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Mort président tribunal Kinshasa : L’affaire dans l’affaire Kamerhe

 

C’est une véritable affaire dans l’affaire. Alors que le procès de Vital Kamerhe avait repris le lundi 25 mai 2020, le président du tribunal de grande instance de Kinshasa chargé du dossier est décédé dans la soirée de mardi.

 

Une mort subite que bon nombre de Kinois auraient de surcroît qualifiée de « mystérieuse », ajoutant une dose supplémentaire de suspicion à cette disparition soudaine. Il est vrai que, cinq heures avant son décès, Raphaël Yanyi était bien vivant, comme l’aurait dit M. de Lapalisse. Alors, qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que ce juge-là passe ainsi de vie à trépas, alimentant toutes les conjectures où la mort, surtout quand elle arrive brusquement, n’est presque jamais naturelle. Peut-être aura-t-il été victime d’un malaise cardiaque comme semblent l’indiquer certaines sources.

 

En réalité, il n’aurait été en charge du jugement de l’affaire dite du programme des 100 jours que son décès aurait relevé tout au plus d’un banal fait divers. Seulement voilà, il était en première ligne dans ce dossier où  le directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi et deux autres sont poursuivis pour détournement de deniers publics, blanchiment et enrichissement illicite. Les faits portent sur une partie des fonds, soit 50 millions de dollars destinés à ce programme présidentiel d’urgence, qui aurait été en effet dissipée par Vital Kamerhe et ses présumés complices aujourd’hui dans le box des accusés.

 

 Des malversations qui auraient entraîné des retards dans l’exécution des travaux, certains n’ayant même pas démarré au moment où le scandale éclatait. Cette histoire a d’ailleurs mis à mal l’unité de la coalition Cach (Cap pour le changement) dont Vital Kamerhe avait été, aux côtés du président Felix Tshisekedi, l’une des figures de proue. On comprend donc que dans ce contexte, la disparition prématurée du juge suscite moult interrogations qui pourriront davantage un climat socio- politique déjà quelque peu délétère.

 

Mais à qui peut profiter un tel « crime » ? Si crime il y a, comme semblent l’entendre les citoyens qui manifestaient hier devant le domicile du juge Yanyi. En tout cas, pas aux prévenus puisque la mort du magistrat n’éteint pas l’action publique. Donc, tout au plus la procédure subira-t-elle un coup d’arrêt momentané, le temps de procéder au remplacement du cujus et de relire par la suite l’ensemble des procès-verbaux des deux audiences qui ont déjà eu lieu.

 

On aura par conséquent  besoin  d’un certain temps pour redémarrer la machine judiciaire, et il faudra bien plus que la mort d’un seul magistrat pour qu’elle s’enraye totalement.

 

 

 

H. Marie Ouédraogo

 

Dernière modification lejeudi, 28 mai 2020 20:14

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