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Les Humeurs de Barry : Décès députée Rose Marie Compaoré : S’achemine-t-on vers un Covidgate ?

 

On l’avait présentée comme étant la première victime du Covid-19 au Burkina. Toute l’opinion s’en était même émue, au regard du statut de la dame et de ses qualités puisqu’on disait beaucoup de bien d’elle. 2e vice-présidente de  l’Assemblée nationale, cofondatrice et membre du bureau exécutif de l’UPC, tout le monde s’accordait à dire que c’était une battante, surtout qu’être dans l’opposition n’est pas une sinécure sous nos tropiques.

 

 

Mais depuis le décès, dans la nuit du 17 au 18 mars, de la députée Rose Marie Compaoré/Konditamdé, des informations émanant de la presse et de certains milieux ont battu en brèche les thèses officielles. Jusque-là, la famille faisait preuve d’une certaine dignité dans la douleur, mais elle a fini par dire publiquement ce qu’elle pensait, à la faveur d’un reportage de la chaîne de télé BF1, où elle nie tout en bloc.

 

1- La patiente serait morte du coronavirus. Un grand doute subsisterait parce que la famille n’a pas eu accès aux résultats du test qui accréditent cette thèse.

 

2- Elle serait arrivée dans le coma à Tengandgo. Elle était bien consciente, rétorque la famille. La preuve, le regrettée élue avait même envoyé lui acheter des effets pour son séjour médical.

 

3- La dépouille aurait été prise en charge par le CORUS. Amado Compaoré, l’époux inconsolable, s’inscrit en faux contre cela : aucun membre de la structure n’était présent à l’enterrement.

 

4- Le domicile de la défunte aurait été désinfecté. Sur ce point, le chef de famille précisera que, contrairement à ce que prétendent les autorités sanitaires, cette opération n’a jamais eu lieu, « à moins que ce ne fût par hélicoptère ».

 

5- La prétendue rencontre entre les parents de la victime et le ministère de la Santé n’a jamais eu lieu, contrairement à ce qu’a annoncé urbi et orbi le Pr Claudine Lougué à l’Assemblée nationale lors d’une session où la  gestion de la maladie était à l’ordre du jour. Aujourd’hui, la ministre de la Santé est passée à confesse dans le dernier Courrier Confidentiel, affirmant que ce sont ses services qui l’ont fait mentir dans la mesure où le rendez-vous pris n’a finalement pu être respecté mais qu’elle ne le savait pas.

 

Finalement, on ne sait plus quoi croire ! Mais le plus grave dans la confession intime du désormais veuf est qu’ils auraient engagé un véritable parcours du combattant pour obtenir les documents médicaux qui attestent que la défunte était effectivement atteinte du coronavirus. En vain ! On leur aurait même dit d’ester en justice s’ils le souhaitaient.

 

Selon M. Compaoré, il aurait encore pu accepter que le décès de son épouse fût consécutif à un « accident » ou à une « erreur médicale », mais il  ne saurait accepter le mot « Covid-19 ».

 

Si tout ce que le mari amer assène est vrai, ça fait trop ! Quels ont donc pu être les enchaînements malheureux et les éventuelles erreurs qui ont pu entraîner le décès de la dame à même de justifier les petits arrangements avec la réalité, voire de gros mensonges, qui sont servis depuis ? On ne le sait trop, mais il y a comme quelque chose de pas net dans cette affaire. Le plus grave est que jusqu’à preuve du contraire, aucune tête n’est tombée, alors qu’on se serait attendu à ce que certains responsables tirent eux-mêmes les conséquences de leurs propres actes. Car l’affaire, où l’émotion a pris le dessus pour des raisons normales, est peut-être plus politique que purement médicale et hospitalière.

 

En attendant, cette sortie médiatique ajoute au trouble que les Burkinabè ont devant la gestion de cette pandémie par nos autorités. Si tout le monde reconnaît l’investissement à ses risques et périls du personnel soignant en première ligne depuis le début de cette guerre d’un genre particulier, force est de reconnaître qu’il y a de grandes failles, pour ne pas dire des fautes professionnelles, souvent lourdes de conséquences.  Allez savoir d’ailleurs, au-delà de Rose Marie, combien d’autres anonymes ont aussi pu être victimes de ce méli-mélo dramatique. Et le fait que le nouveau coronavirus n’était pas connu par le corps médical  d’ici et d’ailleurs n’excuse pas ces écarts coupables qu’on enregistre dans la lutte contre la maladie.

 

Une chose est sûre : d’accusations en accusations et de manquements en manquements, tous les ingrédients d’un Covigate seront bientôt réunis.

 

 

Issa K. Barry

Dernière modification lemercredi, 29 avril 2020 20:31

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