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Armée et Covid-19 : Rencontre avec ceux qui traitent les corps

 

Les Forces armées nationales (FAN), à travers leur Direction de la communication et des relations publiques des armées (DCRPA), ont initié une visite de presse dans des entités militaires œuvrant à la lutte contre le coronavirus au Burkina Faso le 7 mai 2020. De l’hôpital Yalgado Ouédraogo, où a été implantée une tente de tri, au camp général Sangoulé Lamizana, abritant le laboratoire de fabrication de solution hydro-alcoolique et de processus de certification des cache-nez en passant par le Bureau de garnison qui est chargé de la gestion des dépouilles mortuaires des victimes du Covid-19, les journalistes ont pu toucher du doigt les différentes formes de contribution  des FAN à la guerre contre cette pandémie.

 

 

Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, si des aspects comme les patrouilles effectuées par les Forces armées nationales ainsi que la production de solution hydro-alcoolique et de masques sont connus du public, ce n’est pas forcément le cas de la gestion des dépouilles mortuaires. «Dès les premières victimes décédées du Covid-19, les pompes funèbres se sont retirées de la gestion des corps. Etant donné que c’est une nouvelle maladie, personne ne savait comment s’y prendre. Mais il y a un service des Forces armées nationales qui s’occupe de cette question et que nous allons visiter», a indiqué en substance le responsable de la Direction de la communication et des relations publiques des armées (DCRPA) dans le briefing qu’il a fait aux journalistes avant de les embarquer. Ce service, c’est le Bureau de garnison, situé à quelques encablures du camp Guillaume Ouédraogo et du mess des officiers. En ce lieu, la soixantaine d’hommes qui l’anime est sous les ordres du colonel-major Sibiri Coulibaly. Il est l’officier de garnison, et a d’emblée présenté sa structure, qui a pour missions, entre autres, de faire observer la discipline par les militaires en ville, le règlement à l’amiable de certains litiges impliquant des militaires et les inhumations des hommes qui rencontrent la Faucheuse sur le théâtre des opérations. Mais depuis l’apparition du Covid-19 au Burkina, sa section pompe funèbre a été engagée à Tengandogo, l’hôpital réquisitionné pour la prise en charge des personnes atteintes. «Notre bureau a été sollicité pour son expertise dans le conditionnement et la mise en bière des personnes décédées. Dès qu’il y a un constat de décès dans un centre hospitalier, une clinique ou à Tengandogo, l’information est d’abord donnée au comité de gestion, ensuite aux équipes d’intervention rapide qui partent sur les lieux pour faire des prélèvements puisqu’il y a souvent des suspicions ; enfin, l’information est donnée aux équipes de prévention, contrôle et désinfection qui déploient à leur tour les militaires sur le terrain», a expliqué le colonel-major Coulibaly. Et de poursuivre que c’est à l’issue de la désinfection de l’enseigne abritant le ou la défunt (e) que ses hommes y ont accès. Munis de leurs vêtements de protection, ces derniers procèdent au traitement et au conditionnement de la dépouille. Ils la mettent par la suite dans le sac mortuaire, puis dans le cercueil. «Je précise que ce sont les familles qui amènent le cercueil et le corbillard  et enterrent la personne disparue dans le cimetière de leur choix», a souligné celui qui dit avoir noté quelques difficultés à ce niveau. Les hommes, passé cette étape, entament la dernière opération, qui consiste à se déshabiller selon «une mesure de sécurité absolue» et sous la protection d’équipes qui les arrosent de désinfectant jusqu’à ce qu’ils se débarrassent des vêtements ; lesquels sont à usage unique.

 

 

 

Certains de vos éléments ont-ils été contaminés ?

 

 

 

«La maladie étant hautement contagieuse, est-ce qu’il y a certains de vos éléments qui ont été contaminés au cours de leurs opérations ?» a voulu savoir un confrère après la description de l’opération. Et l’officier de garnison d’indiquer que jusqu’à présent, il n’a pas été informé d’une personne qui a été contaminée d’une manière ou d’une autre. Le colonel-major Coulibaly a également signifié qu’une cinquantaine de décès ont déjà été traités depuis le début de pandémie. «Je salue au passage l’engagement des populations qui, dès qu’il y a un doute sur la cause du décès de leurs proches, nous font appel et nous venons avec l’équipement nécessaire pour faire le traitement» : a-t-il affirmé avant d’être confronté à une autre préoccupation : «Mon colonel, juste une précision, vous dites qu’il y a eu une cinquantaine de cas qui ont déjà été traités par vos hommes alors qu’officiellement  les statistiques évoquent 48 décès à ce jour. Comment cela s’explique ?». La réponse du major Coulibaly se veut sans ambiguïté, a-t-il souligné : «Nous, nous avons traité même les cas suspicieux. Voilà pourquoi j’ai salué l’engagement des populations et les mesures qu’elles ont prises aussitôt. Elles pouvaient fermer les yeux et traiter les dépouilles comme elles veulent. Mais dès qu’elles ont un doute, elles s’en abstiennent et font appel aux spécialistes que nous sommes pour le traitement. Voilà pourquoi il y a une petite différence avec le chiffre officiel».           

 

 

 

Aboubacar Dermé                      

 

 

 

Encadré :

 

Environ 2500 patients ont circulé sous la tente de Yalgado

 

 

 

L’hôpital Yalgado-Ouédraogo, qui continue de recevoir son monde habituel avec les mouvements incessants des malades, des accompagnateurs et des visiteurs, entre autres, abrite depuis un mois une zone d’accueil et de tri des patients suspects de Covid-19, créée par les FAN. L’équipe pluridisciplinaire composée de médecins, de réanimateurs, d’hygiénistes pour ne citer que ces spécialistes a vu passer environ 2500 patients. Plus de 100 suspects ont été dénombrés avec une dizaine de cas confirmés.

 

 

  A.D.

Dernière modification ledimanche, 10 mai 2020 21:59

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