Menu

Coronavirus : Le calvaire des transporteurs de Nouna

 

Les cars de transport ne bougent plus. Cependant, les gares routières de Nouna ne désemplissent pas. Chauffeurs, apprentis et autres travailleurs de ces lieux s’y rendent chaque jour comme pour se partager les dures angoisses occasionnées par l’arrêt de leurs activités.

 

 

 

 

La lutte contre la pandémie de Covid-19 a entraîné la mise en œuvre d’une multitude de mesures au Burkina comme presque partout dans le monde. Parmi ces mesures, figure l’arrêt des transports ordonné par le ministère des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière depuis le 23 mars 2020. Si le respect de cette disposition ne souffre d’aucune opposition dans la Kossi, ses conséquences, elles, ne laissent pas indifférent. Les acteurs du monde du transport de la province sont au bout de leur souffle et n’ont qu’un seul souhait : la fin de la mesure. Nous avons fait un tour dans les différentes gares de Nouna ce 15 avril. Entre impatience, inquiétude et prières, les travailleurs du monde du transport exposent leurs peines économiques à qui veut l’entendre et se débrouillent chacun à sa façon pour assurer la survie.

 

A la grande gare de Nouna, les usagers sont présents malgré l’arrêt des activités. «Chaque jour, nous venons nous asseoir ici pour causer et perdre le temps. C’est une manière pour nous d’alléger l’épreuve que nous traversons, car depuis l’entrée en vigueur de la mesure, c’est la désolation chez nous. Le problème est que beaucoup d’entre nous vivent au jour le jour et avec cette situation, nous n’arrivons même plus à assurer le repas quotidien en famille. J’en connais qui ont garanti leur moto et autres biens pour se procurer quelques grains de céréales afin d’épargner leur famille de la faim», explique Abou Touré, responsable syndical des transporteurs de Nouna. Alira Soumaïla, chauffeur d’un minicar, lui, ne sait plus à quel saint se vouer. «Pour manger, je suis obligé de tendre la main à mes collaborateurs qui sont eux aussi dos au mur. J’ai entendu que les autorités ont engagé des actions pour soutenir les victimes de la situation et j’espère en bénéficier. Mais, le plus important, c’est que notre pays arrive à vaincre cette pandémie pour que je puisse reprendre mes activités», dit-il. Nous avons voulu arracher quelques mots au parqueur : «Vous savez bien que nous sommes dans la misère et puis vous voulez qu’on parle. Regardez vous-même le vide au niveau du parking et tirez-en vos conclusions», nous a-t-il lancé. Une dizaine de motos couvertes de poussière, c’est ce qu’il garde depuis plus de deux semaines.

 

A la gare de la compagnie «Farafina tour», des employés passent leurs journées à regarder la télévision installée dans les locaux. Là, Diallo Ismaël, apprenti chauffeur, nous relate sa stratégie pour continuer à assurer sa pitance quotidienne : «Chaque jour, je viens m’asseoir à la gare et je tends l’oreille. Dès que j’entends qu’il y a du matériel à charger ou à décharger quelque part, je m’y rends et je demande à prendre part au travail. Ainsi, je ne manque pas de quoi me nourrir. Ce n’est pas comme avant mais j’arrive à me débrouiller». Le vieux Sidibé Boureima, est chargé de la gestion des toilettes de la gare. Comme il n’y a plus de voyageur, donc plus d’usager des toilettes, son domaine n’est plus productif. Mais la survie du vieil homme n’est pas menacée bien qu’il n’encaisse plus d’argent. Son secret : «J’ai fait un champ pendant l’hivernage. Il me reste encore quelques sacs de mil grâce auxquels ma famille sera à l’abri de la faim d’ici la fin de la maladie».

 

Au niveau de la gare de la société «Staff», seul le responsable des lieux est présent. Jean Florent Savadogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, assure la permanence ainsi que l’entretien des véhicules stationnés. Pour lui, l’arrêt du fonctionnement des cars est un coup dur non seulement pour les transporteurs, mais aussi pour les commerçants qui font leur business autour de la gare. Aussi  propose-t-il : «Les voyages en commun sont un facteur favorable à la propagation de la maladie. Mais, il est possible de faire fonctionner les cars en mettant l’accent sur les mesures d’hygiène. On peut aussi diminuer le nombre des passagers pour respecter la distanciation d’un mètre entre eux. Cela est faisable si les autorités baissent conséquemment le prix du carburant. Mon souhait reste néanmoins la victoire du monde sur le Covid-19. Alors, j’invite tous les citoyens au strict respect des dispositions en vigueur car on ne doit pas s’amuser avec la santé».

 

 

Issa Mada Dama

Dernière modification ledimanche, 26 avril 2020 15:44

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut