laisse penser que c’est le contraire. Après des échanges musclés, il finira par en avoir pour sa bravade des FDS en mission. C’est tout furax que le lendemain matin il alla porter plainte auprès de qui de droit. Après explications des circonstances de sa bastonnade, notre homme s’est vu tout simplement proposer de lui construire une clôture. Bien sûr, il ne se le fit pas proposer deux fois.

Aujourd’hui, c’est en toute sécurité qu’il dort dans sa cour, à  l’abri des regards de ses « bourreaux », qu’il doit certainement remercier du fond du cœur. 

 

Alors que l’on assistait à une relative accalmie sur le plan sécuritaire, le détachement militaire basé à Sollé, province du Lorum dans la région du Nord, a été la cible d’une attaque terroriste hier jeudi 9 avril 2020. Cinq soldats y ont perdu la vie et quatre autres étaient toujours portés disparus au moment où nous bouclions la présente édition. Les assaillants auraient emporté du matériel avant de mettre le feu aux lieux.

 

Bouroum, 9 autres otages libérés par des terroristes retrouvent leurs familles.

De sources concordantes, ce sont au total 14 civils qui avaient été enlevés le 17 février 2020 par des individus armés non identifiés sur l’axe Retkoulga-Bouroum, dans la province du Namentenga, région du Centre-Nord. Il s’agit de 9 hommes, d’une jeune femme et 4 enfants dont 3 fillettes âgées de 10 à 14 ans. Les forces du Mal avaient également emporté trois tricycles chargés de vivres et de légumes en provenance de Yalgo. Les otages avaient été séparés en deux groupes par leurs ravisseurs. Libéré lors d’une opération militaire de la Force conjointe du G5 Sahel menée dans le Nord du Burkina Faso, le premier groupe d’otages, composé de la jeune femme et des 4 enfants, avait retrouvé leurs familles à Bouroum le 17 mars dernier grâce à l’intervention de la gendarmerie nationale. Selon les informations, le second groupe d’otages, composé des 9 hommes, avait été conduit avec leurs tricycles dans une base terroriste implantée dans une localité de la région du Sahel. Prisonniers pendant plusieurs jours dans ce camp terroriste, les 9 hommes ont été libérés sains et saufs en fin de semaine dernière par leurs ravisseurs. Ils ont regagné Bouroum le lundi 6 avril dernier avec leurs tricycles. Les 9 ex-otages ont par la suite rejoint leurs parents, qui s’étaient déplacés en raison de l’insécurité dans une autre localité de la région du Centre-Nord plus paisible. Selon leurs témoignages, l’opération a permis à leurs ravisseurs de ravitailler des bases terroristes en vivres et en légumes à Pensa et dans le Sahel.   

 

Sevrés de leur passion, ils l’étaient depuis le 21 mars en ce qui concerne les clients des ECD (Espaces courses en direct) et le 26 du même mois pour les autres turfistes pour cause de pandémie du coronavirus.

Si les premiers doivent encore prendre leur mal en patience, les seconds quant à eux renoueront avec leurs amours dès le mardi 14 avril, à partir des hippodromes de  Suède, de  Hong Kong ou tout autre, sauf bien sûr de France. C’est ce qui ressort en tout cas d’un communiqué de la LONAB, avec des mesures de prévention bien spécifiques à respecter sous peine de fermeture du guichet.

Ainsi donc, au niveau des points de vente, l’accès au club est conditionné  au lavage des mains et au port de masques. Il est aussi institué la remise des paris, écrits préalablement de préférence sur papier, à la vendeuse pour enregistrement,  l’observance des mesures barrières comme l’interdiction de se serrer les mains, l’obligation de se tenir à distance les uns des autres d’au moins un mètre et l’interdiction de tout attroupement. 

Du côté des caisses pour le paiement des lots, les mêmes mesures de prévention sont de rigueur.

La reprise du pari hippique est certes une décision qui fera des heureux tant au niveau des parieurs que de celui des guichetières et des « pressés-pressés », sans oublier bien sûr la LONAB, mais une chose est d’édicter des consignes et une autre est de pouvoir les faire respecter, d’autant plus qu’on sait les réalités de ces clubs : exiguïté des lieux, ancrage de mauvaises habitudes et incivisme notoire de nombre de Burkinabè. Espérons seulement qu’à situation exceptionnelle, il y aura prise de conscience plus accrue.

 

Sortie, en ce mois de carême qui va culminer dimanche par la fête de Pâques,  d’un ouvrage posthume, « Mon ministère en Christ : Présence et grâce de Dieu », du regretté Pasteur Pawentaoré Ouédraogo. On se  souvient qu’il a dirigé pendant 25 ans l’Eglise nationale des Assemblées de Dieu du Burkina Faso, les « Merca », comme on les appelle. Cet homme qu’on disait simple et ouvert était  également connu pour ses conseils avisés dans l’émission « bangin pasé » sur la télévision protestante « CVK-LVD».

Songré Etienne Sawadogo, journaliste et homme de lettres,  par ailleurs gendre de l’illustre disparu, avait eu avec lui une série d’entretiens avant sa disparition le 24 avril 2014. C’est donc cette série d’entrevues qui est consignée dans cet ouvrage où son interlocuteur retrace son parcours, avec beaucoup d’anecdotes saisissantes mais aussi, comme il savait si bien le faire, des conseils pratiques. C’est donc un témoignage posthume sur les grâces de Dieu dans sa vie mais également un livre plein d’enseignements pour tous, protestants ou pas, qui sera bientôt disponible en librairie.                 

 

Rappel à Dieu ce mercredi 8 avril 2020 des suites d’une courte maladie de Kibsa Alfred Sawadogo, ancien directeur général de l’Office national des céréales (OFNACER) dans les années 80.

Septuagénaire avancé, affectueusement appelé Fana par ses condisciples du Cours normal Antoine-Roche de Ouahigouya, de l’Ecole normale de Dabou (Côte d’Ivoire) et de la première promotion de celle de Bogodogo, des universités de Dakar et de Dijon, il a été porté en terre hier jeudi au cimetière municipal de Gounghin.

Qu’il repose en paix.

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

Ainsi va  la vie.

Au revoir.

 

Ton cousin

 Passek Taalé

Dernière modification ledimanche, 12 avril 2020 20:48

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