Menu

Rood-Woko : A-t-on ouvert la boîte de Pandore ?

Ils ont donc rouvert Rood-Woko. Moins d’un mois après la fermeture des 36 marchés et yaars sur les 85 que compte Ouagadougou, les autorités communales ont décidé de rouvrir le grand marché de Ouagadougou. 

 

Un retour à la normale qui avait été envisagé dès début avril après une rencontre entre le maire, Armand Béouindé, et un certain nombre d’acteurs économiques. Ladite rencontre avait accouché d’un comité technique chargé de réfléchir aux conditions d’une réouverture des structures marchandes. C’est le 18 avril dernier que la décision  de rouvrir Rood-Woko  a été annoncée.

C’est chose  faite depuis hier lundi 20 avril 2020.

En principe on devrait s’en réjouir puisque, la mesure ayant été prise, comme tant d’autres décisions, pour limiter la propagation du coronavirus, un tel retour des commerçants sur le site marchand  devrait être le signe d’une régression de la pandémie. Or chaque jour que Dieu fait, hélas, les chiffres officiels communiqués par le gouvernement sur le nombre de contaminations et de décès  ne font que croître. Preuve que la guerre est loin d’être gagnée.

Une seule raison donc explique cette décision du maire de la capitale et de ses différents partenaires : la pression des commerçants, et même des autorités coutumières, dit-on, puisque la fermeture du marché central serait soumise à certaines conditions.

En ce qui concerne les  premiers, ils n’ont jamais fait mystère de leur hostilité à la mesure, entrée en vigueur le 26 mars dernier. Il est vrai que, dans une ville où les gens vivent au jour le jour, la fermeture des marchés équivaut à leurs yeux à une condamnation à mort autrement plus rapide que celle provoquée par le Covid-19. Cette pression va donc retomber quelque peu, Rood-Woko étant un ballon d’essai en vue de la réouverture des autres marchés, à condition que les règles draconiennes fixées par l’exécutif municipal soient respectées : distanciation sociale, port du masque, lavage des mains, limitation du nombre de personnes devant chaque boutique à deux.

De telles règles sont-elles seulement applicables en ces lieux, synonymes selon même ses propres occupants de désordre, d’anarchie et d’indiscipline, c’est-à-dire de véritable capharnaüm où on ne respecte rien ni personne ? Et ce n’est pas la menace du virus à couronne qui y changera grand-chose.

On verra donc d’ici quelques jours si cette réouverture pilote sera concluante, mais on a bien peur, au vu des scènes observées quelques heures à peine après la cérémonie d’ouverture, que ce ballon  d’essai n’éclate avec les conséquences sanitaires dramatiques qu’on peut imaginer.

Le plus grave, c’est l’effet d’entraînement que cette décision pourrait avoir. Car si les marchés peuvent rouvrir, il n’y a aucune raison  que les maquis, les restaurants n’en fassent pas autant. Il n’y a aucune raison que les cars de transport de passagers ne reprennent pas la route. Quid des lieux de culte catholiques, protestants et musulmans alors que les disciples de Mahomet sont en train d’entrer dans la période sainte du Ramadan ?

Il faut donc espérer pour les populations que les décideurs ont mesuré toute la portée et les implications de leurs actes  et qu’en rouvrant Rood-Woko,  on n’a pas ouvert la boîte de Pandore, libérant ainsi tous les malheurs liés au Covid-19.

 

Hugues Richard Sama

 

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut