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Emission Tapis d’honneur de la Radio nationale : « On me prête beaucoup de choses » (Edouard Ouédraogo, DP de L’Observateur Paalga)

 

La Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB)  a déroulé le « Tapis d’honneur », au Directeur de publication de L’Observateur Paalga, Edouard Ouédraogo, dans son émission éponyme. L’enregistrement a eu lieu le 30 mai 2020 en direct de  sa résidence de Zagtouli, devant un public de choix. Deux heures d’entretien au cours duquel Nakibeogo a évoqué moult sujets historiques et actuels et démenti  beaucoup de rumeurs qui courent à son sujet.

 

 

 

 

Ce Tapis d’honneur avec Edouard Ouédraogo, c’était comme entrer dans une bibliothèque et s’installer  au rayon histoire. A bientôt 79  ans, le directeur de publication de L’Observateur Paalga n’a pas failli à sa réputation de mémoire vivante  et témoin  privilégié des soubresauts  sociopolitiques qui ont jalonné l’existence de la  Haute-Volta, depuis Burkina Faso. Avec lui, les auditeurs de Radio Burkina et  le public présent à l’enregistrement,  parmi lesquels  parents, amis, employés, anciens collaborateurs  et notabilités de Zagtouli,  ont remonté le fil du temps.

 

 

 Si l’invité s’était excusé  auprès des animateurs, Jean-Baptiste Bouda et Louis Gansonré, de possibles trous de mémoire  avec l’âge, il n’en a rien été. C’est avec une précision d’horloge   que Le vieux, comme on l’appelle souvent, a  raconté les petites histoires et les grandes, parfois avec un brin humour, toujours avec franchise, et distillé à l’auditoire des anecdotes qui valent le détour, comme celle de ses deux dates de naissance. Né le 12 octobre 1941 comme le mentionne bien son livret de baptême, on a dû grignoter deux ans dans son âge pour le scolariser, puisque le jeune Edouard avait dépassé à l’époque l’âge légal pour débuter sur les bancs. La vie de l’ancien de l’Ecole normale, aujourd’hui lycée Bogodogo, reste étroitement liée  à celle de l’entreprise de presse qu’il allait créer le 28 mai 1973, L’Observateur, le premier journal privé d’Afrique de l’Ouest francophone. Une aventure dans laquelle il s’est lancé après  trois années à tenir la craie. Le canard, explique-t-il, est né de l’envie de ses géniteurs  de créer une tribune où tout le monde pouvait librement s’exprimer quelle que soit son opinion. Devenu un exutoire, L’Observateur servait  d’outil de communication même à ceux qui allaient porter le 4 août  1983 la Révolution.  Et le DP de rappeler que  Thomas Sankara, leur leader, a été un dépositaire, « un bon dépositaire », ajoute-t-il, du journal dans la ville-garnison de Pô. Puis viendra le désamour avec les nouveaux maîtres du pays, décidés à contrôler l’information et à museler toute voix dissonante. « Les révolutionnaires estimaient que L’Observateur avaient fini de jouer son rôle historique. Ils voulaient faire taire le journal », explique Edouard Ouédraogo. L’incendie de l’imprimerie le 10 juin 1984 est donc une demi-surprise tant les signes avant-coureurs étaient nombreux comme la manœuvre d’asphyxie économique déjà en marche.

 

 

36 ans plus tard, la lumière n’a toujours pas été faite sur cet autodafé. De l’avis de son fondateur, ce n’est sans doute pas Sankara à titre personnel qui a signé la mise à mort du média : « Il y a des gens qui veulent toujours devancer les désirs du chef ».

 

 

Après sept longues années de traversée du désert, le journal a repris le 15 février 1991 sous une nouvelle appellation :« L’Observateur Paalga ». Depuis lors, L’Obs. s’est imposé dans l’univers médiatique burkinabè et africain à tel point qu’il est considéré aujourd’hui comme une référence.

 

 

Mais après  47 ans d’existence, le doyen  de la presse, comme beaucoup d’autres médias classiques, subit de plein fouet le contrecoup de l’éclosion des réseaux sociaux dont l’une des conséquences directes est la baisse des recettes inhérentes à la vente des journaux. « Le doyen a des arthroses », déclare  avec dérision l’invité de radio Burkina. Décidé à ne pas subir le virage du numérique, L’Obs., qui a déjà été  un pionnier dans le lancement de bien de produits digitaux, vient de lancer son nouveau bébé, lobspaalga.com, un journal en ligne avec une rédaction indépendante.

 

 

 

Ses liens avec Blaise Compaoré et Michel Kafando

 

 

 

Patron de presse, Edouard Ouédraogo est aussi un acteur de la société civile : il est l’un des fondateurs et ancien président du Groupe d’études et de recherches sur la démocratie et le développement économique et social (GERDES Burkina) ; il est également membre du Conseil d’administration du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). Au temps fort du débat sur la modification de l’article 37, Nakibeogo dit avoir œuvré à ce que Blaise Compaoré quitte  le pouvoir la tête haute, en proposant notamment une loi d’amnistie pour les anciens présidents. La suite on la connaît, l’enfant terrible de Ziniaré est chassé par la rue les 30 et 31 octobre 2014 et est aujourd’hui en exil à Abidjan.  Edouard Ouédraogo estime d’ailleurs  que nous « devons travailler à réunir les conditions du retour de Blaise Compaoré qui, en tant qu’ancien chef de l’Etat,  a droit à la déférence due à son statut ».

 

 

Les journalistes n’ont pas  raté l’occasion d’interroger leur invité sur ses liens avec Blaise Compaoré dont il aurait été le conseiller, et Michel Kafando dont il aurait soutenu la candidature à la présidence de la Transition. Il est même dit  que c’est le DP de L’Obs. lui-même qui était pressenti pour conduire cette Transition « On me prête beaucoup de chose », a  répliqué Edouard Ouédraogo à toutes ses rumeurs. Il tient à préciser que  ça n’a jamais été  un problème que d’être le conseiller du chef, tant qu’on n’est  pas un larbin ou un courtisan. Dans le cas du tombeur de Sankara, sa réponse est sans équivoque : « Blaise  Compaoré ne m’a pas donné l’occasion d’accepter ou de refuser d’être son conseil puisqu’il ne me l’a jamais proposé. Je ne sais pas d’où vient cette idée », dit-il en indiquant qu’il y a dans ces « on-dit » de la malveillance. « Il y a des gens qui me poursuivent d’une haine pathologique sans que je sache pourquoi », affirme le patron de L’Observateur Paalga.

 

 

Sur l’élection de Michel Kafando à la tête de la Transition, le doyen assure que l’ancien diplomate avait le profil de l’emploi : non seulement il avait  une expérience de la gestion de l’Etat pour avoir  été ministre, mais s’étant trouvé à l’extérieur plusieurs années, il n’avait de passif avec aucun acteur de la scène politique. La candidature de Michel Kafando, c’est un parterre de haut niveau qui l’a soutenue, souligne Edouard Ouédraogo. Qu’en est-il de sa candidature à lui ? A l’entendre, des « gens qui l’aiment bien   lui ont suggéré de se porter candidat pour conduire le bateau Burkina, mais le vieux affirme qu’il  ne se sentait pas à la hauteur d’une telle mission.

 

 

Si on ne l’accuse pas d’accointances avec tel ou tel président, on avance qu’Edouard Ouédraogo fait partie d’un  groupe d’intellectuels qui œuvrent secrètement à ce que le pouvoir d’Etat soit conservé entre les mains des Mossé du  Centre. Une théorie que défend Soumane Touré, lequel accuse par ailleurs le doyen d’avoir pris fait et cause pour Philippe Ouédraogo dans la lutte qui les opposait pour le contrôle du PAI. « Je ne vais pas répondre à mon ami Soumane Touré parce que tout ce que je pourrais dire, il va le retenir contre moi », a réagi le directeur de publication de L’Observateur pour qui cette histoire de société secrète ethnique est un véritable « serpent de mer ». « Je n’ai jamais vu ce groupe d’intellectuels », indique celui dont le journal est également  accusé d’être « mossicentriste »  et « catholicentriste ». Ce sont de fausses impressions déclare le  DP, pour qui par exemple l’avantage comparatif de l’Eglise catholique par apport à d’autres religions  c’est qu’elle est bien organisée et dispose de services de communication  plus accessibles aux médias.

