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Coronavirus : Des spectacles 2.0 pour nos longues nuits sous couvre-feu

Avec la pandémie du Covid-19, les artistes se sont réinventés des espaces de spectacles pour égayer les longues nuits de leurs fans,  sous couvre-feu au Burkina et confinés chez eux un peu  partout dans le monde. Le samedi 18 avril 2020, l’artiste comédien et conteur KPG livrait son 27e conte sur Facebook en live. Le lendemain dimanche 19 avril, c’est l’artiste musicien, Bil Aka Kora  qui donnait son troisième  mini concert  live, toujours par le même canal devant deux mille spectateurs.

 

 

Avec la pandémie du Covid-19, les temps ont changé. Les espaces de spectacles aussi.  Les regroupements étant interdits, le pays sous couvre-feu, les artistes burkinabè se tournent vers les réseaux sociaux. Seulement c’est à titre gracieux. Parfois ils mettent la main à la poche pour le bonheur de leurs fans. «Pour sponsoriser ma page Facebook, j’ai déboursé quelque chose comme 45 000 francs pour le faire», nous confie le conteur professionnel Kientega Pingdéwindé Gérard dit KPG.

Au quartier Kouritenga, situé dans la partie sud-ouest de la capitale, depuis sa somptueuse villa, et dès 18 heures, KPG fait des va-et-vient, récite à voix basse,  fredonne, grince sa kora, teste ses installations électroniques et réajuste la lumière. Parfois, assis sur une chaise revêtue de sac, il lève la tête, prend un air évasif puis se remémore une formule incantatrice ou un couplet avant de replonger dans les mêmes faits et gestes. KPG s’apprête à livrer son 27e conte sur Facebook.

Et comme à son habitude, il a encore précédé son spectacle  d’une séance de lavage de mains, de rappel des gestes barrière et de la nécessité du port de masque et n’a pas oublié de voler dans les plumes de ses parents à plaisanterie, les Yarcés, les Peulhs…

A 19 heures 30 minutes, l’orfèvre du conte s’installe dans l’atelier de la forge matérialisé par trois hauts fourneaux en carton, drapé d’une tunique en cotonnade et chaussé d’une paire en cuir du terroir, bonnet bien vissé. De la main gauche,  il se saisit de sa Kora. «Bienvenus dans l’atelier de la forge, dans l’inamovible enclume dont l’activité principale est de canaliser le plus possible la faculté de blesser du fer et d’accentuer son pouvoir à aider l’homme à cultiver sa vie. Bienvenus dans l’atelier des maîtres du feu et du souffle. Gratitude à vous qui nous suivez depuis votre salon, depuis votre cuisine…», a-t-il entamé son spectacle sur fond de notes de kora (lire encadré). Avec les gestes et les intonations qui vont avec, dont lui seul a le secret, il livre son histoire qui porte sur un vieillard sentant sa mort venir…

A la manette pour la retransmission en direct sur facebook, son épouse. Au préalable, ce sont deux filles qui avaient annoncé le conteur. «Ne zabré m sabissi ! Runda na yi sonsgue siid siid menga», a introduit Naïm sa fille aînée.  

Depuis le 24 mars, trois jours après l’instauration du couvre-feu au Burkina Faso, KPG égaye un tant soit peu ceux qui le suivent sur facebook durant une  bonne dizaine de minutes. A cette soirée, l’affluence était moindre par  rapport aux autres soirées de conte : seulement 400 vues. Toutes les autres fois c’est au moins mille spectateurs de par le monde qui se connectent pour le live facebook de KPG et au moins cinq mille vues après les spectacles.

Couvre-feu, confinement, fermeture des espaces culturels… ce sont autant de raisons qui ont poussé les artistes à se réinventer et à se  ruer  vers les réseaux sociaux.   «L’intérêt pour moi c’est de pouvoir déjà être en contact avec les spectateurs que j’ai rencontrés un peu partout dans le monde, d’aiguiser mon art et de revisiter mes anciens contes. C’est aussi de rester permanant sur scène», explique KPG.

 

«C’est pour qu’on ne cède pas à la psychose»

 

Le lendemain dans un somptueux studio de Shamar Empire planqué dans le quartier huppé de Ouaga 2000, c’est Bil Aka Kora dès 16 heures qui offre son troisième  mini  live concert sur facebook, devant deux mille spectateurs. Véritable show qui en vaut la peine. En compagnie de ses complices habituels de scène, Serge Coulibaly,  célèbre guitariste basiste, et Gildas Zallé au clavier. Ce fut un bonheur musical de trente minutes.  Bil Aka Kora passe en revue quelques tubes de son répertoire au grand bonheur de ses mélomanes.

«Avec le couvre-feu, l’état actuel du moral des Burkinabè, des Européens, on s’est dit que la musique est toujours adaptée quand il y a des situations comme ces temps de Covid-19 et c’est pour apporter notre  contribution pour que les gens ne cèdent pas à la psychose», a-t-il justifié son initiative. Leur seule récompense, le simple plaisir de jouer pour des fans.

Une super fan de Bil Aka Kora, Asseto Ouédraogo, journaliste et présentatrice TV ne rate aucun concert, apprécie. « C’est vraiment génial ! Avec cette initiative de concert facebook live  c’est une façon de dire qu’il est là pour ses fans. C’est une manière de les aider à s’évader par ces moments où on demande aux gens de rester chez eux. C’est super agréable », a-t-elle témoigné.

Il en est de même pour cet artiste musicien qui fait dans le style reggae, Petit Docteur qui, lui aussi, ne rate aucun conte de KPG, qui l’inspire. «Je le suis depuis le début, je pense que cela est d’une grande utilité pour ceux qui sont sous couvre-feu et contraints de rester chez eux», a-t-il soutenu.

Les initiatives pour égayer, distraire  et donner le sourire en ces temps de restriction des mouvements sont légion. En effet, dans le quartier Tanghin, Joey le Soldat, jeune rappeur talentueux se livre à la même tâche chaque lundi et toujours devant des milliers de spectateurs. 

 

Goethe Institut stimule la création avec Faso résilience

 

D’un coup, courant mars, on s’est retrouvé dans une épidémie de coronavirus. Une situation nouvelle pour tout le monde. Les évènements culturels se sont arrêtés et même la vie publique puisque les écoles  et les marchés  sont fermés, par exemple.

Dans cette détresse collective  où les artistes multiplient les initiatives, Goethe Institut a mis sur pied un projet dénommé Faso résilience, en fonction des circonstances, pour permettre aux artistes de créer depuis leur maison. «On veut les stimuler à s’exprimer dans un environnement nouveau : l’espace numérique, l’unique qui nous reste. C’est ça l’objectif de Faso résilience», a détaillé la directrice de Goethe Institut, Carolin Christgau.

Faso résilience, inspirée par les circonstances de la pandémie. C’est donc un projet qui n’était pas prévu dans le calendrier annuel qui vaut deux mille euros, soit 1 300 000 de nos francs. Mais selon la directrice, ce budget est encore extensible en fonction des besoins.

A la date du 19 avril  où les inscriptions ont pris fin, on note 68 souscriptions venant de tous les domaines, essentiellement des arts plastiques, du cinéma, de la musique, du conte, de l’animation… Un jury s’est déjà mis en branle pour statuer et voir quel projet est réalisable  et avec quel moyen.

 

Lévi Constantin Konfé

 

Le vieillard mourant et ses  trois enfants

 

Un vieillard qui sentait qu’il allait mourir,  a rassemblé ses trois enfants et leur a dit : je vais mourir et vous savez que  je suis très pauvre. Après mes funérailles, allez en brousse. Vous rencontrerez un lion. Je lui ai confié certaines paroles que vous devrez écouter avec passion. N’oubliez pas d’interroger aussi le serpent, le caïman, l’hyène.

Après les funérailles, ils prirent le chemin de la brousse. Chemin faisant, ils arrivèrent à une tanière où était couché un lion. Il leur dit :

Venez les enfants ! Approchez, je vous attendais depuis longtemps!   Je suis le plus fort de tous les animaux. Mais si je tuais les animaux pour le simple plaisir d’exercer ma force, je ne parviendrais plus à me nourrir tant les gibiers seraient rares. Votre père m’a chargé de vous dire ceci : «quand bien même auriez-vous la force d’un lion, n’abusez jamais de votre puissance».

Ils le remercièrent et poursuivirent  leur route. Au détour d’un chemin, ils croisèrent un serpent. Il leur dit : je vous attendais : «chaque fois que l’homme me voit, il veut me tuer. Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Cette mauvaise réputation n’est pas mon fait. Seule la méchanceté de mes parents peut justifier la haine que j’inspire aujourd’hui. Votre père m’a chargé de vous dire ceci : «ne commettez jamais de mauvaises actions qu’on imputera plus tard à vos enfants».

Ils le remercièrent et poursuivirent leur chemin puis arrivèrent devant une grotte où était couchée une vieille hyène édentée.  Elle s’écria : venez, venez mes enfants, je vous attendais. Je suis trop vieille mais je vis très bien grâce à la générosité de mes enfants qui m’aident à survivre. Autrefois, quand j’étais jeune, quand je parvenais à tuer un animal, la meilleure partie était réservée à mes enfants. Votre père m’a dit de vous dire d’aimer vos enfants, car ils seront la providence de vos vieux jours.  

Les enfants continuèrent leur chemin et arrivèrent devant un lac où était couché un caïman. Il leur dit : avancez car je vous attendais. «Vous me voyez parfois couché sur la berge. Vous pensez à juste titre que j’ai une vie paisible. Lorsque j’ai faim, je me glisse doucement vers le fond du marigot et je reste immobile comme un chasseur à l’affût. Avant que les poissons ne m’aperçoivent j’ai déjà happé le plus gros silure». Votre père m’a dit de vous dire ceci : «la patience vient à bout des pires difficultés et il ne sert à rien de hâter le cours normal des évènements».

L’histoire raconte que les enfants ont su mettre en évidence la morale de l’histoire et ils vivent heureux.     

 

La morale de l’histoire racontée

 

L’homme pauvre n’est pas celui qui a les mains vides mais celui dont l’âme est vide de toute conscience. Le pauvre, pour moi, c’est celui qui n’a rien dans la tête.

 

 

LCK

 

 

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