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Suspension de l’aide américaine à l’OMS: Calamity-Trump a encore frappé

Ce n’était vraiment pas le moment. Il y a une semaine, le président Donald Trump avait menacé de couper les vivres à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il semblait s’être ravisé entre-temps, mais il a fini par franchir, pour ainsi, dire le Potomac en mettant sa menace à exécution.

Le locataire de la Maison-Blanche a en effet décidé de suspendre l’apport américain à l’OMS, qu’il critique pour sa mauvaise gestion de la pandémie de coronavirus. Il l’accuse de dissimulation de données et juge ses prises de position favorables à la Chine. Un procès instruit donc à charge et dont le coupable tout désigné aurait eu, de toute façon, très peu de chances de s’en sortir. Avec cette mesure scélérate, ce sont 400 millions de dollars par an qui vont manquer dans les caisses de l’OMS au moment où elle en a le plus besoin. Comme il fallait s’y attendre, c’est un concert de désapprobation et d’indignation qui a accueilli cet oukase « égoïste » pour Moscou et « profondément regrettable », selon l’Union africaine. Ce n’est vraiment pas le moment, alors que le Covid-19 a infecté à ce jour quelque  2 millions de personnes à travers le monde, dont 600 000 aux Etats-Unis, et fait 126 000 morts, dont 25 000 aux Etats-Unis.

En réalité, l’organisation que préside Tedros Adhanom Ghebreyesus est le bouc émissaire idéal pour expier les péchés de tous. En février dernier, le chef de l’exécutif américain ne disait-il pas lui-même que le risque de contamination aux Etats-Unis était « très faible » et qu’il n’y avait « pas de raisons de paniquer » ? Et quand bien même l’OMS, à l’image de beaucoup de spécialistes, aurait pataugé au tout début de la crise sanitaire pour la simple et bonne raison que ce virus- là était encore inconnu,  bien des gouvernants ont eux aussi largement sous-estimé le danger que pouvait représenter ce virus à couronne. En l’espèce, si l’OMS peut être suspectée de dissimulation de données, celui qui tweet plus vite que son ombre peut, quant à lui, être accusé d’avoir colporté des fake news.

Il faut dire que le milliardaire de la Maison-Blanche n’a jamais caché son mépris des organisations internationales, notamment onusiennes. Et c’est un joli prétexte qu’il vient de trouver pour tourner le dos à l’une d’entre elles. On se rappelle qu’à peine installé, il avait prévu de réduire de 40% l’apport américain à l’ONU, une organisation qui selon lui « brasse du vent ».

Fort heureusement, tous les dirigeants du monde, qui n’a jamais été autant ce village planétaire que professait Marshall Mc Luhan, ne font pas dans l’unilatéralisme et l’isolationnisme, devenus décidément l’apanage de l’Oncle Sam. En effet, alors que Donald Trump se désolidarise du reste de l’humanité, le G20 et le Club de Paris se sont dit favorables à la suspension pendant un an du service de la dette de 76 pays les plus vulnérables, dont une quarantaine en Afrique subsaharienne. Bien sûr, ce n’est qu’un moratoire en lieu et place de l’annulation espérée par Emmanuel Macron, le pape et nombre de chefs d’Etat du continent. Mais vu la situation socio-économique exsangue dans laquelle  les pays bénéficiaires sont plongés du fait du Covid-19, c’est une bouffée d’oxygène qui tombe à pic.

 

 H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 16 avril 2020 19:27

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