 

 

L’invité du jour s’est aussi  prononcé sur des questions d’actualité comme la gouvernance du Président Roch Marc Christian Kaboré et la situation des sociétés minières qui ne respecteraient pas leurs cahiers de charges. Sur ce dernier point, le journaliste a appelé l’Etat à faire usage de son autorité pour faire entendre raison  aux entreprises inciviques.

 

 

Pour conclure son intervention, qui a tenu en haleine  le public et au cours de laquelle on n’a pas vu le temps passer, Edouard Ouédraogo, comme souhaité par les animateurs, s’est exprimé en mooré.

 

 

Celui qui avait à l’entame de l’émission rendu un hommage poignant aux FDS et au personnel médical en lutte contre la maladie à coronavirus  a appelé les Burkinabè  à barrer la route à un mal dont le remède ne se trouve dans aucune officine pharmaceutique : le démon de la division.  Il  a invité ses compatriotes à préserver ce qui a toujours fait la force de notre pays, la cohésion et le vivre-ensemble. Une belle conclusion qui a été accueillie par des applaudissements de l’assistance au sein de laquelle d’anciens stagiaires du canard, qui ne sont pas venus les mains vides : un boubou, un bonnet et une canne, tels sont les présents que le DG de Sidwaya et ses camarades ont remis au Vieux, lequel a offert à ses invités des agapes dans une ambiance de retrouvailles et de souvenirs partagés de L’Obs.

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

 

 

 

 

 

 

Encadré 1

 

Un papa attentionné

 

 

 

Ces deux heures d’émission ont été marquées par la diffusion de témoignages préenregistrés de personnalités, d’amis, de proches ou d’anciens collaborateurs de l’illustre invité. Les politiques Zéphirin Diabré et Simon Compaoré se sont montrés ainsi admiratifs du parcours de l’invité qui a su rebondir malgré l’adversité. Son épouse, Aminata Elisabeth Ouédraogo née Bancé, après presque 50 ans de vie commune, est toujours émerveillée  par la combativité de son époux. Un homme combatif qui s’est aussi se montrer un père attentionné  comme lorsqu’il prend l’avion pour aller assister à la naissance de sa première petite-fille à Paris. Bienveillant mais aussi rigoureux avec ses trois enfants à qui, comme en témoigne l’un de ses garçons, Fabien, aujourd’hui architecte, il n’hésitait pas non plus à faire un cours d’histoire comme lui seul en a le secret. Edouard Ouédraogo reste de l’avis de tous un enseignant dans l’âme qui fait toujours de la pédagogie et ne cesse jamais d’apprendre.

 

 

 

H.R.S.

 

 

 

 

 

Encadré 2

 

Satisfaction de tous

 

 

 

 Quelques moments d’angoisses pour l’équipe de production  de « Tapis d’honneur » qui avait investi la datcha du directeur de publication de L’Observateur Paalga : une coupure d’électricité. Sans jus   et sans un groupe relais suffisamment puissant, impossible de faire fonctionner le car de production, qui abrite le mini studio. Ouf de soulagement quand la SONABEL rétablit l’électricité quelques minutes avant le début prévu de l’émission. Pendant que les techniciens s’affairaient à préparer la diffusion de l’émission, les deux animateurs pouvaient se retrouver pour préparer l’agencement du questionnaire, plutôt bien fourni, et échafauder les relances.  Même si plusieurs personnalités et pas des moindres, comme l’ancien Premier ministre Paul Kaba Thiéba, sont passés sur le Tapis d’honneur, les deux jeunes journalistes, comme ils l’ont confié à l’entame de l’enregistrement, avaient des appréhensions, quelque peu impressionnés de cuisiner,  comme on dit dans le jargon, un monument du journalisme. Un challenge que les deux coanimateurs ont relevé avec succès de l’avis de tous. A commencer par l’invité qui estime qu’ils ont été « excellents ». Jean-Baptiste Bouda, l’un des animateurs, s’est  dit satisfait de l’exercice et surtout très  impressionné par la « mémoire d’éléphant » d’Edouard Ouédraogo. Pour lui,  cet ancien enseignant mérite une note de 8,5/10 pour cette prestation.

 

 

 

H.R.S.

 

 

 

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