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Lutte contre la propagation du Covid-19 : Un après-midi dans la zone de tri de de Yalgado

Avec une équipe forte d’une vingtaine de personnels soignants, le Pr Mamadou Savadogo, en ces temps de pandémie de Covid-19, filtre les patients du Centre hospitalier universitaire de Yalgado-Ouédraogo. Et ce, depuis le 5 avril. Le vendredi 10 avril 2020, nous faisons une plongée dans ce dispositif de filtrage de l’équipe médicale d’urgence de l’hôpital nommé Zone d’accueil et de tri (ZAT) de patients. C’est en moyenne deux cas suspects par jour qui sont détectés.

 

Un hôpital est déjà un milieu à risque. Avec le Covid-19, il l’est encore plus. En cette période de pandémie de coronavirus Yalgado a opéré une mue pour sa propre survie.

Juste à l’entrée de ce centre hospitalier universitaire, un peu à gauche, entre la maternité et le service de pneumologie, une tente blanche d’une capacité de cinquante places fait désormais partie du décor. Il s’agit de la Zone d’accueil et de tri (ZAT) des patients de l’équipe médicale d’urgence. «Dans nos services hospitaliers, il y a fréquemment des cas suspects qui sont admis avec d’autres malades non Covid-19. Cela expose tous les patients et le personnel de santé. Et lorsque ces cas suspects se révèlent positifs, c’est la  psychose dans les services ce qui fait que les gens courent à l’autoconfinement, bloquant les services. C’est ainsi qu’est née l’idée de mettre en place cette zone tampon qui est chargée de ‘’filtrer’’ et de stopper d’éventuels cas suspects et de les réorienter vers les services retenus pour la prise en charge du Covid-19», a expliqué le coordonnateur de la ZAT, Pr Mamadou Savadogo, revenant sur les circonstances  de sa création.

Yalgado s’est adapté et a changé le circuit d’admission de ses patients. Désormais tout malade, sur une civière ou tenant sur ses deux jambes, évacué ou venu de lui-même, doit passer par la zone de triage. «Tous les patients passent se faire d’abord examiner ici, subir un interrogatoire qui permet de réunir un certain nombre d’arguments pour avoir un faisceau d’arguments et savoir si c’est un cas suspect ou non», a indiqué l’infectiologue Mamadou Savadogo.

En cette veille du week-end pascal, peu après midi, Dr Omar Nikièma s’occupe du cas d’une dame de la cinquantaine venue en consultation dans les services de pneumonie. Après moult coups de fil, elle est autorisée à poursuivre son chemin. A peine a-t-il raccroché qu’une ambulance se gare devant la tente. Muni d’un calepin, masqué comme un astronaute, Dr Nikièma Oumar s’avance vers la patiente, allongée encore sur le brancard dans l’ambulance. Après avoir pris connaissance de l’identité de la patiente, il lui administre une série de questions. « Avez-vous des problèmes de respiration ? Est-ce que vous toussez et si oui, depuis combien temps ? Avez-vous été en contact  avec quelqu’un qui est testé positif du Covid-19 ? etc.», s’est-il enquis avant de laisser l’ambulancier poursuivre sa route. Même si l’équipe décrit une journée de répit ce vendredi, après ce premier cas, le ballet des ambulances ne s’arrêtera plus. Elles viennent de l’intérieur comme de l’extérieur de Ouaga.  En moyenne, c’est au minimum 80 patients que l’équipe reçoit par jour avec des cas suspects.  «Depuis le début, 5 avril, il y a au moins deux cas suspects par jour. Un  seul cas suspect a déjà été confirmé.  Si nous n’avions pas mis en place ce système de tri, ce cas positif serait allé dans un service d’hospitalisation et  aurait eu le temps de contaminer et le personnel et les autres malades», se félicite le Pr Savadogo.

Dans la salle de triage des patients, un minimum d’équipement  est requis pour la vingtaine de soignants. Pour y accéder, le port d’un masque, d’une sur-blouse, d’une bavette, de  bottes, et de  gants est exigé, l’objectif étant de minimiser les risques de contamination. Et cela est affiché sur toutes les parois de la tente servant de zone de triage.

Dans l’optique toujours de faire face au Covid-19, l’hôpital  Yalgado Ouédraogo s’est équipé et est aujourd’hui  en mesure, sur les plans biologique et examen clinique, de confirmer les cas. Finies les longues heures (72 heures) d’attente des résultats des cas suspects détectés à Yalgado !

Outre, la Zone d’accueil et de tri de patients (ZAT), l’hôpital Yalgado-Ouédraogo a pris d’autres mesures barrières pour empêcher la propagation du Covid-19. Son directeur général, Constant Dahourou, a expliqué que la visite aux patients est désormais interdite et que l’accès à la morgue est réglementé. «Pour l’enlèvement des corps, il n’est plus permis de venir avec beaucoup de gens. C’est juste trois ou cinq personnes qui sont autorisées», a précisé Constant Dahourou. En outre, devant toutes les parties sensibles de l’hôpital des lave-mains à pédale ont été installés. En cas de patient du Covid-19, qui a séjourné dans un des services il y a un service habilité de qui se met en branle  pour désinfecter le service où a séjourné le patient.

Malgré toutes ces mesures, il reste beaucoup à faire pour barrer la route à la pandémie du coronavirus. Le Pr Mamadou Savadogo estime pour le moment que le personnel qui se relaie dans la Zone d’accueil et de tri est encore insuffisant.  Il faudrait, selon le DG, l’étoffer avec le temps.

 

Lévi Constantin Konfé

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