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Reprise administrative dans l’enseignement : Optimisme mesuré en attendant le début des cours

Après pratiquement 2 mois de fermeture des établissements scolaires, le gouvernement a décidé de la reprise des activités académiques à partir du 11 mai prochain. Dans cette logique, hier lundi marquait la rentrée administrative devant précéder celle des élèves en classe d’examen. Dans les établissements scolaires et secondaires de la capitale, l’on s’affaire à rouvrir les classes, avec beaucoup d’optimisme, mais aussi un peu d’appréhensions sur le respect des mesures édictées par le ministère de l’Education nationale pour faire échec au coronavirus.

 

Hier 4 mai 2020, c’était la rentrée administrative sur toute l’étendue du territoire. Une  seconde rentrée qui intervient  au cours de la même année après que les  classes ont été fermées en fin mars dernier  pour cause de coronavirus. Plus d’un mois après ces congés forcés, le gouvernement a décidé de la reprise des activités scolaires et académiques en trois temps : d’abord la rentrée administrative, ensuite la rentrée des élèves en classe  d’examen, enfin celles des classes intermédiaires. En ce premier jour où enseignants et administration se retrouvent pour élaborer les directives à suivre, le personnel n’a pas dérogé à la règle aussi bien au primaire qu’au secondaire.

Au collège Saint Jean-Baptiste de la Salle, peu avant 11 heures, le frère-directeur, Hermann Kaboré, et ses collaborateurs sont en réunion depuis plus de 3 heures. Ils sont à pied d’œuvre pour préparer la reprise des cours. A l’ordre du jour : le bilan de la  rencontre qui a eu lieu avec les chefs d’établissements d’enseignement de l’arrondissement 1 de Ouagadougou, la mise à  contribution des   associations des parents d’élèves, de l’équipe éducative ainsi que du corps professoral dans les reprise des cours. Le 11 mai, ce sont 2 classes de 3e et 3 de Tle qui rouvriront les portes. «Nous avons à notre niveau élaboré un document pour  mettre en application le plan de riposte édicté par le ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales, en vue d’une continuité éducative. Ce faisant, nous serons prêts au plus tard le jeudi», a assuré le frère Hermann Kaboré. Pour lui, tout devrait bien se passer pour cette nouvelle rentrée, car même avec l’arrêt des cours, les élèves des classes d’examen suivaient des cours  via whatsApp.

 

Dans l’attente de voir les choses en face

Mais là où résident des inquiétudes, c’est au niveau de la réadaptation de l’emploi du temps avec le respect des mesures d’hygiène. «Il nous faudra laisser tomber certaines habitudes telles que les intermèdes de quelques minutes au profit des élèves après une heure de cours,. En plus, il nous sera difficile de prendre en charge financièrement les professeurs au cas où l’on viendrait à limiter drastiquement le nombre d’élèves par classe, en tenant compte de la distanciation », nous a confié M. Kaboré. Cette inquiétude, il la trouve justifiée d’autant plus « le budget de l’année a été arrêté depuis bien longtemps, mais surtout du fait que l’Etat ne nous aide aucunement» regrette-t-il.

Non loin de là, un autre établissement, cette fois-ci  public : il s’agit du lycée Marien N’Gouabi. Son proviseur, Claudia Ouédraogo, était aussi en concertation avec son « cabinet » ; le temps de revisiter les préliminaires pour une reprise des cours. L’essentiel du travail avec le conseil a porté sur le plan de riposte au Codid-19 du ministère de tutelle. «C’est ensemble avec les parent d’élèves, le comité de gestion de l’établissement et avec ce que le terrain nous dictera  qu’on sera situé pour nous organiser et parfaire  les choses», a dit Mme Ouédraogo.  Pendant ce temps, les femmes de ménages et les manœuvres s’affairaient à nettoyer les salles. Le proviseur nous a confié qu’après les coups de balai, il  est prévu la désinfection générale de toutes les classes   pour donner non seulement une assurance psychologique aux élèves, mais également faire un premier tir de barrage   anticoronavirus au sein du lycée. Si la distanciation sera là aussi une préoccupation, le Marien N’Gouabi peut se targuer d’avoir des effectifs réduits dans les classes d’examen (50 dans les 3es et 60 en Tle.

 

La distanciation, un casse-tête chinois

 

Non loin de l’administration, Walilaye Kandaogo, élève en classe de 3e dans cet établissement, a déjà la tête plongée dans ses cahiers.  Assis sur sa moto, il révise ses cours de sciences de la vie et de la terre. «Depuis la fermeture des écoles, je quitte Nonssin tous les jours pour venir apprendre mes leçons au Marien», a-t-il souligné. De plus, il a affirmé suivre régulièrement les cours diffusés sur la télévision Burkina Info. Et Si le jeune homme ne dissimule pas sa joie quant à la reprise des cours, il ne se prive pas de soulever des inquiétudes quant à la dynamique dans laquelle les matières seront dispensées. Cela eu égard au temps imparti avant les examens et surtout en raison des retards accusés avant la survenue du coronavirus. Néanmoins Walilaye formule le vœu que les choses se passent bien.

Si les élèves du secondaire peuvent nourrir des motifs de satisfaction de reprendre le chemin de l’école, on peut supposer que leurs jeunes frères du primaire seront heureux de retrouver leur camarades. Ainsi à l’école primaire Paspanga C les enseignants étaient en pleine  discussion à notre arrivée, sous les arbres. La chaleur étant insupportable dans les classes (voir encadré). L’ambiance est bonne et les mines sont gaies. Apolline Dondassé, la directrice de cette école, n’attend que le jeudi prochain pour lancer les débats sur le bilan du 2e trimestre avant d’envisager le dernier virage de l’année. Mais déjà, elle estime que quels que soient les efforts qui seront fournis, il serait  difficile  de respecter les mesures de distanciation surtout que chaque enseignant a l’habitude de suivre de très près ce que son élève écrit et que les gamins, il sera très compliqué de leur faire entendre raison. Elle est encore plus sceptique quant au port des masques de protection. «Pour des enfants qui ne sont pas habitués à porter des bavettes, il ne faudrait pas s’étonner qu’ils utilisent cela comme des jouets » dit-elle. Tout compte fait, madame Dondassé et ses collègues ont pris le pari de sensibiliser les 281 élèves de Paspanga C pour que le Coronavirus ne passe pas par eux.

 

Kader Traoré

&

Roukiétou Soma

(Stagiaire)

 

Légende : PH : Assane O.

 

1-    En ce jour de rentrée administrative, enseignants et  responsables du Collège Saint Jean-Baptiste de la Salle préparent la reprise des cours

 

2-    Claudia Ouédraogo, proviseur du lycée Marien N’Gouabi

 

3-    Elève en classe de 3e au Marien, Walilaye Kandaogo se réjouit de la reprise des cours

 

4-    Nettoyage des salles au lycée Marien N’Gouabi avant la désinfection

5- C’est à l’air libre que les enseignantes de l’école primaire Paspanga C échangent avant le rentrée pédagogique

6-  (Photo encadré)

 

 

Encadré

La galère de l’école Paspanga C

 

L’occasion s’y prêtant, la directrice de l’EPP Paspanga C, Apolline Dondassé, n’a pas manqué d’égrener un chapelet de difficultés que l’école vit. «Comment pouvez-vous comprendre que nous n’ayons pas d’électricité ? Le comble, le bâtiment situé à l’est de la cour n’a pas de plafond. Disons qu’il est tombé sur les élèves, car totalement désuet. Et si malgré ça les enfants doivent encore porter des cache-nez, ce sera infernal. Imaginez la chaleur qu’il y a. Pire, lorsqu’on parle dans une classe, la voix résonne dans celle voisine.  Depuis près de 6 ans, on a posé le problème à la mairie de l’arrondissement 2, mais sans suite. Les cotisations des parents d’élèves suffisent à peine à payer l’eau courante et le salaire du gardien », nous a conté la directrice de l’établissement. Elle a été appuyée par ses collègues enseignants qui ont souligné que des trous existant dans certaines classes à cause de leur vétusté  abritaient des serpents. C’est quand même impensable qu’en plein Ouagadougou, il y ait des établissements dans un tel état de dégradation.

Même les chaises métalliques sur lesquelles  le corps enseignant s’assoit  ne sont pas de qualité et déchirent souvent les habits. Une des maîtresses d’école, assez corpulente, aimerait disposer d’une chaise directoriale. Elle nous a souligné que l’école réalise de bons résultats. Elle entrevoit déjà les difficultés qui seront les leurs pour ce qui est du respect des mesures préconisées par le gouvernement dans la lutte contre le coronavirus. Et dire que la maman du président du Faso, Roch Kaboré, a fréquenté à Paspanga C.

 

K.T.

Dernière modification lemardi, 05 mai 2020 22:58

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